Chili vert du 13 au 25 mars 2017
Nous revenons au Chili le 13 Mars par la toute petite frontière de Balmaceda, après 100km de piste poussiéreuse et éprouvante.
Sitôt passée la douane, c’est l’heureux choc : une route de qualité, un aéroport ( tout à fait incongru alors que nous sortons d’une zone désertique), et surtout, de la verdure.
Des villages s’épanouissent autour d’une ou plusieurs petites églises.

Très vite, nous rejoignons la carretera australe, partie sud de la Pan’américaine qui remonte jusqu’à Anchorage en Alaska. C’est notre fil conducteur tout au long de ce voyage.

Coihaique se situe dans une région qui nous rappelle tout à fait la Suisse.
Plantes fleuries identiques à chez nous, et framboisiers, pommiers, pruniers, cerisiers entre autres. Nous voici en Europe, ou presque, ce qui est totalement inattendu pour nous.
Une petite halte nuit dans une impasse nous permet de faire la connaissance de Patricia et de déguster ses délicieux gâteaux et pains fabriqués dans sa boutique.
Nous apprécions cette rencontre sympathique et ce long moment partagé dans notre camping-car. Javier, quant à lui, nous dépanne gentiment pour notre bouteille de gaz vide.

Nous suivons la vallée du Rio Simpson, découvrant une végétation très luxuriante à flan de rochers, de multiples cascades et des prairies très vertes d’où émergent des rochers karstiques en pain de sucre nous rappelant le sud thaïlandais.
Ces sous-bois et bords de route sont envahis de « fire-bushs « , de massifs de fushias à petites fleurs, garde-manger des minuscules et si rapides colibris, de grandes fougères et de bambous chiliens, et partout, de grandes feuilles allant jusqu’à 2m de large ou plus, qui ressemblent à de la rhubarbe. Mais les tiges sont couvertes d’épines.
La forêt est dense et les arbres très hauts.
Au fond de fjords tranquilles se trouvent de petits ports de pêche où la plupart des maisons sont en bois.
Les cheminées fument déjà car on sent que l’automne approche. Les enfants ont repris le chemin de l’école.

Route neuve à Puerto Cisnès, village de pêcheurs où un colon allemand avait fondé une scierie au 19è.
La carretera australe se mue alors en piste.
Nous sommes dans le parc Queulat dominé par le glacier Colgante que nous apercevons entre les failles de la montagne et nous nous arrêtons au « bois enchanté » dont le nom nous fait déjà rêver. Le sentier boueux s’enfonce dans un enchevêtrement d’arbres et de troncs recouverts de mousses vert fluo et de lichens pendouillant. Sous-bois digne d’Alice au pays des Merveilles gorgé d’humidité. On passe au milieu de très hautes fougères, de fushias fleuris, et le sentier grimpe encore plus fort empruntant le lit de petits torrents à sec jusqu’à un lac rond, vert, alimenté par une cascade tombant d’un glacier.
Un peu beaucoup épuisés, c’est là que nous rencontrons Guy (« gaï »), un autostoppeur adorable.
Nous l’amenons plus au nord, ainsi que Felipe, un étudiant Chilien de 17 ans, parti seul au sud pendant ses vacances.

Nos longues discussions, tandis que Bruno zigzague sur une piste en travaux, nous enrichissent mutuellement.
Nous allons de fjords en lacs bleus, admirant de beaux sommets enneigés ou des glaciers étincelants, à chaque trouée de vallée.
Le camping-car bleu n’est pas loin non plus : nous nous croisons parfois, partageant des haltes tranquilles
et finissons ensemble notre périple à Chaiten, bourgade entourée de volcans.
Le Corcovado au sud (2300m), se dresse solitaire tel le Cervin suisse !

Le volcan Chaiten est, lui, un » gros fumeur « ,
qui en Février 2008 a explosé, créant un nuage de cendres de 30 km de haut, recouvrant toute cette belle région des Parcs. Puis des lahrs ont noyé la ville sous un mètre de boue. La plage n’est plus qu’agglomérat de troncs et de boue séchée sur plusieurs kilomètres.
Le village a été réinvesti dès 2010 par de nombreux habitants, certaines maisons étant excavées de la boue pour être reconstruites.
Mais Chaiten reste une ville de passage ferry pour l’île de Chiloé qui lui fait face.
Si nous regrettons de n’avoir pas eu assez de temps pour explorer les magnifiques parcs, nous optons cependant pour l’ascension TRES PENTUE du volcan Chaiten (1122m).
Elle se révèle épuisante, en plein soleil, les arbres faisant place à de simples troncs morts ravagés par l’éruption.
Il nous faut 3 heures d’ascension et de multiples arrêts où nous trouvons de l’obsidienne, pour atteindre la caldéra d’où émergent 2 gros cônes à pic nous dominant.
Et tandis que nous y sommes seuls, admirant la vue, il se met à fumer de plus en plus : IMPRESSIONNANT …!
Mais rien d’alarmant. Les sommets qui l’entourent ressemblent à des tatous dont les poils seraient les troncs d’arbres morts.
Pourtant la région revit avec le Parc Pumalin tout autour, les lacs et le sommet enneigé du volcan Minchimahuida (2404m).

Nous prenons le ferry en même temps qu’Etienne, Amélie et leurs 2 enfants.
La mer est d’huile, mais hélas, sans que les dauphins ou les lions de mer aperçus à la ravissante plage de sable noir de Santa Barbara, où nous avons dormi, ne suivent le bateau.
La traversée se fait tranquillement en 4h30, nous laissant le temps de faire la connaissance de voyageurs Argentins ou de Fred, un Américain sympathique qui nous laisse ses coordonnées pour la suite de notre voyage et qui part d’îles en îles vers le sud.

Nous arrivons à Quellon tout ébahis » mais, c’est la Bretagne, ici !!! « .

Petit port de pêche à l’extrémité d’une vaste baie, c’est de là que part la …. « Pan’Americaine « , cette route mythique s’il en est, fil conducteur de notre voyage.
Même si les maisons en bois coloré…
…ainsi que toutes ces petites églises dont 16 sont inscrites au Patrimoine Mondial de l’Unesco, font le charme de cette île de 200km par 50, tout ici nous ramène en Europe : Morbihan pour les criques bordées de sentiers, Normandie pour les prairies parsemées de pommiers et de vaches laitières, Allemagne pour le style des grosses maisons en bois du 19è, voire les Vosges pour les eucalyptus qui se confondent de loin avec des sapins.
L’attrait de la mer nous attire à Cucao sur le Pacifique. « Enfin ! le voici cet océan que nous n’avions pas encore vu (ici) ! » Il ressemble tout à fait aux côtes nord-ouest américaines : brume de mer sur un flot ininterrompu de grosses vagues, fort vent et longue plage sur laquelle les gens viennent en 4X4.

C’est très sauvage mais bordé curieusement de prairies entourées de haies de mûres (délicieuses !!!), avec vaches et moutons, et bien sûr aussi de parcs naturels. Les touristes n’ont que l’embarras du choix – comme partout – pour louer des cabanas et profiter de la nature vierge.
Nous avons hâte aussi de découvrir l’est, riant encore d’avoir retrouvé Etienne et Amélie garés tranquillement et bien cachés pour la nuit derrière une dune.
Une multitude de petits ports tranquilles s’égrennent. Ils y ont des fermes piscicoles et font du ramassage d’algues à destination des sushis japonnais.
C’est aussi de Chiloé qu’ont été importés en Europe des plants de pomme de terre. Les voici en pleine récolte.

Nous faisons le circuit des églises par des petites route tournicottantes parfois très très pentues.

Castro, la » capitale « , ne nous ayant guère inspirés malgré ses » palafitos » (maisons de pêcheurs sur pilotis ),
nous passons un bon moment à Quemchi à observer les oiseaux pêchant de grosses moules entre la côte et l’ilot Aucar que le poète Francisco Coloan, né dans ce village à surnommé » la isla de las almas navegantes « . Une chapelle, un petit cimetière et un jardin botanique en font un lieu de rassemblement religieux, mais aussi, bien paisible.
Nous remontons ensuite vers le Pacifique où une très jolie côte rocheuse abrite sur un îlot une colonie de manchots. Hélas à cette époque, il n’en reste que 5. A la place, nous observons de près des condors et restons sur la délicieuse plage de Punihuil sur laquelle il faut passer à gué une petite rivière puis rouler avant d’atteindre le coin des pêcheurs.
Une seule nuit sur place nous a semblé bien insuffisante. Nous repartons vers le nord et la courte traversée en bac secoue un peu son chargement de camions très proches de notre camping-car. Bruno n’est pas vraiment serein car rien n’est arrimé !
Toute la chaîne des Andes nous apparaît au loin ensoleillée et enneigée !

Nous avons hâte d’aller voir de près ces volcans plus ou moins en activité : Osorno, Villarica, Lanin…
La région est parsemée de grands lacs, de parcs et de stations thermales aux eaux chaudes. Evitant Puerto Montt, nous filons à Puerto Varas en bordure du lac de Llanquihue Cette fois, nous quittons la Patagonie et pénétrons dans une partie chilienne où vivait le peuple Mapuche ( » les gens de la terre » ), environ 500 à 600 ans avant JC. Les descendants sont assez présents préservant leur culture ancestrale à travers l’art culinaire et des manifestations locales.
A Puerto Varas, nous sommes surpris de découvrir une église de style allemand et une petite station balnéaire très européenne.
Elle a été créée par des colons allemands au 19è, qui , comme plus au sud, s’étaient installés sur cette côte, défrichant la forêt dense pour y installer des fermes, et quelques entreprises artisanales. D’autres Allemands les ont rejoint au 20è …!
Au passage, nous recroisons rapidement Etienne et Amélie, mais cette fois-ci, nos routes se séparent.
Le joli lac est dominé à l’est par le délicat volcan Osorno qui ressemble au Fuji-Yama.
Non loin sur le lac, le village de Frutillar semble un des musts d’après les Chiliens .
Un centre culturel très actif, de ravissantes demeures du 19è faisant hostellerie, des chalets, des jardins soignés et fleuris… tout incite à y rester. Mais ici, les camping-cars ne peuvent stationner pour la nuit. Nous longeons les rives du lac, découvrant quantité de très grosses maisons en bois de style allemand. Et même UN, l’unique, » château » en bois du 19è avec sa ferme et son allée de tilleuls.
Les propriétés très cossues, sont entourées de domaines agricoles tellement européanisés qu’on en oublie que nous sommes au bord des Andes (mise à part les perroquets et les eucalyptus).
Nous faisons ensuite une halte blog devant la gendarmerie à Lago Ranco. Sa mise à jour relève souvent d’un véritable casse-tête pour trouver un réseau wifi qui ne coupe pas sans arrêt : d’où notre retard constant !
Les rives de ce lac aux eaux limpides sont aménagées pour la promenade et très agréablement fleuries. Il y règne aussi une douceur de vivre…peut-être aussi parce que les écoliers ont repris les cours…ce que nous apprécions pleinement. Les hortensias bleus à côté des mandariniers nous étonnent, comme toute la diversité de la flore à la fois australe, méditerranéenne et continentale…nous sommes séduits.
Hélas, le lendemain, les nuages nous incitent à partir et nous allons vers Valdivia à l’ouest, puis Niebla, tout petit port de pêche à l’embouchure du rio de Valdivia.
Au-delà, la côte tombe à pic dans le Pacifique. Quelques villages se sont établis dans des criques sablonneuses et tranquilles, mais difficilement atteignables en camping-car. Un énorme fog nous chasse de ce secteur .
Nous faisons la connaissance ,de camping-caristes colombiens croisés parfois dans le sud Judi , Heri et leur grand fils. Ils font un tour d’Amérique du sud. Nous espérons les retrouver plus tard à Medellin chez eux !
Revenus sur Valdivia, nous nous arrêtons dans une fabrique de bière allemande pour la dégustation d’un bon gros repas terminé par une glace ….à la bière…
Valdivia est entourée de rivières où des quantités de Chiliens pratiquent l’aviron. La présence allemande est encore très forte ici aussi.
Notre route se poursuit vers le lac de Villarica où sont établis les gros bourgs du même nom et de Pucon, dominés par le volcan….Villarica, bien sûr. Il est l’attrait n°1 de cette région, et on nous a dit qu’il fumait, celui-là aussi, ce que nous ne verrons pas car il est caché dans les nuages. Villarica est une petite ville calme, dynamique, touristique et sportive.
Bonne halte reposante en camping-car, au bord d’un lac limpide regorgeant d’écrevisses qui font le bonheur des oiseaux. Pucon, ne nous a pas attirés. Si ce bourg est le paradis des amateurs de treks et des alpiniste grimpant à la caldéra du volcan, c’est aussi le royaume des chalets » chicos » à la mode suisse. Et comme un peu partout, les bords du lac sont une fois de plus privatisés, empêchant toute vue lorsqu’on le longe en voiture. Quel dommage !
Nous voici arrivés dans la région d’Araucanie – cité par Jules Verne – et dont le nom est d’origine Quetchua. Araucanien signifie » guerrier brave « . De fait la capitale de région , Temuco, a été créée sous la forme d’une forteresse par les envahisseurs espagnols en 1881 pour résister aux attaques des Mapuches qui s’étaient déjà heurtés aux envahisseurs incas, les faisant fuir.
En suivant une excellente route, nous découvrons avec bonheur les célèbres forêts d’araucarias, sortes de sapins dinosaures puisqu’ils couvraient cette région il y a 225 millions d’années. Ils ont un port vraiment majestueux, un tronc qui ferait penser à un pied d’éléphant garni d’écailles de crocodile et des branches composées d’écailles piquantes… à chacun d’imaginer ! Ces forêts sont extraordinaires, protégées et uniques.
Quant à nous, à peine passée la douane argentine, nous retrouvons…..LA PISTE…

…et dormons dans des taillis, royaume des lapins, au pied du volcan Lanin (3776m) qui nous montre quelque temps son sommet avant de disparaître dans les nuages.
Petit bonus et grandes rencontres…