Nous revoici à Cusco (qui s’écrit indifféremment avec un s ou un z), et nous retrouvons l’Iveco en parfait état au camping Quinta lala. Nous avons décidé d’attendre l’arrivée de Guillaume, un de nos fils, et Aurélie pour visiter les monuments de la ville et nous diriger ensuite sur la route de Nazca au nord.
Le trajet est long et les éternels virages nous amènent tantôt en altitude, tantôt en fond de vallées où nous retrouvons la chaleur et de jolis arbres en fleurs.
Nous apprécions ici aussi les points de vue et la qualité de l’asphalte. Rien à voir avec la Bolivie, sauf lors des fameux » bloqueo « , ces coupures de route qui durent plusieurs heures, soit pour cause de travaux, (ils ne font pas de circulation alternée), soit pour cause de grèves (comme celles des instituteurs non payés depuis des mois).
L’altitude et les pentes très fortes ont raison de notre liquide de freins prévu pour le niveau de la mer (vendéen). Il se met à bouillir et c’est bien sûr en descendant que Bruno constate que sa pédale de freins s’enfonce jusqu’au plancher. Gloup !! Vite il doit pomper pour ralentir et par chance, nous arrivons à Abancay, ville pentue, en parpaings, et aux rue défoncées.
Un petit mécano nous change, dans la rue, le liquide au profit d’un spécial » extrême température « . Et par la même occasion , nous faisons mettre une grosse rustine dans un pneu arrière à plat que nous n’avions pas détecté.
De jolis porte-bonheurs, attirent notre attention.
Un peu refroidis par cette aventure, et redoutant une suite de virages aussi importants jusqu’à Nazca, nous décidons de nous y rendre plus tard, et faisons demi-tour vers Cusco.
D’autres choses un peu insolites attirent notre regard…un resto, un virage, et…
Sur cette route du retour, nous découvrons par hasard un site d’observation de condors, un peu avant Limatambo.
La piste est étroite, avec des à pic non protégés..et il faut s’y reprendre à plusieurs reprises pour monter certaines côtes…
…..mais quelle vue !
Nous parvenons à environ 4000m d’altitude au village de » la Chonta » qui se découvre soudainement après un virage.
Nous nous garons face au volcan Salcantay (6271m) : la vue est magnifique.
C’est l’adorable Giovana, petite guide de 20 ans qui nous emmène faire le sentier de 3km5, conduisant aux trois miradors construits par son père pour y admirer les condors.
En chemin, elle nous montre toutes sortes de plantes curatives, me (MA) fait goûter des baies, et même un bulbe…d’orchidée, qu’elle ira chercher à plat ventre au-dessus du vide.
Le lieu est idyllique, mais la plupart des fameux condors volent plus bas dans la gorge étroite, au grand désarroi de Giovana.
Elle nous montre le rio où elle aimerait aller se baigner, mais elle croit qu’il y a des sirènes qui pourraient l’emporter. Nous restons dubitatifs !…sans pouvoir ébranler sa conviction.
Invités à dîner chaleureusement par sa mère Victoria, qui ne parle que Quechua, c’est le choc pour nous. Ils vivent dans deux pièces en terre au sein d’une petite ferme. Pas de fenêtre dans la pièce qui sert de cuisine, et c’est sombre. Four en terre traditionnel, et les seules choses » modernes » sont un réchaud à gaz, un petit poste de radio (qui diffuse de la musique locale), un placard et le cartable » Barbie » de la petite soeur.
La surprise, ce sont les » cuy « , c’est à dire, la dizaine de cochons d’inde qui sont élevés dans la cuisine pour y être mangés, et défilent entre nos pieds, à la recherche de la moindre nourriture qui traîne par terre. Même la gamelle du chat ne leur échappe pas.. » couille couille « …(prononciation réelle). Giovana éclate de rire en nous disant » c’est notre aspirateur ! « .
Quant au repas cuit dans deux grosses marmites, c’est tout simplement du riz, des pommes de terre aux lentilles, et de gros grains de maïs, le » choclo » que les cuyes adorent.
Puis Giovana nous fait entrer dans la chambre à coucher commune où trône un petit poste de TV bien neigeux des années 80. C’est si sombre qu’on aperçoit à peine les 3 grands lits enfouis sous de monticules de vêtements et de couvertures. INCROYABLE !, mais là, pas de photo…car son père est au lit..dort-il ?
Voici la maison :
Finalement, nous dormirons dans notre camping-car sur le terrain de foot ( qui ne sert qu’une fois l’an), entourés de chevaux et de moutons, face aux grands sommets et DEVANT les buts.
Le passage dans ce lieu magique et la gentillesse de cette famille resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Nous souhaitons réussite à Giovana et au sien pour développer un tourisme équitable dans ce merveilleux site.
De retour à Cusco, il nous reste une semaine avant l’arrivée de Guillaume et Aurélie. Alors nous décidons de nous rendre en Amazonie, à Puerto Maldonado.
La route 30C qui mène au Brésil est à la fois de bonne qualité et vraiment pentue.
Les cols frôlent les 5000m non loin du massif de l’Ausangate (6384m). Les paysages y sont grandioses, nous faisant passer d’un coup de la très haute montagne à la plaine amazonienne.
La descente sur la forêt vierge n’en finit pas, mais de jolies orchidées poussent à même les rochers de bord de route.
Bien sûr nous n’échappons pas au » bloqueo » des instituteurs qui nous retarde.
Et c’est de nuit que nous arrivons à Puerto Maldonado. Garés, seuls, dans le camping » Villa Hermosa « ….
…de Blanca et Manuel, un authentique Indien d’Amazonie, nous passons trois jours à sillonner les Rios Madre de Dios et Tambopata à la découverte de la faune locale. Une toute petite agence nous délègue son jeune guide, Fernando qui nous emmène voir des perroquets verts à tête jaune, pêcher les piranhas, marcher en forêt et chasser les caïmans et les capibaras la nuit.
Sa collègue Jaquelina nous conduit le lendemain sur l’île des singes et dans la canopée.
Enfin le jour suivant nous nous rendons avec d’autres français sur le lac Sandoval, et le longeant à la rame, nous surprenons des singes jaunes, des » patos serpiente « , sortes de cormorans à long cou qui nagent comme des serpents, des ibis verts, des » cérérés » très colorés, et le top, une famille de loutres géantes dévorant de gros poissons.
Un grand plus sera d’aller chasser la tarentule la nuit avec Fernando, rien que nous 3, et …même pas peur ! On a bien cherché aussi les serpents au sol et dans les arbres, mais en vain.
Nos hôtes sont des gens adorables, et on passe une soirée à écouter Manuel nous parler des croyances des Indiens…visiblement les sirènes existent bel et bien…et il nous plaint d’émettre quelques doutes. Et en fait…
D’ailleurs, comme nous l’a dit Fernando, il n’est également pas question de se moquer de l’immense arbre sacré de la forêt qui peut faire 60m de haut, sinon…des bruits dans les grosses racines…et…chut !…les esprits pourraient nous perdre dans la forêt.
Aucun moustique ne sera venu rompre l’harmonie de ces quelques jours sur cet affluent de l’Amazone surplombé par le » Golden Gate » de 723m, plus long pont du Pérou.
Faisant nos adieux à Puerto Maldonado et à sa chaleur moite, nous repartons vers Cusco.
Nous traversons au nord de cette ville la lamentable et dangereuse zone des chercheurs d’or (drogue, séquestration, prostitution…et dépotoirs).
Par contre nous quittons avec une pointe de regret ce Rio Madre de Dios où fut tourné en 1972, l’incroyable film « Aguirre, la colère de Dieu » et où se trouve encore échouée l’épave du » Fitzcaraldo « .
Nous revoici à Cusco