BOLIVIE : du Sud Lipez au Salar d’Uyuni du 17 au 26 mai 2017

Le trajet le plus aléatoire de notre voyage prend forme et nous excite.

Nous voici enfin en Bolivie, au Sud Lipez, à deux pas du volcan Licancabur.

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Nos lèvres se dessèchent en raison du vent très froid qui, de plus nous rabat toute la poussière de la piste sur nos véhicules ( l ‘Iveco de Lucien et Mélanie, et le nôtre).

Au poste de police, nous sommes reçus par une charmante Bolivienne qui nous rassure : il fera beau, ce sera très venté, mais nos camping-cars passeront si nous roulons doucement.DSC09490

Nous sommes en altitude à plus de 4000m, et la piste s’annonce d’emblée difficile : forte tôle ondulée qui ébranle tout dans nos pauvres véhicules, même en roulant très lentement.

Mais nous n’arrêtons pas de nous émerveiller  » que c’est beau !  »

Nous descendons sur la Laguna Blanca,

…puis sur la Laguna Verde, turquoise…P1040095

…où un motard urugayun un peu fou va se baigner …dans une eau glacée chargée en arsenic et cuivre !DSC09514

Après un passage à gué entre les deux lagunes assez pentu et périlleux, la piste devient …  » pistes …euh…laquelle ?  » toutes aussi épouvantables les unes que les autres ( sable, ornières profondes, cailloux, marches rocheuses).

On descend tous les quatre pour reconnaître le terrain, essayer de savoir par ou passer. Ca commence bien ! Enfin, Lucien se décide à passer en force et, le suivant, nous finissons par retrouver  » la  » piste principale, plus large.

Tous les mots ne pourraient décrire ce trajet indescriptible :

désert de Dali, salar Chalviri, thermes de Polquès, où nous nous garons le premier soir près de refuges ou vigognes, oies et mouettes vivent tranquillement.DSC09547.JPG

…désert de DaliDSC09575.JPG

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Si notre premier souci est de nettoyer  » à fond  » ( euh.. autant qu’on le peut),l’intérieur du camping-car blanc de poussière – elle traverse même nos couches d’habits -, la deuxième chose consiste à bien se couvrir pour la nuit.Notre chauffage fonctionne bien, heureusement, mais je (MA) sors le bonnet en laine de Fernande pour dormir… et les chaussettes ! Ca va bien descendre à moins 10°.

Notre deuxième journée débute très bien par un bain à 40 degrés. Nous sommes seuls dans la piscine, une fois les 4X4 partis. Malgré les bourrasques de vent qui nous couvrent parfois de sable et de gravier, nous n’avons aucune envie d’en sortir.

La vue sur la lagune est unique.

Nous repartons une fois que les moteurs aient cessé de fumer noir. Ils n’aiment ni le froid, ni l’altitude.

A 4870m, nous croisons des camions qui transportent de l’acide sulfurique !DSC09707.JPG

C’est très surprenant car on se croyait seuls. C’est aussi l’endroit ou il faut monter à la douane Bolivienne pour les véhicules, à 5033m…!

Ce sont des bâtiments au milieu de nulle part sur un haut plateau entouré de volcans enneigés. On hallucine tout de même. Nous y retrouvons ces fameux camions d’acide à l’usine d’acide borique installée ici.

Le douanier, en pleine forme et sympathique, mime Louis de Funès, tout en mettant les tampons sur les papiers devant Bruno et Lucien, ahuris. Une autre planète…

Il faut revenir en arrière pour retrouver  » une piste au choix vers le nord « , nous dit le douanier. Le vent est si violent que notre pare-brise est carrément et définitivement sablé ! Quant à la poussière, elle nous envahit PARTOUT. Nos cheveux deviennent blancs!DSC09715.JPG

 

Dès que nous essayons de sortir, nous sommes essoufflés. L’altiplano est désolé vers 5000m. La piste, elle, est épouvantable…et longue.

Mais soudain une merveille s’offre à notre regard : la Laguna Colorada, d’une beauté à couper le souffle…c’est le cas de le dire !

…si belle, mais si difficile à atteindre car le contournement d’un petit volcan pour y descendre se révèle un passage périlleux, caillou après caillou, très très délicat. Les Iveco souffrent, mais résistent.

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Grâce à Lucien qui passe devant et nous guide avec son tracé sur iphone, nous finissons par arriver au bord de cette grande et merveilleuse lagune rouge orangé.P1040279.jpg

La longue journée a été très éprouvante, surtout pour les garçons, qui après des kilomètres de grosse tôle ondulée, se garent devant un refuge à 4287m.DSC09776.JPG

De jeunes français faisant le tour organisé en 4X4 viennent nous féliciter…solidarité ! Mais eux auront sûrement bien plus froid que nous cette nuit. Après avoir tout re-nettoyé dans le camping-car, nous dinons tous ensemble autour d’une bonne soupe dans notre Iveco, et nous couchons rapidement.

Pour la troisième journée toujours ensoleillée, nous trainons un peu avant de faire chauffer nos moteurs.DSC09786.JPG

Moutons, mouettes et lamas tournent autour de nous,…

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…pour le plus grand plaisir du petit George, qui préfère tout de même son lapin.

Notre objectif : aller voir plus loin les flamands roses. Ils sont des centaines  » caquetant  » comme des poulets, plongeant à tour de rôle leur tête dans l’eau.

 

Après une piste de cailloux très pointus et agressifs pour les pneu, nous nous garons sur un monticule au milieu de la rive, et malgré le vent très fort qui nous épuise, nous restons longtemps auprès de ces si graciles flamands des Andes (bec et dessous des ailes noirs). Trop beau !P1040316 (2).jpg

 

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Il faut bien partir, hélas, et la suite du trajet se révèle tout aussi difficile.

Nos yeux sont rivés sur les pistes et nous sommes secoués dans tous les sens.

Le soir nous nous posons sur un domaine privé d’exploitation de sel, au bord de la Laguna Capina (4444m)DSC09953.JPG

après une tôle ondulée sévère. Et nous recommençons à tout nettoyer avant de pouvoir diner.

Le quatrième jour ensoleillé, les Iveco ont un peu de mal à démarrer, mais acceptent de laisser la lagune aux pelleteuses et camions de sel.

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Nous montons à plus de 4600m et l’Altiplano nous dévoile d’autres volcans enneigés.DSC09976.JPG

Nous croisons un couple de cyclistes britanniques déjà aperçus à la Laguna Colorada. Chapeau, rien ne les arrête !DSC09982.JPG

Des lamas aux oreilles décorées de pompons semblent bien curieux de nous voir passer.

Nous descendons sur Villa Mar, village blotti contre des falaises rouges où, après une halte,

nous franchissons un péage folklorique.

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Nous suivons au feeling, de multiples tracés de pistes et évoluons dans une immense plaine d’altitude bordée de formations rocheuses rouges très curieuses.

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Petit à petit, le sable devient majoritaire et nous devons passer en force, zigzaguant entre les ornières profondes de plus de 30cm. Nous raclons le sol avec la plaque de protection du moteur, et on n’en mène pas large. Lucien, un peu plus haut en garde au sol passe plus facilement.DSC00094

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Enfin nous arrivons à Alota après avoir passé un gué pas trop méchant.

 

C’est un gros village de maisons en adobe aux toits de chaume perdu dans une immense plaine.

Les contreforts des collines sont couverts de parcelles où les Boliviens cultivent la quinoa. Nous voici bel et bien en Bolivie profonde à 3813m d’altitude.

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Les femmes portent jupons, jupette,chaussettes, châle, chapeau, et longues nattes nouées dans le dos. A notre approche, elles se cachent.

VICTOIRE, nous venons de traverser le Sud Lipez, partie la plus redoutable de notre périple !

C’est ici que nous retrouvons une  » route  » de terre compressée.DSC00240.JPG

Dans ce village, une jolie rencontre avec deux frères qui tamisent de la quinoa nous fait chaud au coeur. Nous échangeons même des chansons de nos pays respectifs.

De Villa Alota à Uyuni, nous passons de plateaux en plateaux d’altitude.La quinoa a déjà été récoltée.

Les villages ont peu de charme, l’adobe laisse peu à peu la place aux briques creuses, les maisons ne sont pas terminées, et c’est moche.

Dans ces immensités, nous écoutons nos concerts de Coup de Choeur avec bonheur. C’est en fin d’après midi que nous arrivons à Uyuni, petite ville posée sur une zone désertique de terre battue, non loin des montagnes et en bordure de salars.

Nous sommes surpris d’y trouver des immeubles et des feux rouges. Puis nous découvrons les tags des Dakars 2014 et 2016 plaqués dans les rues.DSC00531.JPG

Retour à la civilisation au bout du monde !

Et maintenant à nous le SALAR !

Le soir même, garés devant l’entrée de la caserne avec Lucien, Mélanie et le petit George, nous sommes rejoint par d’autres français en camping-car : Daniel (pull rouge), Karen (sweet bleu), et leurs deux garçons Noé 8 ans et Paul 5 ans. Ils nous invitent tous à prendre l’apéro, et les bières refont leur apparition…nous ne sommes qu’à 3656m (normalement pas d’alcool en altitude).

Le lendemain, nous partons faire des courses, et les pleins de gasoil, eau et gaz. C’est en arrivant devant la station de remplissage des bouteilles que nous tombons nez à nez avec…le camping-car bleu : Etienne, Amélie, Apoline et Célestin ! pas possible !!! Quelle joie de se retrouver après si long temps.DSC00339 Nous allons faire le Salar ensemble, c’est super.

En fin d’après-midi, nous décidons avec Etienne de partir voir le cimetière des trains.

Certains adorent, mais nous ne voyons là qu’une décharge de ferraille à l’abandon. Ce qui nous choque, ce sont tous ces tags  qui n’ont nullement leur place ici en Bolivie. Pourtant il y a des photos originales à faire qu’Etienne s’amuse à inventer. Son drône survole le cimetière, et nous espérons bien voir le résultat.P1040447.jpg

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Nous partons avec Lucien vers Colchanie, à 20 km dans le but d’y passer la nuit.

Le village qui vit du sel est si miséreux que nous poursuivons notre  » piste  » jusqu’à l’entrée du Salar 5km plus loin. Nous nous garons là en plein milieu des traces qui partent sur cette mer de sel.

Un peu plus tard arrivent Daniel et Karen, et un gros camping-car américain : Fred, Kathy et leurs 4 enfants, Ghizlane 8 ans, Nadim et Gaétan 6 ans et Hilal 4 ans. Le lendemain Etienne et Amélie nous rejoignent.

Ayant tous fait connaissance, nous partons sur le Salar, Lucien en tête.

Très vite nous arrivons au surprenant vieil hôtel de sel précédé de l’emblème du Dakar…en sel bien sûr.

Aucun client, il est vide excepté un petit stand de souvenirs. Le sol est blanc de sel. On dirait du sable. Il a été supplanté par  quelques hôtels flambant neufs plus proches de la rive.

Un peu plus loin, Etienne nous suggère de faire une petite chorégraphie de camping-cars dans le style patrouille de France qu’il filmera avec son drône. Répétition des conducteurs, puis exécution. On s’amuse comme des gosses.DSC00414

Puis nous repartons tandis que Fred crée sa propre piste.DSC00419.JPG

Au milieu du Salar, nous atteignons l’île d’Incahuasi, couverte de gros  » cardones  » et dédiée aux touristes avec ses quelques cabanes et restaurants.

Pour plus de tranquillité, nous nous garons de l’autre côté à quelques encablures sur le Salar pour une halte repas-détente qui profite à tous en l’absence de vent.

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Ce choix n’est pas du goût du gardien qui, nous rejoignant en quad, veut nous faire payer l’entrée sur l’île.

Lucien, en bon négociateur, lui explique gentiment qu’il n’en est pas question. La décision est vite prise de nous éloigner davantage en direction de l’île du Pêcheur, et nous passerons la nuit à mi-chemin des deux îles tandis qu’Etienne et Amélie retournent à Uyuni, le temps étant très incertain.DSC00455

Nous passons donc notre deuxième nuit à 4 camping-cars sur le Salar même, entre pluie et grésil, et rejoignons le lendemain l’île du Pêcheur en étant très attentifs aux dangers que représentent aussi les trous d’eau.

Notre lieu de bivouac:

Une petite grimpette pas facile avec les enfants, entre cactus et rochers de coraux fossilisés, nous offre un merveilleux point de vue sur cette gigantesque mer de sel.

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Et curieusement l’île est habitée!P1040547.jpg

Les enfants comme leurs parents sont ravis, le soleil est de retour.

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Et pour comble de bonheur le coucher de soleil est magnifique.P1040587

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Le soir, sous un milliard d’étoiles, nous nous faisons un feu de camp sur la petite plage de sable. Nous utilisons du cactus mort qui chauffe très bien et longtemps. Nous chantons de vieux refrains connus que Marie-Anne accompagne à la guitare. Venu de la nuit, un Américain en moto nous rejoint, et à son tour, il nous offre des mélodies de son pays.

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(photo de Daniel)

SEULS, seuls sans touristes, sans personne, seuls à avoir tous admiré ce sel blanc à l’infini, un splendide coucher de soleil, et ce ciel constellé d’étoiles…LE BONHEUR !DSC00491.JPG

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Vraiment, nous n’aurions jamais pu imaginer que nous allions nous faire ici de nouveaux copains et vivre des moments aussi intenses et chaleureux.DSC00496

 

Le lendemain, nous nous séparons pour mieux nous retrouver à la station de lavage d’Uyuni pour faire enlever au karcher, la croûte de sel amalgamée sous nos véhicules. Cela colle littéralement et on a bien du mal à s’en débarrasser à l’extérieur comme à l’intérieur.

Fred et Cathy partent vers le sud avec les enfants. Nous nous reverrons plus tard à Fez, c’est promis.

Les autres se dirigent vers Sucre comme nous.

Bonus à Uyuni…

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Une réflexion sur “BOLIVIE : du Sud Lipez au Salar d’Uyuni du 17 au 26 mai 2017

  1. Martine Dumazeaud 22 juin 2017 / 15 03 45 06456

    Vous nous faites rêver…. et vos images nous donnent vraiment envie d’aller y voir de plus prés.

    Belle route à vous!

    Bises .

    Martine

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