Tout le long de l’embouchure du fleuve Chone, s’égrènent des bassins de crevettes. C’est une industrie qui marche.
C’est un peu le pays de cocagne pour l’agriculture où se mêlent manguiers, bananiers plantains, cacaoyers, grasses prairies où paissent des vaches noires et blanches de type hollandaises. La forêt a été bien déboisée.
Nous faisons une halte nocturne bien sympathique devant un restaurant dont les propriétaires nous expliquent la nonchalance des Equatoriens, qui ayant tout n’éprouvent pas le besoin d’aller de l’avant. Ils déplorent la mauvaise gestion des exportations comme par exemple le cacao, et la formation insuffisante des jeunes à l’école qui ne les forme pas à l’esprit d’innovation.
Ayant rejoint la vallée centrale , ultra construite, nous allons jusqu’au Parc du volcan Cotopaxi (5897m). Après les sapins vient le » Paramo » , 3800m, sorte de steppe à perte de vue,où poussent de jolis » quilotas », et d’où émergent les volcans. Ils sont encore actifs.
Il ne fait pas chaud. Notre Iveco avale la piste noire qui grimpe au parking du Cotopaxi ;
elle est difficile, très ondulée et pleine de trous. Elle ressemble à des vagues et Bruno doit passer en force en 1ère. Du reste, nous ne pouvons pas franchir l’ultime virage tellement il est creusé, pentu et serré, certains 4X4 ne s’y essayant pas non plus se garent à côté de nous.
Heureusement nous sommes presque arrivés.
Nous montons à pied en une heure par un sentier de lave en zigzag, jusqu’au refuge José Rivas situé à 4800m. C’est le plus haut volcan encore en activité du pays, et l’un des plus hauts du monde. Il s’est réveillé en août 2015, crachant un panache de fumée et de cendres hauts de 8 km provoquant l’évacuation de milliers d’habitants.
Pour nous, le souffle est court, les arrêts nombreux, mais nous arrivons tout près du glacier. Le chocolat chaud est le bienvenu.
Nous ne poursuivons pas jusqu’à la glace, car hélas les nuages sont aussi de la partie, se transformant bientôt en orage et grésil. Alors nous redescendons très prudemment dans le brouillard.
Le lendemain nous faisons une jolie boucle routière le long des volcans jumeaux Ilinizas (5126m et 5248m)…
… pour rejoindre la fameuse laguna » Quilotoa « . Il s’agit d’un lac de cratère remarquable.
Nous nous contentons de l’admirer depuis un banc à l’écart du village qui est en pleine extension touristique.
Nous n’avons pas vraiment envie de descendre au bord de l’eau, constatant l’épuisement de ceux qui en remontent. Moment de plénitude…
…tandis que des enfants rentrent joyeusement de l’école en longeant le bord du cratère.
La fin de la boucle routière longe le surprenant canyon du rio » Toachi » et les cultures s’étagent partout en délicats patchworks jusqu’en haut des montagnes.
Les villages éprouvés fortement par les tremblements de terre n’ont plus aucun charme.
Ici, les clôtures sont en cactus comme dans le nord du Chili.
La vallée centrale est décidément trop construite…
Le jour suivant depuis la ville d’Ambato,…… nous bénéficions d’un soleil radieux pour faire une autre boucle : le tour du spectaculaire Chimborazo (6310m), sommet le plus haut de l’Equateur.
C’est là que nous remarquons que le Cotopaxi fume . Dire qu’on en n’avait rien vu en grimpant dessus !
Le Chimborazo est aussi une » belle bête » qui se fait de plus en plus imposant au fur et à mesure que nous nous en rapprochons ayant traversé encore de bien jolies campagnes.
C’est un volcan isolé dominant un désert ressemblant à l’Altiplano bolivien, domaine des vigognes.
Nous l’auscultons sur presque toutes ses faces, admirant l’énorme couche de glace qui le recouvre.
Il est considéré comme » endormi « . Une piste facile et large mène au premier refuge ( Carrel) à 4800m d’où la vue est très étendue.
Le sentier qui mène au deuxième refuge ( Whymper), 600m plus haut, est constellé de tombes en son début.
C’est une ascension qui ne pardonne pas et ce sont souvent des jeunes qui ont perdu la vie dans cette montagne !!
Nous rejoignons la neige et dépassons le refuge jusqu’à un petit lac rosé situé à 5100m.
Nous sommes seuls et là il ne fait pas trop froid : la montagne nous appartient !
Marie-Anne aperçoit deux alpinistes, partis établir un campement plus haut. Eux vont vraiment » faire » le Chimborazo, une épreuve redoutable à cette altitude.
Les nuages arrivent en cette fin d’après-midi comme pour nous inciter à redescendre sans regret dans la vallée centrale de Riobamba.
La ville est importante et cernée de volcans. Outre le Chimborazo, il y a non loin l’Igualata (4430m), l’Altar (5319m)
et le très jeune Tungurahua (5023m), volcan le plus impétueux des Andes à ce qu’on dit. C’est un strato-volcan de type strombolien dont la dernière éruption date de 2014.
Mais c’est vers lui que nous nous dirigeons en soirée, par une petite route bien plus agréable que l’autoroute centrale nord sud qui va de Quito à Cuenca. Nous avons décidé de remonter par l’Oriente amazonien.
Nous dormons face au Tungurahua, mais cerné d’une écharpe de nuages, il se tient tranquille.
Alors que le lendemain nous roulons dans la cendre, un camionneur nous arrête et nous dit » mais comment êtes-vous arrivés là ? « . La petite route, qui ne figure même pas sur nos cartes, n’est que lave noire.
Les villages y sont accrochés…jusqu’à la prochaine éruption. La terre y est particulièrement fertile et généreuse.
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