Et c’est parti!
Nous passons par un col à 4045 m, le mirador Uoco Uoco d’où nous avons une véritable vue d’avion très étendue sur l’altiplano, au loin La Paz et sa chaîne de montagnes.
Des Boliviens sont regroupés non loin en train de célébrer la Pachamama.
Pour beaucoup, c’est une croyance très vivace.
Et de l’autre côté apparaît tout au loin un grand trait bleu : le mythique lac Titicaca que Marie-Anne rêvait de voir depuis plus de 40 ans. C’est dire l’impatience qui l’habite !
La campagne est sobre et pelée, chacun vaquant à ses travaux champêtres.
Nous rejoignons le site de Tiwanaku, 8è-12è siècle, capitale d’un empire théocratique Aymara fusionné avec l’empire Wari du Pérou.
C’est Hergé qui s’en est inspiré pour reproduire dans ses albums et à l’identique, la fameuse » porte du soleil « .
Un musée lithographique présente quelles belles pièces qu’il est, comme souvent , interdit de prendre en photo :
A cette époque, les indiens savaient travailler le cuir et le bronze, connaissaient l’astronomie, l’ingéniérie hydraulique, et l’agronomie. Toute la plaine était irriguée grâce à des canaux et de grands réservoirs. En réalité le site n’est pas bien mis en valeur et se révèle assez décevant.Les Boliviens n’ont pas forcément idée de l’harmonie, ni les fonds pour entreprendre des fouilles sérieuses.
L’église du village ne vaut pas mieux.
Par contre le lendemain, c’est l’arrivée du train mensuel La Paz- Guaqui au bord du lac Titicaca qui vient mettre une joyeuse animation.
On en rit encore avec Bruno qui disait vouloir se garer sur les rails enfouis sous les hautes herbes, pour dormir à plat. Heureusement qu’il ne l’a pas fait ! Ici les rares trains roulent…sur les herbes et dans la terre.
Nous retrouvons ce train en début d’après-midi à son terminus de Guaqui.
Le lac est devant nous au bout d’un canal ! Mais ici l’eau verte n’est pas du tout attirante.
Nous allons jusqu’à Desaguadero, au sud du lac, village frontière avec le Pérou.
Après un point d’eau mémorable dans une station service fermée où Bruno se fait inviter à boire une bière par des Boliviens déjà bien imbibés, mais très amicaux, nous avons bien du mal à trouver la frontière au sein du bourg. Le lieux est d’une crasse repoussante – bonheur des cochons qui pataugent dans les immondices -, les rues en terre sont défoncées et il n’y a aucun panneaux indicateurs, même pour rejoindre la douane .
Pour parfaire le tableau, des coolies » comme dans Tintin » arpentent ces rues avec des charges lourdes et encombrantes, tandis que des sortes de pousse-pousse à deux places font un va et vient incessant avec le Pérou, de l’autre côté du pont. » Mais où sommes nous tombés ? « .
Avec l’accord des douaniers très aimables, nous restons dormir entre la douane bolivienne et la barrière car le bureau d’assurance obligatoire SOAT pour le Pérou n’ouvrira que demain, de l’autre côté du pont.
En conclusion, la Bolivie est un pays aux sites exceptionnels, uniques, variés, superbes.
Elle gagne à être connue, renfermant un vrai trésor qui n’est plus l’or des Incas – que les espagnols se sont attribué -, mais une variété touristique et un accueil chaleureux.
Nous avions été très émus de rencontrer des boliviens vraiment adorables et d’une grande gentillesse, à l’exception des ces vieilles commerçantes pour qui le « gringo » est un poulet à plumer.
C’est vrai que la pauvreté est omniprésente et tandis que des personnes âgées et malades mendient, nous voyons passer de très grosses berlines allemandes.
La Bolivie fait des efforts mais son gouvernement a du pain sur la planche et beaucoup de gens nous parlent de corruption.
Nous avons constaté un réel effort pour construire des routes mais le matériel disponible est mal utilisé ce qui se traduit par des chantiers éparpillés et une circulation bien énervante et dangereuse. Quant aux écoles, primaires ou instituts technologiques, oui il y en a beaucoup, toutes neuves, mais pas de mobilier et encore moins d’enseignants nous dit-on.
Pourtant l’éducation devrait être prioritaire, autant pour permettre le développement économique du pays que pour éviter qu’il ne se transforme en une vaste décharge: les boliviens jetant leurs ordures de préférence à côté des poubelles faisant ainsi le bonheur des chiens errants.
Le gouvernement a cependant amené l’eau et l’électricité dans les campagnes et construit de petites maisons colorées mais sans âme et …sans isolation. Les gens n’ont pas de chauffage ce qui laisse rêveur quant on est à 4000m et plus. Ils nous disent qu’ils sont habitués et puis…ils ont tous un téléphone portable, même ces femmes qui attendent leur minibus en pleine campagne pendant des heures.
Ce pays est à la fois fascinant et dérangeant. Il a un potentiel réel mais le manque d’éducation reste un obstacle majeur et son président dont le nom est peint absolument partout aurait avantage à limiter ses frais de publicité tapageuse au profit du système éducatif.
La Bolivie est belle et…sale, les gens sont souvent charmants et accueillants, aussi malgré l’état des routes c’est vraiment un pays à visiter.