Bienvenue au Chili !
Commençant la descente spectaculaire du col nous assistons à l’arrivée d’une course cycliste mixte, juste au moment ou le vainqueur franchit la ligne d’arrivée.
Ce doit être épuisant pour les 300 coureurs – ou plus..- une telle montée en lacets impitoyable.
Le dernier est loin, très très loin dans la vallée derrière la tête de course. Nous ne saurons jamais si il a attaqué la série de virages… ! et les femmes ne sont pas les dernières!
Rapidement, nous descendons dans une vallée chaude et digne de notre Provence : arbres fruitiers en quantité, vignes, orangers, mais aussi des cactus, sur fond d’Aconcagua. C’est l’opposé exact de la route Argentine et de ses rares oasis.
Nous arrivons sur le Pacifique à Valparaiso, ville aux 45 collines, un dimanche en fin d’après-midi.
J’étais assez inquiète au départ, car tous les blogs parlaient de camping-cars attaqués par des bandes aux feux rouges. Bruno, confiant, à juste pris soin de fermer à clef toutes les portières, et nous prenons notre temps pour sillonner différents quartiers, mais en véhicule afin de ne pas le laisser en stationnement.Les villes ne nous attirent pas pour ces raisons de sécurité et de difficulté de stationnement. Ici, il faut faire encore plus attention, mais ce long tour nous laisse le temps de nous imprégner un peu de l’ambiance. Sur certaines collines, de belles demeures en bois du 19è attirent notre attention.
Valparaiso est connue pour ses funiculaires, antiques machines qui grimpent à flanc de colline. Ils datent de la fin du 19è (Ascensor Artilleria 1883).
Nous butons sur de petites ruelles pentues qui se terminent en escalier. De jolies maisons colorées s’étalent tout autour de la baie.
Le front de mer est dédié au train, si bien que la plage est occultée.
Ce qui saute aux yeux, ce sont les graffitis absolument partout, sur les murs, comme sur les rideaux de fer des magasins. Certains sont artistiquement réalisés, mais beaucoup sont du » n’importe quoi « , n’en déplaise aux amateurs.
La ville jouxtant Valparaiso, Vina Del Mar, est au contraire moderne avec ses buildings, son casino, ses restaurants et hôtels en tous genres..et bien sûr sa plage. Encore une station balnéaire qui n’est pas pour les camping-caristes que nous sommes.Nous poursuivons la côte plus au nord, hyper bétonnée comme cette forêt de tours qui de la mer part à l’assaut de la colline.
Mais parfois une statue de la Vierge trouve aussi sa place face à la mer.
Plus haut , la côte continue à être défigurée à la mode espagnole malgré la présence de jolies plages.
Pourtant, nous faisons une superbe halte au village de Zapallar, construit à flanc de colline, sorte de Côte d’Azur locale, au bord d’une ravissante plage de sable blond, encadrée de grosses villas étonnantes en ce lieu.
Les jardins très fleuris sont soignés. Un certain nombre d’employés municipaux veillent à la propreté parfaite des rues et sentiers côtiers,
si,si…!
A cette époque de l’année, la plage n’est plus payante et la police municipale nous autorise à y passer la nuit,
top..!
Dans le port minuscule, des pélicans se font admirer.
Nous aurions aimé rester au bord de cette plage de rêve et de son eau limpide invitant à la baignade, mais…
La route continue à longer la côte couverte de maisons cubiques très modernes dominant des criques rocheuses privées ou difficiles d’accès. Des résidences gardées ultras chics privatisent aussi les pentes côtières. Toute cette côte est très prisée par la population aisée de Santiago. Mieux vaut passer notre chemin.
Heureusement viennent ensuite des petits ports de pêche tranquilles et plus authentiques ou nous rencontrons des Chiliens bien sympathiques. C’est dans l’un d’eux, Papudo, que nous assistons au départ des pêcheurs le matin au milieu des pélicans.
D’autres sont déjà en train de trier poissons et » langostinas » pris dans leurs filets.
Ce sera pour nous l’occasion de déguster dans notre camping-car ces petites bestioles – de la taille d’une écrevisse – oranges et violettes : un régal !
L’océan si bleu sous le soleil découvre une frange d’écume blanche s’explosant sur les côtes rocheuses, elles-mêmes parsemées de plages au sable blond.
Au fur et à mesure que nous progressons vers le nord, les paysages se diversifient, se transformant en collines jaunies et couvertes d’épineux et de cactus allongés.
Les chiliens les utilisent en les replantant en rang d’oignons pour en faire des clôtures.
De grands parcs d’éoliennes se sont développés face à la mer. Ce n’est pas bien beau, mais c’est la preuve que le Chili est partie prenante dans les énergies renouvelables. Au même titre que les grands travaux routiers, ce pays investit pour son développement et sa modernité.
C’est au sud de La Serena que nous découvrons une très jolie plage de sable presque blanc: la plage de Totaralillo. La mer est si claire que Marie-Anne va s’y baigner : c’est son premier bain dans le Pacifique, tandis que les surfeurs s’amusent un peu plus loin.
Les villages précédents comme Tongoy ou Guanaqueros, bien que sur de grandes baies dégagées, ne nous ont pas semblé suffisamment » sécurit » ni ouverts pour notre mode de camping sauvage. Du reste, quand nous avons un doute nous nous garons sur un parking de station service pour la nuit. C’est souvent bruyant, mais il y a toujours une présence et on peut y avoir parfois de la vue comme ici.
La Serena, située sur une grande et jolie baie de sable est une ville moyenne et universitaire. L’habitat y est de style espagnol néo-colonial, mais cette architecture qui en fait le charme, est récente, imposée dès 1948 par le Président du Chili, Gabriel Videla, originaire de cette ville.
Beaucoup de monde et de commerces au centre ville.
Un grand nombre d’églises attirent notre attention tandis que sa voisine – Coquimbo -, a carrément construit une croix gigantesque, mode Rio pour le dernier jubilé …..et -on ne s’y attend pas ici-, le Roi du Maroc a financé une mosquée, copie de La Koutoubia , juste à côté.
Nous quittons cette jolie côte, ravis de l’avoir découverte et partons en direction de Pisco. Nous nous enfonçons dans la vallée de l’Elqui, zone de production du Pisco… » qué zaco » ?!…, le Cognac local, mais beaucoup moins bon que le vrai Cognac au dire même d’un homme qui en produit ! Un comble, mais c’est un français basque (et nous confirmons). Ils produisent aussi un Pisco plus léger que la plupart des Chiliens apprécient avec du coca.
La vallée de l’Elqui, également appelée, » route des étoiles » est située dans la région des observatoires.
Ciel pur, bleu intense, soleil 300 jours par an, terres caillouteuses arides plantées de vignes caractérisent cette région de montagnes rouges et dénudées.
De grands filets tendus horizontalement et verticalement maintiennent un taux d’humidité satisfaisant en captant la rosée.
La majorité des vignes de vin blanc font 2m de haut permettant aux vignerons de travailler à l’abri du soleil.
Les » babacool « , réminiscence des années 70, ont investi ces vallées proposant toutes sortes de formules » zen » anti-stress et compagnie, et circulent en mini cars VW décorés de peintures d’un autre siècle ( le 20è !). Cet endroit vaut non seulement pour ses caves, mais aussi pour ses fameux observatoires, car l’air y est extrêmement pur. On en aperçoit de loin, perchés en haut de montagnes orangées, les coupoles se détachant sur fond d’azur.
La lune étant presque pleine,…
…l’observatoire » del Pangue » qui nous intéresse, créé et géré par un français, …est fermé. Par contre on nous propose d’aller voir celui de Vicuna mis en place par la municipalité pour les touristes à » Cerro Mamalluca « . Faute de mieux, nous nous y rendons en taxi (2h aller et retour). Hélas, c’était à prévoir, les télescopes sont petits et notre guide photographe de métier, décevant malgré son » baratin » espagnol ininterrompu. Nous rentrons sans avoir appris grand chose, si ce n’est que « nos ciels » sont différents et que les 3 étoiles alignées verticalement, et qui nous ont suivis tout au long de notre voyage (déjà sur le bateau) s’appellent les 3 Maries (« cinturon » de Orion), et indiquent l’ouest.
Vicunia est la « capitale » de la vallée de l’Elqui, nous y découvrons la tour « Bauer » qui a la particularité d’avoir été construite en 1905 en Allemagne par l’ancien maire né à Ulm.
Puis nous poursuivons par la visite des caves de Pisco » Mistral » très agréablement organisée, avec son petit musée d’objets anciens de vignerons, sa cave ou les bouteilles son stockées enfoncées dans un mur épais : s’il en manque une on le voit tout de suite !
Dégustation très agréable que Sophie, d’origine basque, nous propose.
Le Pisco, véritable boisson nationale , est une eau de vie de raisins blancs conservée dans des barriques de chêne américain et qui se boit pur, ou malheureusement avec du tonique ou pire avec du coca ! Nous avons bu un cocktail délicieux à base de Pisco et de jus de citron sucré. Deux Argentins visitant comme nous, proposent que nous déjeunions sur place dans le ravissant et reposant jardin du restaurant Mistral ( très bon). C’est la charmante Sylvie qui nous bichonne.
Après quoi Bruno reprend (hips) tout de même la conduite pour grimper au bout du bout de la vallée, en pleine chaleur par un ciel bleu azur intense : il assure ! Il règne ici une torpeur à la fois reposante et enchanteresse.
Nous redescendons de Pisco le soir même, traversant Montegrande ou est allée à l’école Gabriela Mistral (1889-1957), poétesse et 1er Prix Nobel de littérature, véritable icône du bourg de Vicuna.
Nous remontons ensuite la vallée des étoiles de plus en plus resserrée, pelée et sauvage, au-delà des dernières vignes qui s’étagent decrescendo derrière nous.
Nous dormons à la frontière Chilienne (fermée la nuit), à la jonction de 2 torrents dont l’un est blanc et l’autre, jaune ocre foncé (!) au lieu dit Juntas de Torro (2080m).
En effet nous avons pris la décisions de tenter le Paso Agua Negra à 4769m afin de repasser en Argentine.
Cette piste de caillasses entre les 2 pays commence par une belle rencontre
puis par des passages en gros travaux.
Nous la faisons en une journée sans même prendre le temps de déjeuner pour ne pas risquer de passer la nuit à cette altitude. Elle est à elle seule tout un voyage… incroyable, surprenant, délicat, nécessitant une grande attention pour la conduite le long de ravins vertigineux, le plus haut, le plus fou, et… le plus saisissant de beauté que nous n’ayons encore jamais fait…pratiquement SEULS.
Passage délicat en raison des cailloux qui tombent et des rétrécissements assez dangereux tandis que les bords de piste s’enfoncent à pic dans une eau insondable.
Plus on grimpe, plus il est impossible de savoir ou nous emmène cette piste le long des ruisseaux gelés…
…entre les névés acérés comme des lames de couteaux…
…et où se trouve ce fameux col.
A son approche, des rafales de vents violents nous projettent des petits cailloux sur le véhicule, que nos appareils photos n’apprécient guère lorsqu’on ose ouvrir nos fenêtres.
Et arrivant enfin en haut à 4769m, la force de ce vent redouble.
Nous préférons ne pas nous y attarder et commençons la descente en lacets sur l’autre versant.
Au bout de quelques kilomètres, nous lisons ce panneau:
Ce retour à la » civilisation » est presque irréel : nous revenons sur terre chez les hommes! Puis une excellente route , enfin, en descente constante nous conduit droit à la douane Argentine.