A nous le Mexique, dernier pays de langue espagnole de notre long périple.
Ce qui nous surprend d’emblée, ce sont ces 2 km de murs de béton et barbelés qui l’en sépare du Belize…
L’entrée au Mexique n’est pas des plus simples, avec en plus un contrôle sanitaire, où sont refoulés viande, fruits, légumes, et une fumigation payante. Avec une patience angélique, tout se passe bien. Et voilà, nous sommes au Yucatan !
Surprise : centre commerciaux modernes, supermarchés où règne l’abondance, larges avenues et » topès « , ces dos d’âne en tous genres, usants pour les nerfs et détériorant la mécanique. Ils ne sont pas toujours signalés (ou l’ont été un jour…avant).
C’est à Chetumal dans un camping sur la côte est, que nous nous installons.
C’est joli, calme (car ce n’est pas le week-end), et la piscine, bien agréable.
Nous la préférons à la mer, dont le fond blanc ressemble à une pâte glaiseuse dans laquelle les pieds s’enfoncent. Beurk !
Cette mer Caraïbe, bien que chaude, turquoise, n’est toujours pas le rêve espéré, même au Mexique. La chaleur devient vite constante et fatigante. Nous DE-GOU-LI-NONS, même en sortant de notre douche.
Les moustiques pénètrent malgré les moustiquaires. D’ailleurs le soir nous prenons l’habitude de laisser un bon moment nos fenêtres ouvertes, moustiquaires en place, afin de faire baisser la température à 30° si possible, toutes lumières éteintes. C’est l’occasion d’un apéro. Après quoi nous fermons tout pour dîner, petit ventilo branché, et …RE-TRANSPIRONS à grosses gouttes. Là, la chasse aux moustiques vicieux, et hélas très rapides, commence car les répulsifs locaux ou français sont justes bons à nous empoisonner (mais pas les moustiques !).
Nous constatons avec étonnement que le wifi au Mexique est d’une instabilité remarquable. Cela expliquera notre incapacité à envoyer les blogs du Guatemala et du Bélize en temps voulu. Mais nous ne nous décourageons pas pour autant.
Nos journées vont dès lors être bien remplies entre longs trajets, visites sans fin de sites et envies d’aller nous baigner.
Le Yucatan qui ferme le golfe du Mexique face à Cuba et à la Floride, nous étonne par son aspect plat, boisé avec sa végétation de faible hauteur et touffue, et ses quantités de prairies bordées de haies, appartenant à des » ranchos » ou des haciendas. Vastes marais au nord, collines au sud , » Puuc « , qui n’ont pas plus de 300m…on ne peut pas dire que ce soit une » jolie » région.
Les routes généralement toutes droites sont plutôt monotones et semblables…
…malgré la pleine saison des splendides flamboyants qui apportent un peu de couleur.
Par contre cette vaste plaine repose sur un immense réseau d’eaux souterraines, plutôt au nord et à l’est, creusé naturellement dans des roches calcaires.
Les » cénotes » sont des bassins d’eau cristalline, parfois à ciel ouvert comme les » dos ojos « (près de Tulum).
D’autres se sont formés dans des grottes souterraines où baignent stalactites et stalagmites.
On y descend par de minuscules escaliers pentus et étroits s’enfonçant dans le sol.
Beaucoup de » cenotes » sont privés et l’eau est souvent pompée par les propriétaires des » ranchos « .
Les plus populaires ont été aménagés avec des pontons. L’eau y est un peu fraîche, véritable miroir où le bain est un délice.
Des boyaux qui se prolongent sous terre permettent aux amateurs de plongée d’aller se faire quelques frayeurs. Le snorkelling est suffisant pour déambuler sans risque au milieu des concrétions englouties. Des poissons noirs ou beiges, genres poissons chats viennent nous effleurer.
L’immense lac Bacalar est quant à lui, une merveille. Situé au sud, tout près du Bélize et de Chetumal, ce lac bordé de mangroves fait l’unanimité : petit paradis de carte postale, » aux 7 couleurs « .
Nous faisons une halte extra au » balnéario buenavista » où, garés au ras de l’eau, seuls, nous avons le lac pour nous. Un moment de repos très appréciable.
Un petit tour à Majahual sur la mer Caraïbe nous fait vite regretter le Bacalar.
Algues nauséabondes, et nuit très perturbée par 3 femmes ivres, garées volontairement le long de notre Iveco, musique à fond de tuba, bandonéon et voix hurlant faux jusqu’à 4 heures du matin. Au réveil, si tant est qu’on ait pu fermer l’oeil, nous voyons le sol jonché de boîtes de bière. Les Mexicains ont le » baffle » facile et puissant toute la semaine !
Pourtant, le » malecon » est bien mignon, et nous y photographions de curieux oiseaux pour qui les algues ne semblent poser aucun problème.
C’est toute la côte est et nord du Yucatan qui est envahie d’algues…de touristes…et d’hôtels. Nous compatissons en regardant ces employés qui, à longueur de journée évacuent des brouettées pour nettoyer la plage…en vain.
D’autant que les tortues y pondent des oeufs dans certains secteurs, ce qui interdit un nettoyage plus « radical ».Tout bain de mer est impossible.Inutile de chercher un coin tranquille, et ça sent mauvais.La côte est privée et dangereuse pour nous : 2 touristes se sont fait tuer à Cancun, malgré la vigilance de la police.
Alors l’est du Yucatan, il vaut mieux y réfléchir à deux fois avant d’y partir en vacances !
Beaucoup de voyageurs n’y font que passer comme nous, comme le couple et leur petit garçon qui vont en Alaska façon rétro.
Heureusement il reste les sites archéologiques, et à part Tulum situé en bord de mer,( au sud de Cancun que nous évitons, car trop touristique), tous sont pour nous l’occasion de découvrir des chemins de traverse qui nous ont menés notamment jusqu’à la côte nord à Rio Lagartos.
C’est un petit port de pêche qui a conservé quelques maisons traditionnelles.
Il dort le long d’une lagune peu profonde, bordée de mangroves.
Des centaines de flamands roses y vivent en colonies et nous partons les admirer un soir à bord d’une » lancha « .
Le calme y est absolu. Nous y voyons même une limule.
Mais mieux vaut ne pas se baigner car c’est aussi le paradis de quelques crocodiles, nous dit-on.
Retour sous un ciel superbe et menaçant avec un bel orage sur la mer.
Le lendemain, la lagune est resplendissante.
Un peu plus loin, une usine ultra mécanisée, extrait du sel. Les bassins rosés ont donné le nom de » las coloradas » au petit village de pêcheurs construit le long de la plage.
Certains touristes se recouvrent d’une boue blanche, bonne pour adoucir la peau, nous dit-on. Petit jeu auquel nous ne nous adonnons pas. Nous aurions préféré pouvoir tester la mer turquoise du golfe du Mexique qui commence par ici: elle est un peu ventée et hélas jonchée de détritus peu engageants.
Que cela ne nous empêche pas de fêter l’anniversaire de Bruno !
Si, si, il fait encore 38°!
C’est un peu plus tard que nous changeons nos 6 pneus » un peu usés » après 48000km de routes incertaines, vite remplacés par les 6 pneus neufs stockés depuis notre départ dans notre soute.
Nos prochains trajets seront pour les sites archéologiques. Le Yucatan est un fief maya dont les descendants ont conservé langues et habitat.
Nous avons déjà un aperçu de leur civilisation avec la visite de Tulum, bien que nous ayons été chassés par les gardiens qui ferment le Parc dès 16 heures…il fallait le savoir !
Le soir, des centaines d’ iguanes montent la garde.
Cette forteresse unique, en bordure de mer Caraïbe, est entourée d’une petite muraille de 3 à 5m de haut.
C’est de là que les Mayas ont assisté à l’arrivée des premiers espagnols en 1518.
Ce site est de style maya-toltèque, c’est à dire que les bâtiments prévus pour durer 52 ans, soit un siècle pré-colombien, étaient recouverts de stuc de couleur bleu, blanc, et rouge. Ce devait être splendide.
Ici on peut voir une habitation construite au-dessus d’un petit » cenote « .
A l’intérieur de l’enceinte sacrée, on découvre de petits temples…
…pas de grandes pyramides, mais un » castillo « , temple religieux…
…redécouvert au 19ème siècle…
…et des palais pour les nobles.
Tulum fut l’une des dernières cités mayas.
Il y a de très nombreuses villes mayas disséminées dans toute la péninsule, la plupart encore enfouies dans la végétation tropicale. Ces cités ont été modifiées au cours des siècles, mais leur splendeur et leur prospérité se situe plutôt entre 600 et 900 après JC.
Les Mayas, dont on a recensé 31 langues, certaines toujours parlées, avaient des connaissances approfondies en écriture, et certaines femmes nobles étaient scribes. Néanmoins peu de traces subsistent car les Espagnols ont hélas détruit la quasi totalité des codex (manuscrit composé de feuilles assemblées, un peu comme les pages d’un livre). Seuls 4 d’entre eux ont échappé à l’autodafé car retrouvés ultérieurement dans des tombes. Ils sont actuellement conservés en Europe.
Les palais étaient couverts de délicates peintures murales, bien que beaucoup ne soient plus visibles, car détruites par l’humidité ou les graffitis que les mexicains aiment à faire un peu partout. Elles sont désormais protégées.
L’organisation sociale des Mayas était très structurée. Autour du dirigeant de » sang divin « , un gouvernement incluait des nobles, chefs de guerre, et aussi des prêtres. Ceux-ci, hommes » de savoir « , disposaient de connaissances du cosmos permettant, par des rituels et des cérémonies, de pérenniser la vie de la société et de maintenir l’équilibre de l’univers. Ils avaient la charge d’administrer et de réguler les activités économiques, comme les cycles agricoles, la production artisanale et le commerce.
Si les Mayas avaient une fonction bien définie de guerrier, de bâtisseur, d’agriculteur ou de commerçant, tous s’avéraient néanmoins soucieux de leur corps. Ils se faisaient des coiffures, utilisaient des peintures sur le corps et le visage, modifiaient, pour les nobles, la forme de leur crâne, tout en se créant un strabisme volontaire, sans oublier des décorations sur les dents (perforation et taille), des scarifications, des tatouages et des perforations dans les oreilles, ainsi que dans les narines, ce qui leur donnait une identité culturelle et une appartenance sociale.
Plus tard les Toltèques, féroces et cruels guerriers, nous disent les guides, les ont envahis, modifiant certaines de leurs pratiques coutumières et religieuses.
Les peintures, sculptures et bas-reliefs retrouvés par les archéologues, montrent que cette civilisation était forte en astronomie et performante en mathématiques. D’ailleurs si leur » siècle » correspondait à 52 ans, le calcul astronomique d’une année était tellement précis qu’il est extrêmement proche de notre calcul actuel, et encore plus fiable que les astronomes de la fin du 19è siècle. Une performance étonnante. Ils ont pourtant prévu la fin d’une ère au 21 décembre 2012, s’agissait-il de la fin du monde ?.. d’autres l’ont bien cru pour l’an 2000 ! Mais soyons rassurés, ils ont aussi établi un calendrier très compliqué, basé sur des cycles illimités dans le temps.
Pendant leur période de splendeur, ils construisaient des pyramides toujours orientées selon les 4 points cardinaux et la position des constellations.
Rien n’était fait par hasard, le gouverneur veillait au bon déroulement de l’ordre des choses avec l’aide de ses prêtres ( sacerdotes) et de ses fonctionnaires. La période dite classique 250 à 900 après JC a vu les échanges inter-cités se développer fortement en raison de la construction des » sacbés « . Ce sont des routes de 9m de large sur-élevées à hauteur de genoux, réalisées en pierre calcaire damée et qui étaient tellement blanches qu’elles permettaient aux Mayas du Yucatan, de les emprunter aisément la nuit où il fait moins chaud. Certains axes faisaient plus de 100km et la plupart du temps étaient totalement rectilignes. Autre performance !