PEROU : de Chachapoyas à la frontière équatorienne du 31 octobre au 9 novembre 2017

Nous descendons de vallées en vallées plutôt propres, aux montagnes toujours couvertes de cactus et agaves, dans une végétation tropicale le long de torrents qui iront rejoindre l’Amazone.

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Des quantités de cascades, dont celle de Gocta (771m), une des plus hautes du monde font le charme de cette région. Mais à cette époque, beaucoup sont taries exceptée celle à l’odeur sulfureuse près de laquelle nous déjeunons.DSCN5561

Les nombreuses rizières aux récoltes décalées nous enchantent par leurs couleurs contrastées.

Mais il fait de plus en plus chaud, et la nuitée aux thermes d’Almendral avec bain privatif d’eau ferrugineuse (38°), ne nous soulage pas vraiment.P1120009

La source d’eau sulfureuse à plus de 50° ne nous tente pas vraiment.DSCN5623

Ce n’est qu’après avoir retrouvé verdure et douceur depuis le col de Porcuya (2136m) qu’on revit. Pourtant l’arrivée sur le nord- ouest avec son désert d’épineux n’a rien d’idyllique.

Ayant entendu dire que le nord Pérou n’est pas très  » sécurit « , nous sommes soulagés de pouvoir faire une halte dans un camping à Piura. Il est particulièrement joli et agréable, et mériterait qu’on s’y attarde.

A Piura, le 1er Novembre, jour de La Toussaint, nous assistons à une belle tradition du nord du Pérou, celle d’aller fleurir les cimetières dont certains sont une immense pelouse plantée d’arbres et d’arbustes fleuris, parsemée de gros bouquets multicolores. Les gens allument une petite lumière sur chaque tombe pour toute la nuit, puis y viennent pique-niquer en famille le lendemain.

C’est une véritable fête sur le lieu même du cimetière que ne manquent pas les marchands ambulants.

La Panaméricaine entre Piura et la côte est dans état épouvantable, ce que personne ne nous avait signalé : trous profonds qu’on découvre au moment où on arrive dessus, déformations en tous genres, cahots. Chaque véhicule zigzague, si bien qu’il n’y a plus aucune règle de conduite. Le plus  » culotté  » passe à droite ou à gauche, ce qui une fois de plus entraîne une tension extrême de tous les instants.

La côte nord Pérou est réputée pour les passages de baleines et ses spots de nidification de tortues. Au petit port de Nuro..

..celles-ci viennent nombreuses dévorer les entrailles des thons et espadons que les pêcheurs leur offrent chaque jour, tandis que pélicans et frégates se disputent les restes.

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On peut même se mettre à l’eau pour nager avec elles, mais elle est trop trouble et nous y renonçons. Vraiment dommage !

En repartant nous longeons de nombreux puits de pétrole et de gaz fréquents dans cette région, preuve de la richesse du sous-sol péruvien.

La petite station balnéaire de Mancora que nous avions hâte de découvrir suite aux commentaires élogieux de Nat. et Jean, ces grands voyageurs que nous admirons, nous déçoit. Beaucoup de monde et d’étrangers dans des rues sales, bruyantes et poussiéreuses, avec un vent assez violent et des baleines …qui viennent tout juste de repartir vers le sud.

Le désert reste hostile ici aussi et les villages sont très sommaires.DSCN5776.jpg

C’est donc avec soulagement que, remontant plus au nord vers Tumbès, nous venons souffler au camping  » Swiss Wassi  » près de Zorritos. Nous sommes garés à 2m d’une plage de sable clair, plutôt propre, et entre des cocotiers. L’eau est chaude, enfin !…et nous sommes seuls une fois de plus…

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…avec les crabes oranges et un fou à pattes bleuesP1120103

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Seul petit problème, échoués sur la plage, des micro-organismes bleus ressemblant à des petites méduses, ce sont des voiles portuguaises ou Physalia physalis, nous inquiètent car ces charmantes bestioles peuvent être mortelles dans certains cas…Bruno se baigne avec attention.

Nous voyons aussi d’autres prédateurs…pauvre tortue!

 

La frontière avec l’Equateur n’est qu’à 2 heures de route.DSCN5806

 

Petit bilan péruvien :

Pays étonnant, changeant mais toujours renouvelé, le Pérou est assez peuplé et encore très rural. Il n’a manifestement pas conscience de ses possibilités, sans doute par manque d’éducation et peut-être en raison d’une nonchalance omniprésente qui n’incite pas de nombreux péruviens à prévoir l’avenir, ni même le lendemain.

Pourtant c’est un pays riche: en matières premières (pétrole, minerais et gaz),mais aussi

  • riche en produits agricoles (fruits tropicaux, maïs, riz, pommes de terre..)
  • riche en traditions et costumes colorés (dont des chapeaux magnifiques et variés)
  • riche dans la diversité de ses sites historiques ( dont certains sont vieux de 10000 ans). Il n’y a pas que le Machu Picchu, Cusco ou Nazca, car Choquequirao, Kuelap, pourraient devenir aussi renommés si la volonté politique s’intéressait à une bonne gestion de ce patrimoine unique.
  • riche en sites géographiques comme le merveilleux lac Titicaca, les canyons de Colca et del Pato, les montagnes aux 7 couleurs, les régions Amazoniennes, tout comme la majestueuse Cordillera Blanca

Nous avons rencontré des gens très accueillants et souriants, heureux de vivre, et curieux de nous rencontrer.

Le pays est très grand et on oublie que sa partie amazonienne est immense. La bande côtière, désertique en grande partie, nous a vraiment surpris, sans nous plaire vraiment. Hormis quelques sites historiques et la célèbre Nazca, nous en avons déploré les détritus omniprésents et la pauvreté latente.

Nous avons été frappés par la densité incroyable de montagnes vertes, ocres, multicolores, sablonneuses dominées par les neiges éternelles de la Cordillère Blanche. Les routes en suivent les contours sur des kilomètres par des pentes parfois très périlleuses, le long d’à pics vertigineux. Que de roches prêtes à dégringoler à tout moment !

Tremblements de terre, avalanches de boue et inondations se produisent régulièrement, détruisant villages, moyens de communication, et…vies humaines.

Néanmoins ce pays nous a beaucoup plu et nous y avons fait quelques magnifiques et inoubliables rencontres.

 

 

 

PEROU : de Cajamarca à Chachapoyas du 26 au 31 octobre

Lors du mois d’Octobre, nous roulons beaucoup, empruntant souvent des tronçons de route soit en très très mauvais état, soit longs, étroits, sinueux, et parfois vertigineux. Autant dire qu’on ne compte pas en kilomètres, mais en temps passé à circuler.

C’est dire aussi que nos rencontres avec les locaux sont brèves et éphémères.

Certaines sont bien épineuses et spectaculaires.

Néanmoins, chaque jour nous amène son lot de bonheurs insoupçonnés, souvent simples mais inoubliables, et beaucoup de sourires échangés.

Ainsi nous faisons une halte à Cajamarca, dans le jardin-camping de Ricardo, père de 3 filles, bien sympathique et de bon conseil.DSCN5186.jpg

La ville n’est pas désagréable, mais même sa tradition de fabrication de fromages (pâte cuite) ne nous retient, pas plus que ses sucreries.DSCN5139 cajamarca

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C’est sur la place centrale de Cajamarca que le dernier Inca Atahualpa s’est fait prendre dans un guet-apens tendu par l’Espagnol Pizarro. Celui-ci malgré ses promesses et le versement d’une énorme rançon d’or et d’argent l’a fait exécuter par strangulation

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On aurait aimé visiter les environs de ce Pérou de moyenne montagne si différent, si vert et champêtre,…

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…avec ses nécropoles précolombiennes, son aqueduc taillé dans la pierre 1500 avant JC, mais la route qui nous attend est si longue et difficile qu’il nous faut partir.DSCN5246

En 2 jours nous nous rapprochons de l’Amazonie nord-Pérou. La chaleur cogne au sein des montagnes arides où poussent des bougainvilliers sauvages, des manguiers, cocotiers, et même cacaoyers.

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Cela nous surprend d’autant plus que , passé un col à 3600m, nous voici dans le  » Massif Central « , très vert, pluvieux, avec des prairies où paissent des vaches. Pérou incroyable, et si changeant !DSCN5357

Mais aussi quel bonheur d’être enfin dans un Pérou PROPRE aux jolies maisons.

Nous nous arrêtons à Leimabamba, …DSCN5362…où une panne de courant met tout le monde dehors, créant ainsi une sérieuse animation tardive dans le village. Les Péruviens savent faire la fête en toutes occasions, ce qui perturbe parfois nos nuits. Mieux vaut éviter de se garer sur la place de village, ce que nous faisons pourtant pour des questions de sécurité !DSCN5388

Le petit musée joliment fleuri…DSCN5384…a été conçu par les habitants du secteur. Il regroupe les découvertes faites sur la culture Chachapoya (  » guerriers des nuages  » du sud-est des Andes), ainsi que les objets et momies découverts dans une nécropole abritée sous des rochers inaccessibles, au-dessus du lac  » los condores « .P1110796

Ce peuple d’agriculteurs, d’artisans, d’artistes et d’herboristes, était relié aux autres régions par de nombreux chemins dont certains existent encore.DSCN5387

Le culte des morts fut sans doute le thème le plus important de leurs activités religieuses. Pour être momifiés, les corps étaient vidés de leurs entrailles, puis une fois secs, les squelettes étaient attachés en position foetale, et placés dans un carcan de planches ou de toile, où un visage stylisé était peint. Les animaux y passaient aussi.

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L’ensemble était rangé dans des sortes de maisons adossées à des abris rocheux, très souvent déjà occupés pendant la préhistoire comme en témoignent les peintures rupestres des parois.

Ces morts étaient entourés de céramiques, instruments de musique, colliers, masques en bois, petits sacs tricotés et autres objets de leur quotidien terrestre.

D’autres villages plaçaient leurs morts dans de drôles de sarcophages verticaux peints, de 2,50m de haut, faits de bambous, terre et bois.

De loin, on dirait un peu les statues de l’île de Pâques.DSCN5825

D’autres statuettes nous rappellent quelque chose…hein mon vieux Milou?P1110726

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C’est sous la pluie, chose assez rare dans ce voyage, que nous nous enfilons dans la vallée encaissée, dont les arbres sont recouverts de broméliacées et d’orchidées violettes.

Notre seule crainte reste le risque d’éboulement de ces montagnes totalement instables. Nous restons vigilant, au cas où…, et sommes impatients d’arriver à la fameuse forteresse de Kuelap, but de cette grosse boucle de plusieurs jours que nous avons entreprise. Pas de chance pour nous, le téléphérique tout neuf qui traverse une vallée pour rejoindre ce site d’altitude (3000m), est en maintenance…les lundis !DSCN5427

Cela nous oblige à faire un long détour par une piste constellée de trous et parfois bien étroite.

Nous mettons plus de trois heures quand le guide du routard n’en annonce qu’une ! Bruno ne sait même plus où faire passer ses pneus, et le pauvre camping-car en voit une fois de plus de toutes les couleurs. C’est très éprouvant, demandant une vigilance constante pour la conduite et mobilisant notre attention à tous les deux (comme d’habitude). Heureusement on n’y croise peu de camions et de 4×4.

Kuelap (500 à 1570 après JC), ville fortifiée Chachapoya, située en haut d’une montagne verdoyante, mesure environ 600m sur 100m et se prolonge par une enceinte non dégagée d’un kilomètre.DSCN5513

Le mur de la citadelle atteint 20m de haut par endroits, et est percée de 3 portes d’entrée étroites, d’où partent de  hauts escaliers très raides.

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Les remparts s’achèvent par une tour de guet.P1110878

S’il est à regretter que les travaux de restauration soient quasi arrêtés par manque de moyens financiers, il est certains que cette forteresse mériterait d’être aussi bien remise en valeur que l’a été le Machu Picchu. Elle est encore envahie de végétation.P1110892

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Les maisons en pierres de 5m de diamètre avaient une forme circulaire recouverte d’un toit de roseaux pointu, afin de mieux lutter contre le vent et la pluie. Au nombre de 400 pour la ville basse, elles devaient former un ensemble spectaculaire.P1110836

Bâties toutes sur le même modèle, on peut observer un coin surélevé pour la nuit, et à l’opposé, une grosse pierre pour écraser les grains, une sorte de canal en pierres pour garder les  » cuyes », et dans le sol, un trou maçonné pour stocker les aliments, qui plus tard servira de tombe après la fin de cette civilisation.DSCN5481

 

Les maisons des guerriers sont beaucoup plus spartiates et ne disposent pas des aménagements pour la vie quotidienne. On les trouve aux extrémités de la citadelle.

Seules les maisons des élites, en partie haute, bénéficient de décorations symbolisant le serpent…

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…ou l’homme (bâton en pierre au centre du losange hi hi…) et la femme ( à côté bien sûr!).DSCN5475

Le temple (il y en avait deux à cette époque), est un monument tout à fait exceptionnel : il mesure 5m de haut et 13,50m de diamètre et il est appelé  » tintero « (encrier), sans doute en raison de sa forme, car la base est plus étroite que la partie supérieure, et qu’il contient une structure creuse en son centre accessible exclusivement par le haut et où étaient disposées les offrandes. On y a même retrouvé des ossements humains.

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Les Chachapoyas ont été envahis par les Incas parce que leur territoire donnait accès à d’importants produits pour leurs usages rituels (plumes, coton, coca, etc…). Aussi ont-ils fait alliance avec les Espagnols pour se libérer des Incas. Pourtant leur civilisation a fini par disparaître, à la suite d’une politique de déplacement des populations imposée d’abord par les Incas, puis par les Espagnols. Tout compte fait, cette visite commentée par une femme du village qui se dit  » guide  » nous déçoit un peu en raison de ses faibles explications, et de l’état actuel du site à demi en chantier.

Bien restauré, ce pourrait être fantastique avec en prime la spectaculaire montée en téléphérique ( sauf les lundis, bien sûr !).

Toute la région, aux fleurs si variées, est truffée de villages et mausolées ( « chullpas ») Chachapoyas – installés dans des cavités rocheuses quasi inaccessibles -, mais qui méritent le détour.

Hélas les pistes d’accès sont si mauvaises (aucun Péruvien n’aurait l’idée de combler tous les trous devant chez lui), que, dégoutés, fatigués, nous repartons rapidement vers l’ouest, sans même monter voir les sarcophages de Karajia accrochés à flanc de falaise. On aurait pu prendre un taxi, mais faute d’endroit sécurisé, nous ne voulions pas prendre le risque de retrouver notre véhicule cambriolé, ce qui est arrivé à d’autres.

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Une petite halte rapide dans la ville de Chachapoyas (2335m), nous permet tout de même de visiter un intéressant petit musée,…

…de goûter à son animation..P1110999

… et d’y faire des rencontres!

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PEROU : sur la côte, de Trujillo à Chiclayo, les sites archéologiques Moches du 21 au 25 octobre 2017

Si les longues plages de sable et de galets, alternant avec des falaises sablonneuses, ont peu d’intérêt, c’est parce qu’elles sont couvertes d’ordures et/ou de gravas, comme presque partout le long de la Panaméricaine et dans les villages côtiers.

Néanmoins, la station balnéaire de Huanchaco, paradis des surfeurs, échappe à ce désastre.

Ici les pêcheurs utilisent des barques en  » totoras « , sortes de kayaks de 5m de long, fabriqués en roseaux. Construits en 3 heures, ils sont périmés en un mois car imbibés d’eau de mer. Ces barques existaient déjà du temps des  » Moches  » qui en avaient même de 10m de long.

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Trujillo …DSCN4838…fait office de grosse oasis dans le désert côtier et son centre ville colonial conserve des maisons colorées aux grilles en fer forgé, ainsi qu’une cathédrale jaune mangue, bien flashy, qui a été repeinte à neuf pour la prochaine visite du pape.

 

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Aux abords de Trujillo, la  » Huaca de la luna  » est un temple religieux et funéraire au pied d’une montagne sacrée, le Cerro Blanco.DSCN4918.jpg

C’est une ancienne pyramide datant de la période  » Moche  » (2è au 8è s. après JC).

Elle fait face à la  » Huaca del sol « , centre politico-administratif qui ne se visite pas n’ayant pas été fouillée faute d’argent.

Entre les deux pyramides était établi le village où vivaient les artisans les plus renommés.DSCN4867

Cette  » Huaca de la luna  »  construite sur 5 niveaux entièrement en briques( dont chacune était signée par la famille qui les avait fournies)…

…présente de superbes bas-reliefs polychromes de divinités, d’animaux et de figures géométriques. Le thème de la mer est constant avec des vagues , des poissons et des méduses. On y voit des poissons- chat jaunes aux yeux blancs, une tête humaine avec des dents de félin, entourée de vagues et de 4 raies, l’ensemble constituant la représentation d’un dieu de la montagne.DSCN4841

C’est très surprenant car tout est fabriqué en briques, sauf les nez en relief, qui sont armés d’un os de fémur.

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La place cérémoniale très colorée montre des danseurs et des musiciens, des guerriers, des prisonniers nus, des araignées, des serpents…P1110409DSCN4890

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Selon un calendrier cérémoniel particulier, à chaque changement de chef, les  » Moches  » rajoutaient un niveau ainsi qu’une paroi supplémentaire, ce qui enterrait totalement et définitivement le précédent. C’est pourquoi ces bas-reliefs ainsi que les tombes et les objets qui y étaient déposés, ont été si bien conservés, échappant en partie aux pilleurs.

La société Mochica était sophistiquée et très organisée. Le pouvoir politique était étroitement lié à la religion et à l’administration des ressources. Les prêtres, leaders de la société organisaient la vie dans la ville et le travail des artisans, très considérés car reconnus pour la finesse et la qualité de leur travail. Les prêtres contrôlaient architectes, ingénieurs, peintres, potiers, métallurgistes et orfèvres.

Cette société n’avait rien à envier aux Incas qui les ont suivis. Pour asseoir leur pourvoir, les prêtres ingéraient des substances leur permettant d’entrer en transe et de se dire en contact avec le monde supérieur et celui des morts.

Ils organisaient également des combats en choisissant dans les familles, de jeunes hommes de 18 à 30 ans. Ces joutes avaient pour objet de faire tomber d’un coup de massue le casque de   » l’ennemi « . Le vainqueur déshabillait alors totalement le vaincu, s’emparant de ses effets. Ce dernier était ensuite encordé au cou et parqué dans une pièces spéciale. Après lui avoir fait ingurgiter une décoction de cactus  » san pedro  » (au double effet hallucinogène et…petite pilule bleue !), il était conduit avec les autres vaincus devant le grand prêtre (  » sacerdote  » ), lors d’une grande cérémonie. C’est là que ce dernier lui tranchait la tête avec un simple couteau de cuivre arrondi, mais bien affûté, versant le sang dans une coupe pour, parfois le boire, ou plus généralement l’offrir aux dieux : le sang versé étant le symbole de la fertilité humaine à l’instar de l’eau au profit des cultures. Les ennemis des  » Moches  » subissaient bien sûr le même sort.P1110392P1110379

L’université de Trujillo qui gère le chantier a construit un musée exposant des quantités de céramiques toutes plus réalistes les unes que les autres, et d’une qualité exceptionnelle.

 

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Les  » Moches « , n’ayant pas d’écriture, comme les Incas, celles-ci avaient un rôle éducatif en raison des dessins contant les scènes de batailles ou de la vie courante. Qu’elles soient si bien conservées ou restaurées est tout à fait remarquable.P1120147

Nous sommes conquis par ces peuples guerriers mais aussi cultivés, qui échangeaient des marchandises avec le Chili et l’Equateur et qui étaient capables de réaliser des bijoux d’une très grande finesse comme ces boucles d’oreille ou encore cet « Atuendo », vêtement d’apparat.

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La côte recèle de très nombreuses pyramides dont beaucoup ne sont plus que des monticules de terre, hélas profanés de longue date. Mais les pillards ne peuvent parvenir au coeur des plus importantes qui restent donc inexplorées ( plus de 200 nous a-t-on dit).

 » El Brujo « , proche de la mer, se présente comme la  » Huaca de la luna « , mais avec des frises moins restaurées, mais non moins belles.

On y compte 7 niveaux et c’est à cet endroit que des archéologues ont trouvé la momie de la  » Dame de Cao  » dont les membres sont couverts de tatouages d’araignées et de serpents sans qu’ils en comprennent l’explication.P1110549

Agée de 20 à 25 ans, elle est morte en accouchant. Des experts anthropologues ont recréé son visage en cire à partir de son crâne.

De superbes objets ont été trouvés sur elle et dans sa tombe, prouvant son rang social élevé.

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Environ 200 km plus haut, au nord de Chiclayo, une ville aux rues sales et défoncées…DSCN5064.jpg… qui nous évoque l’horrible Juliaca du sud, nous trouvons avec difficulté, le musée pourtant réputé de  » las tumbas reales de Sipan  » à Lambayeque. Bien sûr, il n’y a ni noms de rues, ni panneaux indicateurs.

Ce musée est consacré au site funéraire pyramidal situé non loin à Sipan. Il s’agit des tombes du  » seigneur de Sipan  » , d’un  » Sacerdote  » (grand prêtre), et du « vieux seigneur  » (père ou grand père). Le contenu est d’une richesse incroyable et les archéologues ont réussi à restaurer une grande partie des objets destinés à accompagner ces morts prestigieux dans l’au-delà. Hélas le pauvre  » seigneur de Sipan  » gît désormais  » nu « , les os en petits morceaux dans un cercueil de verre !P1120218

Quel destin !!

Les  » Moches  » portaient d’imposantes boucles d’oreilles après avoir troué largement leurs lobes.

Et chose curieuse,  ils portaient des pinces à nez décoratives, sûrement peu pratiques pour se moucher !

Nous découvrons aussi l’utilisation de pinces à épiler…la barbe….P1110637

…de gros colliers en or, tous plus originaux, gros et raffinés les uns que les autres…

Les artisans  » Moches  » savaient fabriquer des visages en or creux, parfois avec des dents de félin et de coquillages incrustés d’une finesse inimaginable, des masques, des étendards…

 

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Les hommes portaient des pectoraux et des bracelets en fines perles de corail et/ou d’or et d’argent, de turquoises…

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Une seule perle fait 2mm de diamètre:

et des plaques en or pour protéger reins, hanches et coccyx.

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Nous n’en finissons pas d’admirer des objets magnifiques, de nouvelles céramiques,..

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… et la reconstitution grandeur nature des tombes ou de scènes de la vie quotidienne.P1120200.jpg

Le seul problème c’est l’interdiction de prendre des photos, c’est pourquoi nous achetons des livres illustrés à défaut de mieux, subjugués après plus de 3 heures de visite.

Un dernier musée nous conduit plus au nord à Ferrenafe, petit bourg aux rues aussi impraticables que les autres villes du secteur. Nous sommes seuls dans ce musée dédié à la civilisation Sican plus récente, du 8è au 14è s. après JC, et située vers Lambayeque.

Ici sont présentées des reconstitutions de la vie quotidienne, du travail des métallurgistes, des potiers et orfèvres et surtout des tombes qui se trouvaient dans des pyramides situées non loin…P1110645

Si les poteries sont moins raffinées que celles des  » Moches « , cette civilisation a disposé d’une bonne technologie en métallurgie, économie, agriculture et irrigation permettant de développer les cultures des vallées côtières déjà arides à cette époque, car  » el nino  » était déjà actif. Les scientifiques ont d’ailleurs démontré que pendant cette période avaient eu lieu d’importantes hausses de températures accompagnées de sécheresse, et là, on ne peut accuser la production de CO2 de nos usines et véhicules…P1110556.jpg

Les vitrines montrent aussi le riche contenu des tombes, mais le manque de moyens financiers  a limité les restaurations. Pourtant il y a de belles pièces comme ce  » gran tocado ceremonial « ,magnifique masque de cérémonie orné de 80 plumes d’or…

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…ou ces objets en or.

Pour remplacer le cuivre, ils ont inventé le bronze arsenical développant ainsi l’âge du bronze sur la côte nord du Pérou.

Leur civilisation a connu son apogée entre 900 et 1100 après JC, mais ils ont disparu à partir de 1375, conquis par les  » Chimus  » (12è-15ès). Ceux-ci étaient des techniciens hydrauliques expérimentés, et d’excellents cultivateurs. Leur capitale était Chan Chan à côté de Trujillo. (que nous n’avons pas pu visiter en raison de l’heure tardive de notre arrivée). Comme les autres peuples de ces régions, ils ont été conquis par les Incas avant que les Espagnols ne s’imposent au 16ès.

La tête remplie de toutes ces magnifiques images, nous repartons vers le sud, mais pour obliquer en direction des montagnes vers Cajamarca et Chachapoyas (région Amazonas).

 

 

 

PEROU : la Cordillère Blanche du 11 au 20 octobre 2017

Les sommets de la Cordillère Blanche, entre 5200 et 6768 m pour le Huascaran, le plus élevé, DSCN4521

constituent la plus haute chaîne de montagnes tropicales au monde et la seconde chaîne la plus haute après l’Himalaya. A partie de la vallée de Huaraz, nous explorons pendant une bonne semaine les routes touristiques qui traversent la  » Cordillera Blanca  » et allons voir à l’ouest les  » Puyas Raimondi « .DSCN4546

Cette plante unique au monde de la famille des ananas vit une centaine d’années et meurt après son unique floraison, mais sa hampe florale peut atteindre 12m.

Ainsi partons nous de Carhuaz d’où l’on aperçoit bien les montagnes, jusqu’à San Luis.DSCN3777

Excellente route, exceptée la difficile traversée du village de RARAMAYOC source de sueurs froides où il ne faut pas faire d’erreur de conduite.

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Il faut de la constance pour poursuivre le trajet, mais l’arrivée à Punta Olimpica  (4890m) est tout à fait sublime.  (mais les chips n’aiment pas l’altitude!)DSCN3896

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Nous sommes entourés de glaciers qui descendent des fameux massifs :

Huascaran,DSCN3868

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Chopicalqui,DSCN3866 chopicalqui

Contrahierbas,

Ulta et Tsukllaraju.

Au-delà du tunnel de 1k 300,P1100858 de petits lacs colorés agrémentent la descente,

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malgré les pierres qui parsèment la route.

Nous admirons les autres versants des sommets Ulta et Contrahierbas tout aussi blancs.

Nous y prendrons un petit déjeuner, seuls, au retour sur fond de sommets encore plus dégagés. Et il ne fait pas froid:DSCN4079 10-14

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Par contre, malgré un beau paysage, la route devenue piste nous secoue sérieusement avant d’arriver à San Luis en raison de nombreux éboulements récents.

Sur le conseil de Miguel, rencontré à Huaraz, nous allons jusqu’au sanctuaire de Pomallucay situé 12 km plus loin, et en faisant une pointe à 17km/h pour une moyenne de 5km/h tant la piste est défoncée.

Ici viennent de nombreux pèlerins.

Nous arrivons au moment d’une grande fête organisée par l’association Jean Bosco présente dans ce village.

Depuis Caraz, nous montons côté ouest sur la  » Cordillère Noire « , à la découverte des fameuses Puya Raimondi.

La petite route de la largeur du camping-car monte à 4300m par une série d’épingles à cheveux excessivement à pic et non protégées. Non entretenue et fréquentée malgré son étroitesse, cette route se transforme rapidement en trous profonds et caillasses que Bruno essaye d’éviter en vain.DSCN4265

A mi-hauteur, nous traversons une drôle de mine de charbon, veine noire exploitée à même la pente au péril de la vie des mineurs.

Mais les points de vue sont une fois de plus extraordinaires sur la vallée et les montagnes.

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Il nous faut 2h30 pour atteindre enfin, très lentement, l’ancien bois de ces plantes uniques au monde (appelé Winchus).

Déception ! Toutes sont noires et nous supposons qu’il s’agit de la mort de ces fleurs après floraison, même si on jurerait que certaines ont été sciemment brûlées par les bergers.

Par chance on finit par en apercevoir une qui commence sa floraison, tandis que des « jeunes » prendront un jour la relève.P1110146 (2)

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Néanmoins, cela valait la peine de découvrir ces  » monstres  » floraux, même si nous pensons avoir fait là une  » route de la mort  » bien plus périlleuse que celle de Bolivie si connue. Avec un sol montagneux aussi instable, uniquement composé de terre et de galets, dans une région aussi exposée aux tremblements de terre, tout peut dévaler en un rien de temps comme cela se produit assez régulièrement ici.DSCN4272

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« Tu es fou mon vieux Milou de prendre des routes pareilles « . Bruno est un as du volant quand on voit l’étroitesse de la  » route  » et l’improbabilité de passer certains tronçons défoncés: on touche, on tangue, on racle…mais on passe.

A Caraz, nous stoppons au camping à la ferme  » Guadalupe  » très champêtre et agréable.

Nous partons à trois camping-cars vers le lac Paron situé en haut d’une grande faille montagneuse.DSCN4528 faille vers lac paron

Patricia, José et leurs deux enfants, rencontrés à Cusco et Nazca, Frédéric et Adeline, venus de Martinique avec leurs deux filles, nous précèdent. Nous  » escaladons  » la piste : horriblement caillouteuse, on passe certaines zones caillou par caillou, et nous devons foncer dans les multiples virages en épingle à cheveux bien serrés. Il faut se cramponner, et nos engins souffrent de poussière, cahots et torsions. Bien que dubitatifs, nous l’avons faite cette sacrée piste ! …

…mais quelle récompense arrivés en haut à 4140m.

Le grand et joli lac Paron (3km), turquoise,P1110258 est encadré par le Huandoy (6395m),

DSCN4418 huandoy 6395m

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le Caraz (6025m),DSCN4411 caraz

Au fond l’Artesonraju (6025m),DSCN4536 artesonaju

la Pyramide (5885m), P1110214

le Chacraraju (6112m), P1110228

et le Pisco (5752m), non on n’a pas bu !….rien que ça : c’est royal !!.DSCN4426

Philippe, un autre voyageur Suisse qui était au camping nous rejoint.P1110194 Après une balade le long du lac, nous passons une excellente nuit sur le parking, et même pas froid.

Pour nous deux aucun problème d’altitude une fois de plus, même en grimpant jusqu’au mirador situé plus haut au bout de gros éboulis instables.

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Seul problème, des petites mouches dont les piqûres font de gros boutons qui ne demandent qu’à s’infecter. Mais on résiste.

Nous redescendons tous au camping, pierre après pierre , pour un repos bien mérité…du pauvre camping-car torturé ! Heureusement , un apéro à la bière Cusquena termine en beauté la soirée.

Le lendemain Frédéric et Jaime, le propriétaire nous préparent un délicieux barbecue de porc et d’agneau.

Nous gardons un merveilleux souvenir de ce Pérou profond et nature que nous venons de sillonner de part et d’autre de la majestueuse  » Cordillera Blanca « , ainsi que de la découverte de la culture Chavin. Les Péruviens sont gentils et accueillants, même si quelques paysans ou bergers restent totalement éberlués de nous voir passer. La plupart répondent à nos sourires de  » gringos « .

Dans un village, halte d’une nuit, une petite fille vient nous demander avec curiosité  » c’est une ambulance ?  » en parlant du camping-car. La visite de notre  » casa rodante  » lui décroche un sourire jusqu’aux oreilles et nous vaut une salve de questions.P1110028

De cette chaîne exceptionnelle de montagnes entre 6000 et 7000m, nous resterons totalement impressionnés, regrettant de ne pouvoir y faire des treks faute de temps et puis nous jouons la prudence car l’altitude au-delà de 4500m peut être éprouvante pour l’organisme.

Il est flagrant que les glaciers fondent à la vitesse grand V et que d’ici 20 ans, beaucoup auront disparu. Cela nous désole.

Cette   » Cordillère Blanche  » fait face à la  » Cordillère Noire  » et elles se rejoignent à quelques mètres l’une de l’autre au canyon  » del Pato « . C’est l’impressionnante route que nous empruntons pour rejoindre la mer à Trujillo.

La descente est constituée d’une longue série de tunnels à une voie, souvent en courbes.

Il vaut mieux ne pas y croiser trop de véhicules car nous n’aimons pas beaucoup les virages en marche arrière au raz du vide (beaucoup de Péruviens avancent car ils ne savent pas faire de marche arrière !).DSCN4625.jpgDSCN4619

L’eau marron du Rio Santa bouillonne entre deux falaises extrêmement rapprochées ou entre des à pics colorés d’orange et de noir.

Les veines de charbon sont exploitées artisanalement.

On se sent vraiment perdus au bout du monde minéral où il ne fait pas bon s’arrêter, les cailloux et rochers pouvant tomber à tout moment.

Cependant les paysans qui vivent là pauvrement arrivent à cultiver des manguiers, avocatiers prolifiques et des bananiers, malgré (ou grâce ?) un fort vent chaud qui s’engouffrent dans toute la vallée jusqu’à Carhuaz.

Quelques petits barrages fournissent un peu de l’électricité.

Toute cette région jusqu’à la mer a subi de gros dégâts dus à des tremblements de terre et, cette année, en mars, d’énormes inondations ont ravagé les villages qui ont encore du mal à s’en remettre.

Pourtant la vie reprend ses droits : les plantations de coton, maïs, légumes, de riz et de fruits (fraises et fruits de la passion notamment), se succèdent, mais les Péruviens nous semblent avoir la main beaucoup trop lourde sur les engrais et les pesticides.

Le retour sur la côte nous replonge dans le désert aride, bien que cultivé par endroits (asperges, canne à sucre ).

Y poussent aussi de nombreux et méchants dos d’âne qui détruisent les suspensions des véhicules !

 

Mais ce sont les sites archéologiques  » Moches  » (lire motché) et  » Chimus  » qui nous attirent…