MEXIQUE : Yucatan du 6 au 24 mai 2018

A nous le Mexique, dernier pays de langue espagnole de notre long périple.

Ce qui nous surprend d’emblée, ce sont ces 2 km de murs de béton et barbelés qui l’en sépare du Belize…IMG_1017 05-06 MEXIQUE

L’entrée au Mexique n’est pas des plus simples, avec en plus un contrôle sanitaire, où sont refoulés viande, fruits, légumes, et une fumigation payante. Avec une patience angélique, tout se passe bien. Et voilà, nous sommes au Yucatan !IMG_1020

Surprise : centre commerciaux modernes, supermarchés où règne l’abondance, larges avenues et  » topès « , ces dos d’âne en tous genres, usants pour les nerfs et détériorant la mécanique. Ils ne sont pas toujours signalés (ou l’ont été un jour…avant).

C’est à Chetumal dans un camping sur la côte est, que nous nous installons.

C’est joli, calme (car ce n’est pas le week-end), et la piscine, bien agréable.IMG_1027

Nous la préférons à la mer, dont le fond blanc ressemble à une pâte glaiseuse dans laquelle les pieds s’enfoncent. Beurk !IMG_1030 05-07 chetumal camping

Cette mer Caraïbe, bien que chaude, turquoise, n’est toujours pas le rêve espéré, même au Mexique. La chaleur devient vite constante et fatigante. Nous DE-GOU-LI-NONS, même en sortant de notre douche.

Les moustiques pénètrent malgré les moustiquaires. D’ailleurs le soir nous prenons l’habitude de laisser un bon moment nos fenêtres ouvertes, moustiquaires en place, afin de faire baisser la température à 30° si possible, toutes lumières éteintes. C’est l’occasion d’un apéro. Après quoi nous fermons tout pour dîner, petit ventilo branché, et …RE-TRANSPIRONS à grosses gouttes. Là, la chasse aux moustiques vicieux, et hélas très rapides, commence car les répulsifs locaux ou français sont justes bons à nous empoisonner (mais pas les moustiques !).IMG_2997.jpg

Nous constatons avec étonnement que le wifi au Mexique est d’une instabilité remarquable. Cela expliquera notre incapacité à envoyer les blogs du Guatemala et du Bélize en temps voulu. Mais nous ne nous décourageons pas pour autant.

Nos journées vont dès lors être bien remplies entre longs trajets, visites sans fin de sites et envies d’aller nous baigner.

Le Yucatan qui ferme le golfe du Mexique face à Cuba et à la Floride, nous étonne par son aspect plat, boisé avec sa végétation de faible hauteur et touffue, et ses quantités de prairies bordées de haies, appartenant à des  » ranchos  » ou des haciendas. Vastes marais au nord, collines au sud ,   » Puuc « , qui n’ont pas plus de 300m…on ne peut pas dire que ce soit une  » jolie  » région.

Les routes généralement toutes droites sont plutôt monotones et semblables…

…malgré la pleine saison des splendides flamboyants qui apportent un peu de couleur.

Par contre cette vaste plaine repose sur un immense réseau d’eaux souterraines, plutôt au nord et à l’est, creusé naturellement dans des roches calcaires.

Les   » cénotes  » sont des bassins d’eau cristalline, parfois à ciel ouvert comme les  » dos ojos « (près de Tulum).IMG_1131

D’autres se sont formés dans des grottes souterraines où baignent stalactites et stalagmites.

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On y descend par de minuscules escaliers pentus et étroits s’enfonçant dans le sol.

Beaucoup de  » cenotes  » sont privés et l’eau est souvent pompée par les propriétaires des  » ranchos « .IMG_1488

Les plus populaires ont été aménagés avec des pontons. L’eau y est un peu fraîche, véritable miroir où le bain est un délice.

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Des boyaux qui se prolongent sous terre permettent aux amateurs de plongée d’aller se faire quelques frayeurs. Le snorkelling est suffisant pour déambuler sans risque au milieu des concrétions englouties. Des poissons noirs ou beiges, genres poissons chats viennent nous effleurer.

L’immense lac Bacalar est quant à lui, une merveille.  Situé au sud, tout près du Bélize et de Chetumal, ce lac bordé de mangroves fait l’unanimité : petit paradis de carte postale,   » aux 7 couleurs « .

Nous faisons une halte extra au  » balnéario buenavista  » où, garés au ras de l’eau, seuls, nous avons le lac pour nous. Un moment de repos très appréciable.

Un petit tour à Majahual sur la mer Caraïbe nous fait vite regretter le Bacalar.IMG_1086

Algues nauséabondes, et nuit très perturbée par 3 femmes ivres, garées volontairement le long de notre Iveco, musique à fond de tuba, bandonéon et voix hurlant faux jusqu’à 4 heures du matin. Au réveil, si tant est qu’on ait pu fermer l’oeil, nous voyons le sol jonché de boîtes de bière. Les Mexicains ont   le  » baffle  » facile et puissant toute la semaine !IMG_1373.jpg

Pourtant, le  » malecon  » est bien mignon, et nous y photographions de curieux oiseaux pour qui les algues ne semblent poser aucun problème.IMG_1074

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C’est toute la côte est et nord du Yucatan qui est envahie d’algues…de touristes…et d’hôtels. Nous compatissons en regardant ces employés qui, à longueur de journée évacuent des brouettées pour nettoyer la plage…en vain. IMG_1119.jpg

D’autant que les tortues y pondent des oeufs dans certains secteurs, ce qui interdit un nettoyage plus « radical ».Tout bain de mer est impossible.Inutile de chercher un coin tranquille, et ça sent mauvais.La côte est privée et dangereuse pour nous : 2 touristes se sont fait tuer à Cancun, malgré la vigilance de la police.

Alors l’est du Yucatan, il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant d’y partir en vacances !

Beaucoup de voyageurs n’y font que passer comme nous, comme le couple et leur petit garçon qui vont en Alaska façon rétro.IMG_1118

Heureusement il reste les sites archéologiques, et à part Tulum situé en bord de mer,( au sud de Cancun que nous évitons, car trop touristique), tous sont pour nous l’occasion de découvrir des chemins de traverse qui nous ont menés notamment jusqu’à la côte nord à Rio Lagartos.

C’est un petit port de pêche qui a conservé quelques maisons traditionnelles.

Il dort le long d’une lagune peu profonde, bordée de mangroves.

Des centaines de flamands roses y vivent en colonies et nous partons les admirer un soir à bord d’une  » lancha « .P1220117 (2)

Le calme y est absolu. Nous y voyons même une limule.

Mais mieux vaut ne pas se baigner car c’est aussi le paradis de quelques crocodiles, nous dit-on.

Retour sous un ciel superbe et menaçant avec un bel orage sur la mer.

Le lendemain, la lagune est resplendissante.

Un peu plus loin, une usine ultra mécanisée, extrait du sel. Les bassins rosés ont donné le nom de  » las  coloradas  » au petit village de pêcheurs construit le long de la plage.

Certains touristes se recouvrent d’une boue blanche, bonne pour adoucir la peau, nous dit-on. Petit jeu auquel nous ne nous adonnons pas.IMG_1334 Nous aurions préféré pouvoir tester la mer turquoise du golfe du Mexique qui commence par ici: elle est un peu ventée et hélas jonchée de détritus peu engageants.

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Que cela ne nous empêche pas de fêter l’anniversaire de Bruno !IMG_1363

Si, si, il fait encore 38°!

C’est un peu plus tard que nous changeons nos 6 pneus  » un peu usés  » après 48000km de routes incertaines, vite remplacés par les 6 pneus neufs stockés depuis notre départ dans notre soute.

Nos prochains trajets seront pour les sites archéologiques. Le Yucatan est un fief maya dont les descendants ont conservé langues et habitat.

Nous avons déjà un aperçu de leur civilisation avec la visite de Tulum, bien que nous ayons été chassés par les gardiens qui ferment le Parc dès 16 heures…il fallait le savoir !

Le soir, des centaines d’ iguanes montent la garde.

Cette forteresse unique, en bordure de mer Caraïbe, est entourée d’une petite muraille de 3 à 5m de haut.

C’est de là que les Mayas ont assisté à l’arrivée des premiers espagnols en 1518.

Ce site est de style maya-toltèque, c’est à dire que les bâtiments prévus pour durer 52 ans, soit un siècle pré-colombien, étaient recouverts de stuc de couleur bleu, blanc, et rouge. Ce devait être splendide.

Ici on peut voir une habitation construite au-dessus d’un petit  » cenote « .IMG_1093

A l’intérieur de l’enceinte sacrée, on découvre de petits temples…

…pas de grandes pyramides, mais un  » castillo « , temple religieux…IMG_1110 détail castilloP1210981

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…redécouvert au 19ème siècle…P1210995

…et des palais pour les nobles.

Tulum fut l’une des dernières cités mayas.

Il y a de très nombreuses villes mayas disséminées dans toute la péninsule, la plupart encore enfouies dans la végétation tropicale. Ces cités ont été modifiées au cours des siècles, mais leur splendeur et leur prospérité se situe plutôt entre 600 et 900 après JC.

Les Mayas, dont on a recensé 31 langues, certaines toujours parlées, avaient des connaissances approfondies en écriture, et certaines femmes nobles étaient scribes. Néanmoins peu de traces subsistent car les Espagnols ont hélas détruit la quasi totalité des codex (manuscrit composé de feuilles assemblées, un peu comme les pages d’un livre). Seuls 4 d’entre eux ont échappé à l’autodafé car retrouvés ultérieurement dans des tombes. Ils sont actuellement conservés en Europe.

Les palais étaient couverts de délicates peintures murales, bien que beaucoup ne soient plus visibles, car détruites par l’humidité ou les graffitis que les mexicains aiment à faire un peu partout. Elles sont désormais protégées.

L’organisation sociale des Mayas était très structurée. Autour du dirigeant de       » sang divin « , un gouvernement incluait des nobles, chefs de guerre, et aussi des prêtres. Ceux-ci, hommes  » de savoir « , disposaient de connaissances du cosmos permettant, par des rituels et des cérémonies, de pérenniser la vie de la société et de maintenir l’équilibre de l’univers. Ils avaient la charge d’administrer et de réguler les activités économiques, comme les cycles agricoles, la production artisanale et le commerce.

Si les Mayas avaient une fonction bien définie de guerrier, de bâtisseur, d’agriculteur ou de commerçant, tous s’avéraient néanmoins soucieux de leur corps. Ils  se faisaient des coiffures, utilisaient des peintures sur le corps et le visage, modifiaient, pour les nobles, la forme de leur crâne, tout en se créant un strabisme volontaire, sans oublier des décorations sur les dents (perforation et taille), des scarifications, des tatouages et des perforations dans les oreilles, ainsi que dans les narines, ce qui leur donnait une identité culturelle et une appartenance sociale.

Plus tard les Toltèques, féroces et cruels guerriers, nous disent les guides, les ont envahis, modifiant certaines de leurs pratiques coutumières et religieuses.

Les peintures, sculptures et bas-reliefs retrouvés par les archéologues, montrent que cette civilisation était forte en astronomie et performante en mathématiques. D’ailleurs si leur  » siècle  » correspondait à 52 ans, le calcul astronomique d’une année était tellement précis qu’il est extrêmement proche de notre calcul actuel, et encore plus fiable que les astronomes de la fin du 19è siècle. Une performance étonnante. Ils ont pourtant prévu la fin d’une ère au 21 décembre 2012, s’agissait-il de la fin du monde ?.. d’autres l’ont bien cru pour l’an 2000 ! Mais soyons rassurés, ils ont aussi établi un calendrier très compliqué, basé sur des cycles illimités dans le temps.

Pendant leur période de splendeur, ils construisaient des pyramides toujours orientées selon les 4  points cardinaux et la position des constellations.

Rien n’était fait par hasard, le gouverneur veillait au bon déroulement de l’ordre des choses avec l’aide de ses prêtres ( sacerdotes) et de ses fonctionnaires. La période dite classique 250 à 900 après JC a vu les échanges inter-cités se développer fortement en raison de la construction des  » sacbés « . Ce sont des routes de 9m de large sur-élevées à hauteur de genoux, réalisées en pierre calcaire damée et qui étaient tellement blanches qu’elles permettaient aux Mayas du Yucatan, de les emprunter aisément la nuit où il fait moins chaud. Certains axes faisaient plus de 100km et la plupart du temps étaient totalement rectilignes. Autre performance !IMG_1063

 

 

 

 

MEXIQUE : sites archéologiques du Yucatan du 6 au 24 mai 2018

COBA : pas très loin de Tulum, en pleine forêt, est entourée de 5 lacs ( à crocos).

Elle a sans doute été la ville la plus puissante du nord Yucatan entre 600 et 800 après JC, et un centre de communications très important, grâce à un bon réseau de  » sacbés « . Au sein de ses 70 km2 ont été recensés 6500 bâtiments dont très peu ont été restaurés et c’est pourquoi nous utilisons un tuk-tuk pour la visite.IMG_1211.jpg

Coba a contrôlé le commerce maritime, fournissant même en sel la ville de Tikal (Guatemala). Elle était abandonnée avant l’arrivée des Espagnols et fut redécouverte au 19è.

La pyramide Nohch Mul (42m) est une des plus haute de la région avec ses 113 marches.

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Le  » juego de pelota  » a conservé ici ses anneaux en pierre qui ailleurs pouvait être en bois. Ce jeu constituait un rite important, la balle en caoutchouc (pelota), symbolisant la course quotidienne du soleil dans le ciel, mais aussi la bataille entre le bien et le mal. Mais il remplissait aussi la fonction de résolution des conflits de diverses nature : procès pour les terres, contributions, contrôles commerciaux, etc…A l’issue du match, le sang versé par le ou les sacrifiés protégeait la cité. Chaque site pré-hispanique possédait son ou ses terrains de pelote dont les deux murs étaient généralement inclinés face à face et rarement, verticaux.

L’observatoire est particulièrement esthétique…P1220086

…tandis que des stèles très dégradées sont réparties sur l’ensemble du site.P1220076

 

La petite cité d’IZAMAL est située à l’est de la ville de Mérida que nous évitons afin de rejoindre Uxmal au plus vite.

C’est le cas typique d’une importante cité maya que les Espagnols ont détruite en utilisant les pierres des bâtiments pour y construire un imposant couvent.

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Il abrite la vierge devenue patronne du Yucatan dont le musée expose les somptueux costumes offerts d’années en années par les familles locales.

Elle est vénérée depuis qu’en 1949, le pape a reconnu les miracles qui lui sont attribués. A son tour Jean-Paul II est venu la couronner.

Cependant quelques pyramides émergent encore de la ville et nous montons voir ce qu’il reste de la plus volumineuse appelée Kinich Kak Moo … pas grand chose hélas !

Mais c’est la petite cité coloniale toute peinte en jaune et blanc en son centre, qui, par son charme, attire le tourisme.

 

Plus à l’est, situées sur la  » ruta Puuc  » (entre Merida et Campeche), les villes furent prospères entre le 7è et 9è siècle après avoir formé une coalition politique et religieuse, leur assurant protection et développement.

UXMAL qui en fut la capitale, avec environ 20000 habitants, présente un style architectural différent de celui que nous avons vu jusqu’à présent, avec des frises , bien conservées, sculptées au sommet des édifices. C’est assez joli.

Nous assistons à un son et lumière, narrant de façon un peu naïve, l’histoire de la cité, sur projection de lumières mettant en valeur les bâtiments à tour de rôle.

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Le problème des Mayas vivant ici était le manque d’eau : ni lacs, ni cenotes. Alors ils ont eu l’idée de construire des citernes  » chultunes « , recouvertes de stuc isolant à l’intérieur et rendues étanches par l’utilisation de la sève du  » chiclé ou huelé « . Les sols des terrasses recouvertes de stuc, recueillaient l’eau de pluie que des canalisations dirigeaient vers les citernes.

Ils étaient évidemment très attachés au dieu de  la pluie, Chac, qu’ils invoquaient régulièrement et que l’on retrouve systématiquement sur les édifices.

L’un d’eux est entouré de tortues.IMG_1572.jpg

Importateurs d’obsidienne, de basalte et de conches, les commerçants occupaient le haut de l’échelle sociale. L’arrivée plus tardive des Toltèques (1000 à 1200), introduisit le culte du dieu serpent Kukulcan.P1220299

La ville a décliné dès 1200, demeurant centre cérémoniel par la suite. Uxmal reste remarquable.

Nous allons ensuite à KABAH, de style Puuc, 800 après JC, reliée à Uxmal par un long  » sacbé  » dont le point de départ est cette arche.P1220453

Ici, outre le grand palais,…

…c’est le  » Codz Poop « , palais des masques sculpté de 270 masques de Chac, qui retient notre attention.

Deux statues de Toltèques complètent la décoration à l’arrière.P1220437

LABNA , située non loin est une petite cité de 2km2.IMG_1649.jpg

Nous y retrouvons un palais de 67 pièces construites sur 2 niveaux,P1220459

un  » sacbé « ,IMG_1652

une pyramide de 20m en l’état,IMG_1654

une arche remarquable…IMG_1664

…ayant sans doute été l’entrée d’un petit palais appartenant à une famille noble.

 

Au beau milieu du Yucatan plat et boisé, CALAKMUL, est très proche du nord Guatémala, à 40km du  » Mirador  » et 100km de « Tikal,  » royaume de la griffe du Jaguar « , son éternelle rivale dominée finalement en 650 après JC.

La cité de Calakmul remonterait à 3000 ans et devint le  » centre du royaume de la Tête de Serpent « , comptant jusqu’à 50000 habitants. Pour l’atteindre, il faut emprunter une petite route forestière de 60 km, IMG_1833…mais les gardiens du site nous l’interdisent, notre camping-car ayant des roues jumelées. Nous faisons donc appel à un jeune  et sympathique guide, Francisco et à son véhicule.IMG_1873.jpg

Dès 6h30, sur la route nous dérangeons maints faisans, paons sauvages et même un pécari. Les ruches des villageois pendent accrochées à des arbres le long de la route.IMG_1834

Calakmul, de style  « Peten- Rio Bec » , compte environ 6200 structures dont 21 ont été restaurées.

La grande pyramide est construite en deux parties, une seconde plus petite est en effet accolée à son sommet un peu en arrière de celui-ci. Elle mesure 52m.

Elle contient des tombes de gouverneurs ainsi qu’une fresque interne de 20m sur 1,50m qui hélas ne se visite plus en raison des graffitis laissés par les visiteurs. Les stèles ont été très érodées par le temps.

Nous grimpons en haut de la troisième pyramide de 47m. La vue valait ce nouvel effort, compte tenu de la hauteur des marches.

Ici aussi, les Mayas ont dû construire des citernes et d’ingénieux systèmes de circulation de l’eau. Les guerres avaient lieu en période sèche (mars avril), quand les Mayas armés d’arcs, de flèches et de haches en pierre décorées, partaient à pied attaquer les cités voisines afin d’en avoir la suprématie et d’en ramener des guerriers (nobles), pour les jeux de pelote.

Ils n’utilisaient aucun animal de trait, ni objet métallique (apport ultérieur des Espagnols). La roue était connue mais sacrée (symbole de lune) et servait exclusivement aux rites de l’inframonde : pour les sacrifices ou pour y déposer des offrandes.IMG_1864 05-21

Ici hélas, des individus sans scrupule ont scié et volé les stèles les mieux conservées.

Peu à peu, grâce à Francisco, nous commençons à connaître un peu ces mythiques Mayas qui enduisaient leurs constructions de stucs peints en rouge pour les embellir et impressionner le peuple, comme ici à Uxmal.

Comme la plupart des villes mayas, elle sera abandonnée par ses gouvernants puis peu à peu absorbée et recouverte par la forêt. Personne ne semble connaître vraiment la raison de ces abandons : surpopulation, sécheresse en raison du déboisement intensif, famines, luttes intestines…

Au retour, Francisco nous emmène dans les bois à la  » chasse  » au crocodile.On les trouve dans des marigots. Ils sont petits, ceux-là mais pas moins dangereux.

Un peu gavés par tous ces sites archéologiques qui, bien que différents, se ressemblent tout de même, nous explorons un petit morceau du golfe du Mexique entre deux visites.

En effet, Campeche est situé en bord de mer. Cette ville nous touche particulièrement par son centre colonial reposant, plutôt tranquille avec un petit côté artistique.IMG_1762

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Ce fut au 17è siècle, l’unique port du Yucatan habilité pour le commerce transatlantique. Les bateaux exportaient du coton, du miel, du sel, et importaient des métaux, du papier, des textiles, et des produits alimentaires.

Le  » Palo Tinto  » représentait l’or noir de Campeche. Cet arbre pousse au Yucatan et en utilisant la fibre de son tronc, les Mayas obtenaient un liquide rouge permettant de teindre les tissus en noir, brun violacé ou bleu, selon la technique de trempage.IMG_1690

Les européens en faisaient venir à prix d’or jusqu’à ce que les colorants artificiels détrônent son utilisation. La vieille ville est ceinte de remparts, cas unique au Mexique, semble-t-il.

Les façades couleur pastel lui confèrent un charme indéniable et nous prenons plaisir à nous y promener. Même la nuit, nous nous y sentons en sécurité, et c’est très calme.

Amusés, nous regardons un moment les démonstrations de la journée fitness, filmée par la TV.

Le musée de la culture maya installé dans le petit fortin San Miguel est superbe et très instructif. Il expose des pièces provenant de tout l’état de Campèche.

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A la sortie, Marie-Anne se fait un copain…vers quelle chevauchée rêve-t-elle  se dit Bruno ?IMG_1743

Plus au sud, une route longe la mer turquoise au sable blanc, en direction de Ciudad del Carmen. Un seul ennui : toute cette zone est envahie de plateformes pétrolières, propriétés de la Pemex, dont les stations service inondent le pays. Nous en comptons de visu jusqu’à une douzaine en construction !

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Qu’importe, les pêcheurs continuent leur tradition de séchage de friture au soleil…et le bord de la route garde aussi, ses traditions !

Ciudad del Carmen est construite sur une île étroite reliée au continent par des ponts.IMG_1892.jpg

Elle est bordée par la lagune de Terminos, où flottent quelques îlots, et alimentée par des rios bordés de mangroves.

Nous y apercevons des dauphins et nous nous y octroyons un bain exquis, totalement seuls, après notre petit déjeuner.IMG_1897

Le Yucatan est séparé de la région voisine, le Tabasco par un long mur de béton, comme avec le Bélize et nous y subissons un contrôle douanier assez inattendu, mais rapide, comme toujours.

Une ultime petite incursion en territoire Campeche, nous fait découvrir un charmant village « Palizada « , que nous rejoignons après avoir suivi pendant des kilomètres les multiples méandres de la rivière Usumacinta.

Les français qui au 19è siècle venaient acheter par le réseau fluvial du bois Palo Tinto pour ses qualités de teintures, lestaient à l’aller leurs bateaux avec des tuiles. Déchargées ici, elles ont servi aux mexicains pour leurs toitures, et les habitants d’aujourd’hui en sont très fiers. On y voit nettement les marques et les noms de villes françaises.Le village tranquille a fière allure avec ses petites maisons coquettes.

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Nous quittons là définitivement le Yucatan proprement dit, pour rejoindre le site de Palenque, en bordure des montagnes du Chiapas.

Au fait, la nourriture mexicaine, à quoi ressemble-t-elle ?

Petite sélection…

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et pour finir : digestif alcoolisé brochette fromage…IMG_3266

les petits commerces de rue

…jicaletas, maïs bouilli au fromage et ketchup, crèmes aux oeufs, pâtes de tamarin, glaces artisanales et pop-corn coloré…

Petit tour au supermarché

poisson, et la viande en vrac dans des boites en cartonIMG_2695 rayon viandes poissons

charcuteries et laitages (dont le beurre Lala et yogourts gélatine)

légumes (cactus nopal),fruits (mangues)…

 

 

BELIZE du 29 avril au 6 mai 2018

Nous voici au Bélize. Frontière traversée sans la moindre difficulté…et sans attente.IMG_0692 frontière du belize

Seule chose déroutante : se remettre instantanément à l’anglais.

En effet, ce morceau de Caraïbe a été colonisé par les Anglais en 1862 y laissant leurs esclaves noirs importés de Jamaïque comme sur toute la côte Caraïbe. Cependant la société est pluri-ethniques avec des descendants des Mayas et des espagnols hispanophones, ce qui nous arrange bien. On trouve aussi des indiens natifs vivant dans les montagnes, des chinois, des arabes et même des indiens d’Inde. Le Bélize fait partie du Commonwealth, et la Reine d’Angleterre est officiellement le chef de l’Etat. Pour nous cela donne un hispanico-anglais pas toujours heureux.

Notre première halte du soir nous amène peu après la frontière à  » Clarissa Falls « , dans un joli jardin dominant la Mopan River aux eaux vert clair, où, c’est sûr, nous irons faire trempette dès le lendemain.

Le soir même, Chena la propriétaire nous concocte un bon repas, et nous dinons joyeusement avec 5 américains en vacances ici, mais vivant au nord du Bélize. Ils nous vantent la qualité de vie et leur amour de ce pays. Repartant en direction de la mer, nous sommes étonnés par le bon état des routes, toutes droites,…IMG_0724 …et par l’habitat plus moderne qu’au Guatémala. Les maisons en bois sur pilotis ont un certain charme. Nous remarquons que beaucoup d’épiceries sont asiatiques, sauf pour les fruits et légumes vendus par les béliziens d’origine espagnole ou maya sur le bord de la route. Celle-ci longe la Mountain Pie Ridge (quarztique), qui abrite de nombreuses grottes. Des cocotiers et de  vieux orangers font partie du paysage.

Plusieurs usines fabriquent du jus d’orange et sont alimentés par de de gros semi-remorques remplis de fruits à ras-bord.

Notre première halte est pour Hopkins, en bordure de mer. Nous sommes sur la mer Caraïbe et ce sont plutôt des noirs qui vivent ici.

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Nous sommes garés devant la plage, qui est bordée d’algues, ce dont nous faisons fi en nageant plus loin. Sur la photo de droite, ce n’est pas une noix de coco, mais la tête de Bruno qui surnage.

Le bord de mer est public  » propriété de la Reine  » nous dit-on. Seuls les secteurs de locations touristiques semblent un peu nettoyés des algues et détritus. Par contre il n’y a aucune sécurité et une allemande établie ici nous conseille de nous garer contre sa maison pour la nuit, car  » c’est l’heure des voleurs  » nous dit-elle.IMG_0761.jpg Nous y passons une nuit tranquille avant de reprendre la route qui rejoint plus au sud, la presqu’île longue et étroite de Placencia.

Nous découvrons de jolis marais…IMG_0775

…des forêts de pins sur des kilomètres…IMG_0777

…l’horizon montagneux des Mayas Mountains…IMG_0779

…et la lagune où se construisent des lotissements  » très chics  » pour américains fortunés en mal de mer exotique et petites marinas.

C’est d’ailleurs ici, au bout d’une piste de tôle ondulée, que l’on peut faire notre plein de gas-oil…comme les bateaux, en bordure de mangrove.

Que ce soit côté lagune ou côté mer, la plupart des terrains sont hélas privatisés en style moderne ou en  »  local « . Adieu  » propriété côtière de la Reine » dans ce secteur .

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Le petit aérodrome que la route contourne (il y a un feu rouge en cas de décollage d’un avion ), doit faire recette auprès des propriétaires de ces riches maisons.

Arrivés à Placencia, nous allons à l’hotêl  » Mariposa  » qui offre son jardin aux camping-caristes. Extra : plage à quelques mètres devant la jolie piscine à notre disposition, sanitaires, et restaurant de qualité.IMG_0863

Le bain de mer nous dissuade d’y retourner compte tenu du nombre de petites algues flottant un peu partout. Ce sera donc : piscine.IMG_0860

Le lendemain nous partons à la journée sur l’île Silk Caye, à 1h30 de bateau.IMG_0801

Sur 15 personnes, nous ne serons que 6 à faire du snorkelling, les autres plongeant avec bouteille. Nous dépassons de petites îles de mangrove, puis d’autres un peu boisées de plus en plus éparpillées et parfois habitées !IMG_0811

Nous abordons  sur un îlot de sable ridiculement petit, sur lequel il y a 8 cocotiers, 5 tables de pic-nique et une cabane wc.IMG_0813

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INCROYABLE ! Perdu comme d’autres îlots, au milieu de rien , mais fréquenté par des touristes plongeurs. Ces îlots perdus correspondent un peu à l’image IDYLLIQUE qu’on peut se faire depuis notre vieux continent. IMG_0821

La barrière de corail de 300km, deuxième plus grande après celle de l’Australie, est à quelques encâblures.

Arrivés les premiers sur l’îlot, quand d’autres touristes ne viendront qu’à l’heure du repas, nous partons tous les 6 et le guide, en faire le tour. La flore est belle et assez variée : grandes  » feuilles  » nervurées violettes ou brunes, gros tuyaux souples ressemblant à des trompes, tiges duveteuses rouges et coraux de différentes formes et couleurs. Peu de gros poissons, mais des petits d’un bleu intense qui font notre admiration.

Après le pique-nique poulet-riz-haricots rouges-pastèque,…

…nous plongeons une deuxième fois sur un petit massif corallien non loin. Une faune encore plus colorée et géométrique nous y attend comme ces sortes de candélabres ou ces cornes de cervidés jaune mangue. On y voit de plus gros poissons aux tons pastels ou noirs et jaunes, et même, cinq seiches qui nous surveillent attentivement du coin de leurs gros yeux.

Après un petit bain libre…IMG_0831

…et pour clore cette belle journée, le bateau nous emmène tous, juste devant la fin de la barrière de corail. Dans un parterre d’algues vertes sont éparpillées de très grosses conques rosées. Pas touche ! Nous sautons dans l’eau et surprise : nous nous trouvons nez à nez avec un groupe de requins nourrices, qui viennent tournicoter autour de nous. Brrr…Bruno se fait un plaisir d’aller en caresser un mine de rien, mais le requin l’a vu et senti. Il s’en va. Sa peau est rugueuse comme de la toile émeri.

Une énorme tortue d’environ 1m70, frôlant Marie-Anne, passe aussi  » mine de rien « . Vue !

Des raies évoluent tout près, dont une splendide tigrée, tandis qu’une plus grosse bat des ailes pour essayer de s’enfouir dans le sable. Mais son dard, capable de percer un pied chaussé d’une palme, est encore visible… » On t’a vue !  »

Un poisson vache avec ses deux petites cornes se balade tranquillement tandis qu’un barracuda nous suit de son oeil mauvais, gueule ouverte, dents acérées. Il est temps de sortir de l’eau !

Ces merveilleux moments resteront seulement dans notre mémoire, car, hélas, le petit appareil photo emmené par Bruno s’est arrêté de fonctionner. Nous n’avons pas de chance avec nos photos sous-marines ! Mais que les curieux aillent sur internet pour découvrir cette barrière de corail du sud Bélize. En attendant, voici quelques photos qui en sont extraites et qui sont exclusivement destinées à notre famille et amis.

plongee belize corail bleu

Le centre du village de Placencia et son port restent très  » couleur locale « , avec beaucoup de baraques en bois où vivent noirs et descendants des espagnols et des mayas dont certains ne parlent qu’un dialecte maya.

Les uns ne travaillent pas, les autres tiennent des commerces, mais la culture du hamac est très présente comme partout en Amérique centrale.

Nous remontons par des routes rectilignes sur des kilomètres, avec de temps en temps, un vague divertissement.

Bruno peut rouler vite sans risque, et nous arrivons à Orange Walk. Le camping au bord de la New River est tranquille, joli et bien gardé semble-t-il…

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La nuit est peuplée de chants d’oiseaux mais aussi, rien que pour nous, de mini moustiques exaspérants et sadiques. Nous apprécions beaucoup moins leur chant divin et leurs piqûres à la chaîne !

Une  » lancha  » avec déjà quelques touristes à bord vient nous chercher devant le camping-car pour aller visiter le fameux site maya de Lamanaï. Enfouie dans la jungle et bâtie en 1500 avant JC, la cité n’a été abandonnée que vers le 18è siècle. Il y a 1h30 de bateau sur la New River aux nombreux méandres et chenaux pour s’y rendre.

Nous y croisons des oiseaux…IMG_0918

…des pêcheurs,…IMG_0919

…et apercevons des Mennonites venus s’installer ici et cultiver cette terre limoneuse. Ils utilisent des bateaux à moteur et des tracteurs et vendent les produits de leur ferme, ce qui ne les coupe pas totalement du monde moderne. Cependant ils ne conduisent pas, gardent leur distance, et n’aiment pas être pris en photo.

Les ruines sont établies au bord du lac New River Lagoon.IMG_0966

Notre guide chronomètre la visite, mais il est intéressant et nous découvrons quelques beaux bâtiments, comme ces pyramides.

On se fait une petite grimpette…un peu risquée tout de même…sur la plus haute, de 33m, datant de 100 avant JC.

 

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Le Bélize est assez plat, à perte de vue.

Ici les mayas utilisaient un système de latrines à eau courante, nous explique le guide.IMG_0956

Il faut toujours garder à l’esprit que les pyramides sont le résultat de nombreux remaniements recouvrant les anciens temples, ce qui explique, pour certains, leur taille élevée. P1210899

La région d’Orange Walk est propice à la culture de la canne à sucre.IMG_0999

Une grosse usine sucrière jouxte la rivière sur laquelle transitent jusqu’à la mer des barges rouillées remplies de mélasse qu’un vieux remorqueur en bois plein de charme traine chaque jour en passant devant le camping. Le bruit désuet de son moteur nous plonge dans l’ambiance des fleuves amazoniens.IMG_0986

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Les mennonites achètent d’ailleurs cette mélasse et la mélangent à du sorgo pour en faire un aliment du bétail. Rien ne se perd.

Après cette halte wifi-blog au bord de notre paisible rivière où vont et viennent discrètement de gros crocodiles prêts à dévorer les chiens imprudents et les oiseaux tentateurs…

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…nous roulons jusqu’à la frontière.IMG_1013

Il suffit de payer, payer, et encore payer, pour sortir du Bélize. Deux coups de tampons et une nouvelle aventure s’offre à nous.

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Le Bélize , ce petit pays (1/5 de la France), traversé au pas de course par de nombreux camping-caristes pour des raisons d’ insécurité et parce qu’il n’y aurait rien à voir, nous a plutôt bien plu :

de bonnes routes principales, un habitat traditionnel sur pilotis qui lui donnent du charme,IMG_1003 (2) une campagne tranquille jouxtant des montagnes couvertes de jungle et, petit clin d’oeil à nos enfants pour les minibus locaux  : )IMG_1009

La barrière de corail, domaine d’une flore et d’une faune colorées et variées, ainsi que le site de Lamanaï et le tour en bateau pour nous y rendre, nous ont très agréablement surpris et détendus (exceptés les méchants coups de soleil).IMG_0847

 

Si ce n’était l’insécurité ressentie au bord de la mer où les noirs ne travaillent pas selon les commerçants rencontrés qui nous disent être victimes quotidiennement de leur part de vols et d’agressions, il y ferait bon vivre (nous nous garderons de porter le moindre jugement sur ces avis). Les camping-caristes sont eux aussi tentants, car pris pour de riches  » gringos « . IMG_0846 (2)

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Le Bélize possède aussi des îles très appréciées des vacanciers dans sa partie nord, comme Caye Caulker ou Ambergris Caye. Mais, fuyant les lieux trop touristiques, nous n’y sommes pas allés, et n’avons pas survolé le fameux trou bleu  » blue hool « , proposé à des prix prohibitifs, dommage ! Il a été rendu célèbre par Jacques Yves Cousteau. Il s’agit d’une grotte calcaire de 300m de diamètre située au large (80km), dont le plafond s’est effondré sur 124m de profondeur.

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