Guillaume et Aurélie dans l’avion, nous allons directement chez » Parabrisas UNIVERSO » à Cusco pour leur demander s’ils peuvent changer notre pare-brise piqueté et fendu depuis la Bolivie. Après un » NON » de la secrétaire, un employé arrive et nous dit » OUI je peux le faire, et vous avez de la chance, j’en ai un exactement de la même dimension, d’origine sud-coréenne « . Et après 2 heures de dépose et pose, et 3 heures de séchage, notre Iveco est comme neuf ! Et dire qu’on avait prévu de retourner à Juliaca, cette ville horrible, où nous avions repéré un spécialiste….ouf !
Pour nous, il est temps de partir vers Nazca. Bien sûr plusieurs » bloqueos » de quelques heures nous retardent.
Plus on s’en approche, plus les montagnes se dénudent jusqu’à devenir, après plusieurs cols entre 4000 et 5000m, terre et cailloux.
On y voit même la dune la plus haute du monde (plus de 2000m), le « cerro Blanco « .
Nazca est une oasis au milieu d’un désert montagneux qui tire son eau des nappes phréatiques qui se remplissent lorsqu’il pleut en Janvier.
On y cultive notamment des cactus en champs.
Nous faisons halte à l’hôtel camping » Fundo San Raphaël » doté de deux piscines hélas un peu troubles où nous retrouvons Patricia, Baptiste et Laura…
…qui étaient avec nous au camping de Cusco. Ici, seul le survol des lignes en avion vaut vraiment la peine, même s’il y a quelques monuments pré-colombien et un cimetière de la même époque assez » morbide » ! Nous le visitons un peu mal à l’aise.
A l’aérodrome, nous choisissons de louer chez Aéro Santos un petit Cessna C172 ( 2 pilotes et nous 2), en cette fin d’après-midi .
L’avion bouge pas mal, mais le désert est si extraordinaire que nous sommes scotchés aux fenêtres.
Les lignes ?…
…multiples en tous sens, se superposant et se croisant.
Figures géométriques, végétales, animales ou humanoïdes, les dessins les plus connus sont parfaitement visibles, bien entretenus par les locaux (qui en vivent), et seul un avion offre une vision précise de ce patchwork.
Une Allemande, Maria Reich qui a consacré une partie de sa vie à essayer d’en élucider la signification, suggère différentes hypothèses.
D’abord ces motifs dateraient du premier millénaire avant JC jusqu’à l’an 900. Elle envisage des calendriers astronomiques, les figures animales pouvant évoquer les constellations, mais aussi des cartes du réseau hydraulique souterrain. Pour elle il y aurait certainement un lien entre le peu d’eau de cette région désertique, et la volonté des pré-colombiens de s’attirer les bonnes faveurs des dieux pour que la pluie tombe un peu chaque année. Le » cerro Blanco » situé à proximité devait déjà les inquiéter.
L’origine extra-terrestre chère à Robert Charroux et bien d’autres, lui semble quelque peu…fantaisiste. D’ailleurs nous avons bien regardé et pas trace de la moindre soucoupe volante!
Les vues que nous offre l’avion sont spectaculaires et nous réjouissent.
Il est impossible de distinguer ces représentations depuis le sol à l’exception de » l’arbre » et « la main » dominés par un petit mirador construit au bord de la Panaméricaine qui coupe carrément l’un de ces dessins.
Contrairement à nos idées reçues nous constatons que le sol de cailloux n’est pas plan du tout et même très raviné sur une faible hauteur.
Quelques dessins sont réalisés sur des petites montagnes, comme le » cosmonaute » ou » la famille » un peu plus loin à Palpa. A vrai dire, ceux-ci font assez moderne, et c’est plutôt étonnant.
Quittant Nazca, nous retrouvons la Panaméricaine que nous avions laissée au Chili. C’est la route des camions ! La ville d’Ica est une grosse oasis active essentiellement consacrée à la culture de la vigne. Elle produit en effet l’essentiel des vins du Pérou et surtout, après distillation, le célèbre Pisco national.
A Huacachina, l’oasis attenante, de hautes dunes entourent un étang vert sale mais bordé de palmiers et… de plusieurs hôtels proposant tous des tours en buggy de 8 à 10 places, ce qui nous fait fuir.
Les dunes, il y en a partout, certaines mixées avec les montagnes.
L’air ambiant est brumeux. Les villages font pauvres, pas une herbe, du sable et des cailloux. Tant de gens ont juste quelques abris de bambous, alors que le vent et les nuits sont parfois très froids !
C’est difficile, venant de Cusco la verte, de se faire à ce vrai désert qui fait penser au Sahara. Nous pénétrons dans le Parc National de Paracas, situé sur une assez grande péninsule bordée de montagnes totalement désertiques, côté Pacifique. On dirait des dunes de sable, mais le sol est plutôt dur.
Au sud, seule une piste serpente vers des miradors et un petit port de pêche.
Côté nord, une courte route mène, hélas, à un terminal pour cargos.
Nous passons 3 jours dans ce parc, garés, seuls, à côté des gardes, pour la nuit, la mer bleu foncé juste devant nous. La plage en contre-bas se nomme » la plage rouge « .
Cormorans de Bougainville, gros pélicans à tête jaune et bec rouge, pétrels, » mouettes » noires aux bec et pattes rouges, sternes, sternes incas, sternes à bec ciseaux, goélands, urubus à tête rouge, et bien d’autres oiseaux nous survolent toute la journée.
Ici vivent de gros lézard, des renards, des lions de mer, et de gros dauphins que nous voyons chasser.
Le vent, parfois fort, nous dissuade d’aller nous baigner alors que la plage de » la mina « , ou sa voisine, nous auraient bien tentés pour la clarté de leurs eaux.
Les pêcheurs du port ramenant beaucoup de poissons, font le bonheur des gros pélicans voraces et…un peu envahissants !
Ici,le courant de Humbolt sort à 4° ce qui explique ces eaux poissonneuses et frisquettes.
Quant aux touristes Péruviens ou de tous pays, ils n’ont de cesse que de venir sillonner collines et falaises en buggy quand d’autres se contentent de la pêche au fil, à la ligne ou en plongée…et boudent le pauvre marchand de glaces.
Oui, mais le soir, nous dégustons nos bières cusquenia au bruit du ressac, rien que pour nous.
Tranquillité toute relative car nous sommes justement dans un des endroits les plus sismiques du continent….
Ne pouvant rester plus de 3 nuits, durée de notre passe, nous rejoignons le petit village de Paracas tout proche, où hôtels et campings se disputent la plage à deux pas de l’espace préservé de nidification des flamands roses.
Et…nous nous installons quelques jours en bout de plage devant un spot de windsurf qui dispose d’un bon wifi pour écrire…ce blog !
Le soir tout comme le matin, le vent se calme, le temps s’arrête : la plage déserte est envahie de flamands roses, de mouettes, goélands, becs ciseaux et gravelots.
Tout va bien : nous jouons les économes avec l’eau de nos réservoirs et nos provisions, batteries chargées à fond par le soleil. Il ne nous manque plus qu’un bon restau, de l’eau chaude (ça ne fonctionne plus avec le gaz local …mais on se lave!), et un réparateur de pneu: on est à plat…