C’est là que commence le long, très long voyage, de 4 jours à travers la « Mésopotamie » , région située entre les Rios Parana et Uruguay afin de rejoindre Iguazu.
Quelques villes étape le long du fleuve Parana nous font rêver :
-Parana ( ou nous sommes reçus chez Maria, Daniel et leurs familles – adorables – devant chez qui nous sommes garés pour la nuit !)
-Esquina
-Goya (ou nous passons une soirée avec Gabriel, un Argentin fort sympathique
-Bella Vista
Le fleuve Parana nous fascine par la puissance de son débit, sa couleur marron comme l’Amazone, ses rives paisibles bordées de forêts denses bien vertes, et de jacinthes d’eau.
Oui, là, la vie » pourrait être un long fleuve tranquille « , bien que le quotidien de beaucoup de gens soit tout autre. C’est vrai qu’au cours de ce voyage, nous ne rencontrons pas vraiment les laissés pour compte de la société, ou de manière bien furtive. Un Argentin nous a expliqué que ,comme chez nous, ils reçoivent une aide financière qui ne les incite pas beaucoup à travailler, mais plutôt à se contenter de cette triste situation.
Nous reprenons la route à raison de 6 heures par jour parfois, et longeons la Réserve Naturelle d’Ibéra, immense zone humide de 13000 km2, constituée de lacs, prairies et de savanes ou pataugent chevaux et vaches.
Des milliers d’oiseaux y vivent ainsi que des cervidés, des anacondas jaunes, et des caïmans.
Cette zone marécageuse constitue la réserve d’eau douce la plus importante du continent américain.
La Province des Misiones, enclave entre Brésil, et Paraguay se caractérise par des cultures maraîchères, et de maté.
En remontant un peu plus en direction d’Iguazu, nous traversons des plantations d’eucalyptus et…de pins ( ! ), sur des kilomètres, exploités pour le bois et la sève. Elles alternent avec des forêts d’épineux et de grandes prairies à vaches. Cela fait bizarre !
Dans toute cette région la terre est très rouge.
Ici ont été fondées au 17è siècle, par les Jésuites , des missions dont 4 sont inscrites au Patrimoine Mondial de l’Unesco : une trentaine de missions ont été construites à cette époque entre le Paraguay, le Brésil et cette province.
Nous visitons Santa Ana dont il ne reste que quelques ruines. Des pans de murs de l’église ont été restaurés alors que la forêt avait repris ses droits,et les villageois, les pierres !
Par contre une guide nous explique d’emblée devant une maquette le principe de ces missions guarani appelées » reducciones « .
La mission s’organise autour d’une très grande place bordée d’un côté par son église et son cimetière, les logements des Jésuites, ceux des personnes seules et les ateliers artisanaux tandis que les logements des familles guarani occupent les trois autres côtés. Au-delà de l’église on trouve des jardins fruitiers et potagers. L’organisation sociale mise en place par les Jésuites, à cette époque, est remarquable, en permettant à chacun d’avoir accès aux soins, à l’éducation et à la culture d’un lopin de terre en contre-partie d’une participation aux activités collectives.
Environ 300km plus au nord, nous parvenons à Iguazu. Les plantations de sapins se sont estompées, et c’est la forêt tropicale argentine qui prédomine. Nous arrivons enfin dans le Parc National.
Nous nous rendons directement à » la Posada Castillo » recommandée par Ioverlander. Accueil très sympathique, grand jardin avec avocatiers et leurs gros fruits, palmiers, bananiers, fleurs et jolie piscine ou barbotent des familles en vacances ayant loué les 4 petites maisons en pierres qui s’y trouvent.
Nous, nous avons droit au gazon et y resterons 3 nuits, profitant du calme, du wifi et…du bar.
Les « » Cataratas « , 200 chutes sur plus de 2km5 ne sont qu’à 20km. Un après-midi sur place nous permet de tout voir en toute tranquillité.
C’est un petit train qui emmène les touristes au départ des passerelles environnées de papillons et de coatis.
Nous commençons par » the must » : la Garganta del diablo que nous rejoignons par une longue passerelle au -dessus du fleuve Iguazu…et là…..
…grondement assourdissant et douche assurée, nous sommes trempés. Mais que c’est impressionnant ! On ne peut imaginer une telle puissance. Difficile d’en repartir malgré les touristes qui affluent.
Reprenant le train et ses coatis quémandeurs ( et voleurs ), nous faisons le sentier inférieur (1,7km) qui offre de très beaux points de vue sur toutes les cascades.
Des familles de toucans volent d’arbres en arbres, les plus hauts, au-dessus de nos têtes. Nous apercevons quelques singes très difficiles à photographier.
De très jolis oiseaux, les « Urracas », moins farouches, nous suivent d’une cascade à une autre.
Le site est étendu et ce sont des quantités de chutes de tailles diverses que nous découvrons.
En bas, sur le Rio, des touristes entassés dans des zodiaques vont se faire doucher en poussant des cris de joie, bras levés, et totalement trempés.
De grands arc-en-ciel magnifient le spectacle.
Enfin, nous arpentons les passerelles supérieures dominant quelques grosses chutes…
…et sinuant dans la forêt au-dessus des multiples bras grands ou petits, du Rio Iguazu.
Nul caïman dans l’eau, le niveau étant trop haut, mais des tortues d’Amazonie et de gros poissons- chat.
Journée magnifique qu’on se remémore en boucle.
Comme il pleut les deux jours suivants, nous travaillons au blog à la Posada, ne mettant pas le nez dehors, puis décidons de partir pour le Brésil.
Petit arrêt au point de jonction » Hito 3 fronteras » des rios Iguazu et Parana. Il s’agit, à l’image du Triangle d’Or asiatique, de la rencontre des trois pays Brésil, Argentine et Paraguay. C’est juste pour le fun, car le lieu n’est pas extraordinaire, les rivières étant très encaissées et boueuses.
La frontière brésilienne est très facile à passer, sans même un tampon sur le passeport si on dit qu’on va aux cataractes, excepté les longues files de voitures le week-end.
Ne pouvant dormir sur le parking du Parc, nous nous installons juste à côté d’un éco-lodge vraiment tranquille situé au milieu d’une clairière.
Nous faisons malheureusement la visite du parc brésilien un samedi matin et là…des queues de touristes !Des bus nous emmènent tous au départ d’un sentier qui fait 1,2km. Très bien rodé, nous voici comme dans le métro à suivre les allées bétonnées qui descendent à flanc de colline face aux chutes argentines, pour atteindre le » top « : une passerelle près de la fameuse Garganta del diablo.
Cela mouille, mais moins qu’en face en Argentine où le brouillard d’eau rabattu par le vent peut monter très haut. On joue des coudes, mais on finit par pouvoir prendre quelques photos.
Puis le sentier remonte jusqu’au dessus du Rio.
Le matin est propice aux arcs-en-ciel sans interruption.
C’est très spectaculaire et à faire absolument.
A Iguazu, il faut voir les 2 sites du Brésil et d’Argentine.
En fin d’après-midi, nous visitons le parc des Oiseaux regroupant 600 espèces dans de grandes volières installées carrément dans une forêt tropicale » améliorée » de plantes fleuries. On peut approcher de très près les oiseaux et prendre le temps d’en admirer le plumage.
Encore une superbe journée ensoleillée face à un spectacle grandiose qui vaut le voyage (ce que font la majorité des touristes arrivant ici en avion). Le soir nous retournons à l’éco-lodge, et le lendemain, sur le conseil du charmant concessionnaire Iveco d’El Dorado, nous partons non pas vers l’ouest comme prévu, mais à l’extrême est de l’Argentine pour les « Saltos del Mocano « . Ayant la chance d’arriver les derniers, juste avant la fermeture, nous nous retrouvons seuls avec un garde et notre pilote sur le zodiaque pour un petit tour de 15 minutes le long de ces chutes exceptionnelles. D’environ 10 à 15 mètres de haut, elles s’étirent sur 3 km le long du Rio Uruguay. Le zodiaque doit faire demi-tour juste à la frontière brésilienne. Enthousiasmée, Marie-Anne demande un second tour, et…c’est…OUI ! Notre pilote aime la France et a voulu nous faire plaisir . Fabuleux !
Nous voici repartis sur ces eaux tumultueuses pour une deuxième douche.
Durant la nuit que nous passons à un » mirador » (point de vue), SEULS en pleine Réserve de Biosphère Yaboti, (euh…en face de la maisonnette des gardes du parc), la pluie se met brusquement à tomber sans interruption.
Sur le chemin du retour, nous constatons que toute la Province Misiones est parcourue de torrents de boue rouge dévalant de ces jolies collines , inondant de nombreuses maisons. Ici, ce sont surtout des cabanes en planches avec un toit en tôle. Les gens attendent assis sous l’auvent des toits que la pluie cesse. Deux jours auront suffit à transformer le moindre chemin, la moindre rue en bourbier profond rouge-brun. L’Uruguay a pris aussi une teinte identique.
Ce petit écart de trajet (dans les 500 km), nous permet de sillonner une grande partie de cette région dédiée à la culture du maté. La route centrale, toute en hauteur, en traverse d’immenses champs traités de manière industrielle, faisant penser aux plantations de thé, taillés de manière identique,mais à la machine ( d’origine, l’arbre à maté peut atteindre 30m).
Les villages dont beaucoup ont été investis par des Allemands aux enfants blondinets, semblent bien en vivre. Ce n’est sans doute pas le cas des petits exploitants, qui, eux, laissent pousser l’arbuste à 2m de haut, coupant manuellement les branches pour la récolte.
Nous avons vraiment aimé cette province de collines (500m) où alternent forêt vierge, plantations de sapins et d’eucalyptus, cultures de primeurs sous toiles, champs vert tendre de maté et prairies où paissent vaches et chevaux.
De retour vers le fleuve Parana, nous visitons la mission San Ignacio, mieux restaurée que Santa Ana.
Nous y rencontrons Babette et François, camping-caristes aguerris vivant au sud de Lyon. Nous passons la soirée ensemble et avons mille choses à échanger. Cette soirée totalement improvisée nous réjouit. Nous en profitons pour nous garer à côté pour dormir sur la place du village.
Mais désormais, il est grand temps de repartir à l’ouest…
Au hasard de la route, petits bonus:
« Gaucho Gil », protecteur des voyageurs et …des voitures et encore d’autres protections!