MEXIQUE : de Mexico à la Basse Californie du 23 au 30 juin 2018

Le wifi stable étant, hélas, plutôt rare au Mexique, et devant rouler afin d’être mi-juillet à San Francisco, où nous allons retrouver notre fille, son mari et ses 4 enfants, nous sommes dans l’incapacité de continuer le blog sous la forme aussi développée qu’auparavant.

Voici un rapide résumé de cette partie de notre voyage, où nous n’avons pas fait de rencontres aussi sympathiques qu’avant. Nous sommes un peu déçus de constater que beaucoup de Mexicains nous prennent pour des Américains et ramènent tout à l’argent. Ce n’est pas toujours facile de discuter avec eux.

L’état des routes est bien meilleur qu’on ne l’imaginait, mais les  » topès « , ces dos d’âne aux formes et hauteurs variables qui pullulent un peu partout sont une vraie plaie : certains ne peuvent même pas être franchis à 10km/h. C’est pourquoi nous privilégions les autoroutes afin de gagner du temps, malgré les innombrables péages qui nous font bien rouspéter, surtout quand nous sommes classés en autocar.

Qui plus est, un flic ripoux muni d’une sorte de boîte censée être un radar, nous arrête pour un léger excès de vitesse, sans pour autant immobiliser tous les véhicules qui nous doublaient. Il décide de nous immobiliser et comme c’est le week-end…Bruno a compris, et négocie aussitôt le prix de l’amende : le policier s’empresse de froisser les billets et de les mettre dans sa poche. Ni vu, ni connu ! Et ce sera notre seule entorse à nos principes de toujours refuser ces pratiques.

Ce qui marque cette partie de notre voyage au centre du Mexique, ce sont les orages quotidiens avec des pluies parfois violentes accompagnées de fraîches températures le soir. Remettre le chauffage au Mexique : un comble, non ? Les moustiques, eux, n’en ont que faire et nous attaquent quasiment chaque jour. Nous pensions naïvement qu’ils étaient féroces en Amazonie, et nous n’en avons pratiquement pas souffert, mais ici, ils sont très rapides, petits et vicieux.

Parmi les nombreuses villes coloniales, nous choisissons de visiter Querétaro. Les arts fleurissent à chaque coin de rue sous forme de sculptures, peintures, ou chant.

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Nous visitons la maison de la  » Zacatecana « , une pieuse veuve noire faisant assassiner son vieux mari par son employé, puis tuant ce dernier ! Pourtant on retrouva peu après le corps de cette meurtrière gisant dans la rue devant chez elle, sans doute poussée par une main vengeresse.

On dit que les squelettes de ces deux hommes sont encore visibles dans la cave.

Le vieux centre compte places, placettes et rues piétonnes très animées, où il fait bon flâner.

Un peu plus au nord, San Juan de Allende est remarquable pour l’harmonie de ses constructions aux tons bordeaux et mangue, ses balcons en fer, et sa curieuse église du 16è transformée au 19è par Zeferino Gutierrez, un architecte d’origine indienne qui lui a rajouté un clocher néo-gothique.

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On apprend que cette ville attire de riches Américains, ainsi que de nombreux artisans et créateurs, comme cet artiste peignant sur pierre.

Le boulanger-pâtissier n’est pas en reste et nous lui achetons de  » vrais  » pains, et de délicieux macarons.

Non loin, au delà des collines couvertes d’épineux…IMG_5044

…la petite ville de Guanajuato,attire les foules en raison de sa situation encaissée au sein de petites montagnes.

La municipalité a eu l’idée de faire creuser dans la roche des tunnels sous-terrains, auxquels on accède par des escaliers comme pour le métro mais où circulent aussi les voitures. Les habitants les empruntent pour se déplacer d’un point à un autre tout à fait naturellement. Cette mixité nous a semblé curieuse, et particulièrement dangereuse, et nous avons préféré nous garer en périphérie, laissant à notre taxi le soin de se repérer dans ce véritable labyrinthe.

Mais cette ville universitaire réputée colorée, au patrimoine de charme, fait aussi recette pour ses activités culturelles.

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C’est la fête de la Saint Jean et il y a foule ce jour.IMG_5141

Parmi les attractions, nous remarquons ces chanteurs et musiciens costumés comme en Italie au 16è: les « Callejoneadas « .

Pour les amateurs, et nous en sommes, le jeu consiste à les suivre, dans une ambiance  » chaude  » au gré de leurs sérénades, de leurs jeux de scène comiques, au hasard des rues et ruelles.

La plus petite d’entre elles se nomme  » el calejon del beso « , passage -obligé- de tous les amoureux qui… s’exécutent. Certains y accrochent un cadenas depuis quelques années.

Le théâtre néo-classique, art nouveau, se laisse visiter avec bonheur.

La ville possède en son centre une imposante université de renom construite vers 1950. Une partie de ses murs est érigée en pierre verte de la région, la « cantera verde ».IMG_5080

Un musée Don Quichotte pour lequel nous manquons hélas de temps, semble faire un émule bien coquin…IMG_5121.jpg

Nous nous dirigeons ensuite vers le sud. Changement de paysage.

Morelia est une ville dont le centre historique espagnol du 18è est construit en pierre brune. Mais à notre arrivée, une très forte pluie nous dissuade d’en explorer les monuments.

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Plus tard, nous allons voir le vieil aqueduc en briques, commencé au 16ème et achevé au 18ème,IMG_5228 et  le musée d’art moderne du 19ème.IMG_5229

Nous avons tout juste le temps de visiter le fameux couvent, devenu sanctuaire, de Notre Dame de Guadalupe dont les stucs sont réputés.

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En raison des prochaines élections, diverses manifestations de  » rouges  » ou  » blancs  » barrent les rues.

Cela fait le bonheur de certains.

Nous restons un peu sur notre faim, et filons sur Patzcuaro, de style totalement différent. Après la pluie, nous apprécions le charme d’un village authentique.

Au bord du lac…

…dans le village de Tocuaro, Felipe Horta, fabrique et peint des masques en bois raffinés. Certains sont rigolos, d’autres, effrayants et dotés de cornes démontables pour que les touristes puissent les ramener en avion.IMG_5333

Nous passons un très agréable moment en sa compagnie, admirant la qualité de son travail. Les masques sont une vraie tradition au Mexique remontant à l’époque pré-hispanique. Qu’ils soient en bois, peau, terre-cuite, pierre ou papier-mâché, ils étaient utilisés comme symboles lors des fêtes, cérémonies ou rites funéraires. Ils servaient à entrer en contact avec les forces surnaturelles, comme un pont entre le monde  » normal  » et celui des esprits, afin de chasser les êtres maléfiques.

Autre tradition locale : le fameux « el tequila », ingrédient typique de la  » margarita  » …pour les connaisseurs.P1250616.jpg

 

Justement, notre itinéraire nous amène au village Tequila, au pied du volcan éponyme, qui a donné son nom à cet alcool.

En 1500 avant JC, se buvait une boisson alcoolisée, à base d’agave  » tequilana weber « , variété bleue.P1250625

C’est une plante cultivée ici, et autour d’Oaxaca, qui appartient à la famille des « amarilidaceas  » qui se reproduit elle-même, et ne donne pas de fruit. IMG_5504La Tequila, (el tequila en espagnol)  appellation contrôlée,  ou encore Mezcal, est fabriquée à partir du coeur de la plante, qui se développe dans la terre. Il est coupé, cuit, et pressé.P1250635

Ce sont les Espagnols qui ont amélioré cet alcool en le stockant dans des tonneaux pour le faire vieillir comme un bon cognac. Pour sa part, Bruno préfère, et de loin, la production charentaise…IMG_5480

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Le circuit des villes coloniales est terminé pour nous qui rejoignons le Pacifique.IMG_5519.jpg

Nous retrouvons la chaleur aux environs de Guayabitos.IMG_5520.jpg

Mais la longue plage bordée d’une multitude d’hôtels et envahie dès le matin de Mexicains bruyants, et transistors à fond nous décourage. Tant pis pour le bain, direction le nord de la côte.

Des ananas juteux et sucrés, des bananiers, et des centaines de manguiers croulant sous les fruits sont cultivés dans cette région de montagnes.

Après une longue route bien différente…

… et devant l’impossibilité de trouver une place sur un bateau à Mazatlan pour traverser la mer de Cortès…IMG_5581

…c’est au port de Topolobampo de Los Mochis beaucoup plus au nord, que nous parvenons à réserver une place sur un ferry à destination de La Paz, en Basse Californie.

Un dernier bain sur la plage non loin nous permet de nous reposer de tant de kilomètres ces derniers jours avant de nous embarquer pour une nuit de traversée en cabine:

côté mer…IMG_5625

…côté laguneIMG_5629

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Nos anciens réflexes reviennent immédiatement, et nous restons, seuls, sur le pont, la nuit jusqu’à ce que le ferry rejoigne la haute mer.P1250659

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De TEOTIHUACAN à MEXICO du 13 au 22 juin 2018

Nous voici à 50kms de la capitale, installés quasi seuls, dans un camping  » digne de ce nom  » (plat, gazon tondu, espace, eau, électricité, tout à l’égout, et wifi). La propriétaire est très sympathique. Bien des camping-caristes lui laissent en garde leur véhicule en toute sécurité, soit le temps d’un petit retour au pays, soit pour aller visiter Mexico en bus et métro.IMG_3554 san juan teotihuacan 06-14

Nous commençons par aller visiter le fameux site aztèque de Teotihuacan, grand centre religieux, idéologique et économique, entre 150 et 550 après JC.Vers 250, cette ville très commerçante couvrait plus de 20km2 et  comptait environ 100000 habitants.IMG_3834

Elle a périclité entre le 7è et le 8è siècle, sans doute pour des raisons politiques, on a retrouvé des traces d’incendies, et probablement d’une baisse brutale de ses ressources. Par contre, elle est restée ultérieurement centre cérémoniel. Elle avait développé une activité de fabrication et d’exportation d’outils en obsidienne tirés des mines proches dont elle avait le monopole. Cette pierre volcanique s’était révélée aussi efficace et précise que ne le fut plus tard le fer.

Le site est gigantesque. Deux pyramides se détachent de l’environnement et attirent immédiatement le regard. Ici pas de forêts, peu de végétation, tout est dégagé.

La pyramide de la Lune trône au nord devant la colline de même forme du           » Cerro Gordo « .

Elle fait face à une allée de 40m de large et longue de 2km appelée la Chaussée des Morts qui à l’origine faisait 4km. L’accès démesuré par une succession de terrasses devait impressionner le peuple aztèque convié aux cérémonies.IMG_3585

Mais un peu plus bas vers l’est, on n’a d’yeux que pour la pyramide dite du Soleil (mais probablement dédiée au Dieu de la pluie).

Ce monstre de pierre possède une base exactement identique à Kéops, soit 215m, tout en étant moins haute avec 75m. Elle date des 1ers et 2è siècles de notre ère, et son escalade demande un petit effort que certains ont bien du mal à fournir, car les marches sont hautes.IMG_3584

Pour nous, sans doute l’accoutumance, la montée est plus aisée et la vue est une récompense dont nous ne nous lassons pas. C’est grandiose, et c’est pour nous le  site mexicain le plus impressionnant que nous ayons visité.

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Il ne faut pas oublier que la ville était entièrement recouverte de stuc rouge/orangé. Sûrement spectaculaire à l’époque. Le palais de Quetzalpapaloti, résidence des grands prêtres, permet d’admirer des fresques bien conservées.

C’est une pluie torrentielle qui nous chasse, et qui nous vaudra en quelques minutes un début d’inondation du camping.

Mais plus de peur que de mal.

Deux jours plus tard, nous revoici sur le site, sous le soleil. Le temple du Quetzal Coati, entouré de bâtiments administratifs et résidentiels, est unique, avec ses dizaines de têtes de serpent à plume, encore partiellement colorées.

reconstitution au musée de Mexico:IMG_3781

Nous allons,en compagnie d’un guide, jusqu’au « palacio de Tepantitla, dans un quartier d’habitations plus éloigné. Et là les fresques de 2000 ans sont bluffantes: de vraies bandes dessinées raffinées, avec des « bulles »retraçant des dialogues ou des chants.IMG_3629

Nous avons le plaisir d’assister au spectacle des « voladores », ces hommes de la région de Veracruz, montés en haut d’un mât, au son d’une flûte et d’un petit tambourin, et qui se laissent redescendre en tournoyant, attachés à la taille mais tête en bas. Ce sont les hommes qui cousent les perles décorant richement leurs costumes.

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Après quoi nous nous rendons en bus puis métro, pour deux jours, à Mexico, la mégalopole de 20 millions d’habitants, n’ayant pas bonne réputation pour les camping-caristes.

La « torre latino » (1956) attire d’emblée le regard avec ses 138m. Premier gratte-ciel mexicain qui, de plus, a su résister aux tremblements de terre.IMG_4571

La place centrale,  » Zocalo « , est une des plus grandes esplanades au monde. Elle a été pavée avec les pierres de l’ancienne cité aztèque, Mexico-Tenochtitlan. La cathédrale qui s’enfonce dans le sol instable, le palais Présidentiel et le palais du Gouvernement l’entourent.

Le style nous semble un peu trop chargé et tous les édifices mériteraient un bon nettoyage. Cette place est le lieu de tous les rassemblements populaires et pour plus de tranquillité, le Président de la République a fait installer notamment en cette période du Mondial, un écran géant, et…des barrières afin de limiter les actions politiques, nous dit-on.  Pourtant ce soir, des manifestants viennent s’exprimer encadrés de plusieurs escadrons de  » CRS  » mexicains.

Cela semble assez bon enfant des deux côtés, mais comme tout pourrait vite dégénérer, nous ne nous attardons pas.

C’est dans la rue piétonne attenante que nous prenons un « vrai » petit déjeuner français et que nous achetons d’excellents macarons fabriqués par un parisien qui a bien réussi ici.

Mexico, à 2240m, occupe une large cuvette bordée de volcans et de collines parfois couvertes de maisons toutes en couleurs.IMG_4830

L’ancienne cité, Tenochtitlan, était bâtie au milieu d’un lac.IMG_4479.jpg C’est Cortès qui, en 2 ans, a soumis cet empire, affamant la ville, puis la rasant !

Derrière la cathédrale, le centre a conservé les bases de la Grande Pyramide, maniée et remaniée d’années en années, et qui finit par dépasser la hauteur de l’actuelle cathédrale.IMG_4374

On voit bien ici le procédé de superposition des différents niveaux d’une pyramide.

Mais les ravages fait par les Espagnols, ont laissé bien peu de vestiges de cette admirable capitale aztèque, sauf peut-être ses peintures et bas-reliefs sous  banquettes.

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Le musée recèle quelques trésors.

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Mais nous sommes venus en priorité pour découvrir le très réputé et moderne musée d’anthropologie, construit dans les années 60 par Pedro Ramirez Velasquez. Une vraie réussite, tant par son esthétique que par la valeur de ses salles  d’expositions, classées par époques, régions ou thèmes.IMG_3750.jpg

Un petit panel des oeuvres présentées parmi quelques centaines, servira à mettre l’eau à la bouche des amateurs.

Calendrier aztèque, environ 2m de diamètre:IMG_3867

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Une journée est à peine suffisante pour admirer la variété et la qualité des pièces exposées, et lire les nombreuses informations jointes.

Le musée des arts populaires mérite également la visite en raison des multiples créations artistiques qui trônent dans les vitrines. C’est magnifique et ludique.

Nous nous gavons d’art, incapables en fin de journée de tout nous remémorer tant on a emmagasiné de belles choses en seulement 2 jours. Heureusement qu’on a ici le droit de prendre des photos !

Un petit passage par le Palacio de Bellas Artes nous laisse sur notre faim car les expositions sont fermées. Mais le bâtiment de style art nouveau et néo-classique en marbre de carrare vaut par lui-même.

Nous nous limitons à ces quelques lieux, ravis, n’ayant vu qu’une infime partie de cette trop grande ville.

Un taxi Uber  » fin de mois  » d’un charmant monsieur, architecte !, nous ramène à Teotihuacan.

Nous reprenons l’autoroute pour monter à travers des champs de cactus nopal …IMG_4846…vers San Miguel de Allende et faire la tournée de quelques villes coloniales entre Mexico et la Baja California.

 

 

 

 

D’OAXACA à TEOTIHUACAN du 6 au 13 juin 2018

Oaxaca , grosse capitale de l’état du même nom, est sise dans une vallée à 1500m entourée de montagnes.IMG_3002

C’est l’occasion d’y faire halte chez un petit carrossier qu’on nous a recommandé. Nous y restons 4 jours garés dans la rue devant chez lui.

 

 

Il redonne un coup de jeune aux bas de caisse de notre camping-car et arrange deux ou trois bricoles, comme le marche-pied électrique qui ne fonctionnait plus bien.

 

 

Marie- Anne prend une année de plus : champagne et foie gras espagnols.

Oaxaca a été fondée en 1532 par les Espagnols. Nous nous rendons à l’église Santo Domingo (16è siècle), édifiée par les dominicains dans le style baroque ! P1230361Le plafond de l’entrée est décoré d’un arbre généalogique, tout en stuc, de Santo Domingo de Guzman, fondateur de l’ordre.

 

 

L’ancien couvent qui la jouxte est devenu musée.

 

Grand jardin de cactées, cloître imposant et bibliothèque riche de 20000 livres, sont remarquables.

 

Les salles d’expositions consacrées à l’art et à la culture régionale sont passionnantes.IMG_2761

 

 

Têtes de haches et pipes

 

Porfiro Diaz a modernisé l’économie mexicaine, et adopté le style français.

 

Forte animation au centre ville, car, outre le marché, les instituteurs mécontents des nouvelles réformes, sont venus manifester, plantant leurs tentes un peu partout dans le centre historique, ce qui occulte aussi bon nombre de façades, dont la cathédrale.

 

 

A deux pas, le  » Monte Alban  » sommet de la colline du jaguar à 2000m, occupe une situation stratégique au beau milieu de la vallée fertile d’Oaxaca.IMG_3996

Les Zapotèques l’ont bien compris, qui, installés ici entre le 4è et le 8è siècle, pouvaient contrôler à 360° tout le secteur. Ils en seront chassés par les Mixtèques au 11è siècle, soumis à leur tour par les Aztèques au 15è siècle…juste avant l’arrivée des Espagnols. Pas facile de s’y retrouver !

Cette ville se caractérise par un système de gouvernement dominé par la classe religieuse. Il faut, une fois de plus, imaginer les édifices recouverts de stuc peint en rouge dans un environnement totalement dégagé. On y retrouve les plateformes, palais, pyramides, jeux de pelote ( servant à commémorer les cycles de la vie et des saisons), et observatoire ( pour la prédiction des rythmes agricoles).

 

Le site se distingue des autres, par la présence de stèles uniques :                             » las danzantes « , bas reliefs sculptés datant de 500 à 100 avant JC, représentant non pas des danseurs, mais probablement des captifs nus, obèses, au nez large et aux grosses lèvres ( sans doutes issus des Olmèques), destinés aux sacrifices après avoir été castrés pour offrir leur sang aux déesses ou pour un culte à la fertilité. Les théories diverges.

 

Une plateforme où se trouvait un temple entre 300 à 600 après JC présente un style téotihuacan (zapotèque), avec notamment des disques de pierre peints en rouge, ce qui laisse supposer la présence de cette population dans la cité.

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style zapothèque : urnes funéraires

 

offrandes

 

Nous quittons Oaxaca par l’autoroute, appréciant de pouvoir rouler sans               » topès « . Belle route sauvage.

 

Les forêts de pins font place aux cactus,  » longs poils  » dressés comme des picots sur la montagne.IMG_3202.jpg

Un soir, nous nous garons dans une station service entre fosse à essence et camion- citerne, …sur le conseil des pompistes. Mieux vaut ne pas allumer le gaz pour le dîner !IMG_3229.jpg

Cinquante kilomètres plus loin, nous arrivons à Puebla, très grosse ville, 4è du pays, située à 2160m et cernée de cultures maraîchères. Elle est dominée par le fameux volcan Popocatepelt (5426m), vieux souvenir de nos cours de géographie. Il est actif, et interdit à l’ascension, et pour cause. Nous l’apercevons en soirée, majestueux.IMG_3323

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Encore une ville coloniale baroque où nous arpentons les rues en toute quiétude.

 

 

 

Les façades de nombreux édifices du 18è sont particulières : elles sont en terre cuite, ornées de  » talavejas « , faïences décorées bleues. C’est assez joli.

 

Beaucoup de petites sculptures d’angelots agrémentent les maisons. En effet la tradition veut que ce seraient des anges, qui, montrant une croix tracée dans le ciel, auraient indiqué cette plaine aux fondateurs de Puebla en 1531.

 

La visite de  » la Capilla del Rosario  » 1690 recouverte de stuc, communiquant avec l’église Santo Domingo,…P1230688

… est très impressionnante. Du pur baroque  » churrigueresque  » !

 

 

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Non loin, c’est l’ancien couvent Santa Monica qui fait notre admiration pour sa grande et splendide cuisine, toute de faïences jaunes et bleues. Ici étaient totalement cloîtrées de très jeunes filles, sans aucun contact avec l’extérieur. Lit de planches, et chasubles en laine – qui pique -, afin de n’avoir aucune tentation, ni aucun  » plaisir « . Elles devaient dédier leur corps et leur âme exclusivement au salut du genre humain, à travers la prière, nous dit notre jeune guide, peu tentée par l’expérience. Seule échappatoire : le cloître qui était planté d’agrumes. A méditer !

 

Le joli petit théâtre inauguré en 1760 a connu bien des vicissitudes. Au 19è siècle, pour le  » rentabiliser « , y ont été organisées, des…corridas ! Il a ensuite été détruit par un incendie, mais refait en 1920, il a retrouvé son âme.IMG_3426

Tout près, le quartier des artistes a adopté un look  » place du Tertre  » mexicain où il fait bon flâner.

 

La  » casa Alfenique  » est remarquable pour sa façade toute de stuc, façon crème chantilly. L’imagination des architectes décorateurs est sans limite.

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Le tremblement de terre du 19 Septembre 2017 l’a fortement ébranlée, comme beaucoup de bâtiments en ville. Une jeune française qui a ouvert une boulangerie-pâtisserie ici –  » ah, du vrai pain !  » -, nous raconte à quel point les secousses verticales, puis horizontales ont été destructrices et effrayantes. Depuis, le centre  a été rénové, repeint, embellissant la ville du même coup, nous dit-elle.

Il fait bon flâner pour le plaisir. Nous nous offrons néanmoins un tour en bus à impériale, pour découvrir un peu mieux le centre touristique.

 

Ce bus nous emmène sur la colline où  se situe le fort de Loreto.P1230598 Ici, a eu lieu la fameuse bataille des Mexicains contre, disent les panneaux,  » ces orgueilleux français  » mandés par Napoléon III, le 5 Mai 1862 pour s’emparer de la ville. Plusieurs monuments glorifient la victoire mexicaine. Il faut pourtant noter que les troupes engagées étaient dirigées par l’Empereur Maximilien, un autrichien, et sa femme Charlotte était belge ! Ils ne sont pas à un détail près ici.P1230638

Pour la petite histoire, après 3 ans passés au Mexique, le pauvre Maximilien a été fusillé.

Le parc alentour est avant tout récréatif (salle de concert, planétarium..) et aussi accessible par téléphérique.IMG_3342

A 10 kms à l’ouest, se trouve Cholula.

Petite ville tranquille où on se sent bien.

 

C’est ici que fut construit il y a plus de 3000 ans, un important centre de pèlerinage pré-colombien, situé face au volcan Popocatepelt. Il s’agit de la plus grande pyramide au monde en volume avec 450m de côté et 66m de haut (Khéops : 230mx146m). Pourtant cette masse est enfouie presque en totalité sous la terre, et voici ce qu’on voit depuis la base:IMG_3460

Détail d’importance: en 1519 Hernan Cortès arriva à Cholula avec 5400 guerriers. Suite aux rumeurs d’une possible attaque des habitants de Cholula, il organisa une réunion avec les guerriers, les nobles et l’ensemble des hommes, soit 3000 personnes. C’était en fait une embuscade, et il les massacra tous, tandis que ses alliés restés à Cholula faisaient de même avec femmes et enfants. Ces assassinats furent l’acte le plus important et le plus violent qui se produisit durant la conquête espagnole du Mexique.

Les Espagnols n’ont trouvé rien de mieux que d’araser le haut de la  » colline  » pour y édifier une grosse église  » Nuestra Senora de los remedios  » dominant donc toute la plaine de Puebla.

 

Du temple si imposant il ne reste à la visite que quelques ruines témoignant du mode de construction…

 

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…mais aussi…un étonnant réseau de tunnels étroits et d’escaliers très pentus, se coupant et se recoupant sous l’actuelle église. C’est un vrai labyrinthe menant à des chambres mortuaires. Cette visite est assez émouvante.

 

Le musée présente des céramiques, et des codex, toiles écrites et dessinées au 16è siècle.

 

 

A quelques encablures, nous visitons, hélas sous la pluie, l’église de Tonantzintla (18è), entourée d’un jardin d’agrumes odorants. La gardienne, après une petite rémunération personnelle, accepte que nous prenions quelques photos. Au Mexique, on paye d’abord. Cette église est exceptionnelle, et Marie-Anne a d’emblée, un coup de coeur eu égard au travail des artistes.

 

L’intérieur est assez clair. Tout est recouvert de figures humaines, animales, ou de motifs végétaux évoquant à la fois la culture indigène traditionnelle, et celle des Espagnols. Ici évêques et chefs indiens se côtoient au milieu des mangues et des ananas. On pourrait rester des heures à les contempler. Le stuc est peint de couleurs vives ou recouvert d’or.

 

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Au centre du choeur, on peut admirer une Vierge toute de paillettes pour, peut-être, impressionner encore plus, le croyant. Une petite merveille qui valait bien le détour.

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Nous reprenons l’autoroute, direction Téotihuacan, pestant contre les innombrables péages. Nous sommes taxés avec nos roues jumelées, comme les autobus. Mais le gain de temps est appréciable.

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MEXIQUE : de Palenque à Oaxaca du 24 mai au 6 juin 2018

Les « topes » mexicains sont les « bumps » d’Amérique du Sud en pire et en plus variés. Il y en a partout, c’est  dire aux approches de villages, villes, et dans chaque rue, obligeant à repasser en 1ère ou en 2nd pour les moins pires, tous les 50 à 100m. Certains plus larges font office de passage piétons, et le non respect se traduit par une amende calculée en journées de travail. Beaucoup de  » topes  » ne sont pas signalés, et c’est exaspérant, mais c’est le Mexique…

Etonnement pour pénétrer dans l’état du Tabasco, les véhicules roulent entre deux grands murs de béton et de barbelés, comme pour un passage de frontière.IMG_2024.jpg

Nous trouvons un camping-hôtel tranquille, juste à l’entrée des ruines de Palenque.IMG_2030.jpg

Les singes hurleurs sont là, poussant leurs cris impressionnants de sauvagerie. Ils bombardent de branches et de fruits les Allemands garés à côté de nous lorsqu’ils mettent leur moteur en route pour recharger leurs batteries.

Palenque, une des plus grande cités du Mexique, dont l’apogée se situe entre 600 et 700 après JC, est bien entretenue, pelouses tondues et bâtiments bien restaurés. Certains sont adossés à des collines couvertes de jungle, mais on voit bien qu’il reste une multitude de constructions enfouies encore sous la forêt.

La pyramide de  » las inscripciones « …IMG_2039

…contient un escalier interne que les archéologues ont mis 3 ans à déblayer, menant à la crypte funéraire où se trouvait l’énorme tombeau (13 tonnes) du roi Pacal, mort centenaire.IMG_2045

Un masque mortuaire et des bijoux en jade le couvraient.

Son épouse, la  » dame rouge « ,car toute de rouge recouverte, reposait dans une tombe peinte en rouge, enfouie au sein du temple voisin.

C’est Chan-Bahlum, fils du roi Pacal, qui acheva l’embellissement de la ville. Ici, le  » Palacio  » est superbe.

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Construit en plusieurs étapes, sa tour servait d’observatoire…IMG_2050

…et ses cours, de lieu de cérémonies religieuses rituelles.IMG_2075.jpg

De belles fresques, sans doute de prisonniers, l’en habillent…

…et un dédale de souterrains le parcours.

Une place est dominée par trois petites pyramides de la fin du 7è siècle, qui ont conservé au sommet leurs autels abritant des bas-reliefs admirables.

La ville  était traversée par une rivière que les Mayas ont canalisée et partiellement couverte.IMG_2056.jpg

Le retour en forêt nous conduit à des cascades et d’autres petits temples à la  » Indiana Jones « .

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Cerise sur le gâteau, cette fleur…IMG_2109.jpg

Le musée passionnant présente, outre des stèles et bas-reliefs,

des objets magnifiques comme ces encensoirs,

dans lesquels les Mayas brûlaient du copal avec des bandelettes imbibées de sang provenant d’auto-sacrifices. Les volontaires utilisaient un couteau ou de fines aiguilles en pierre d’obsidienne pour se couper le lobe de l’oreille, ou se percer la langue ou le sexe…aïe ! Les bandelettes étaient placées dans des petites coupelles destinées à recueillir ces offrandes avant d’être brûlées dans des vases sculptés.

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Nous admirons également d’incroyables têtes mortuaires en jade et de curieuses petites statuettes.

Chaleur, moiteur et …moustiques…nous chassent. Les montagnes du Chiapas si renommées, nous tentent.IMG_2189.jpg

Mais au moment de partir, nous avons confirmation que : 1) la route est très mauvaise, 2) les  » topes  » coupent l’élan tous les 50m, 3) qu’il y a des barrages et du racket de la part des indiens, 4) que deux touristes viennent de se faire tuer par arme à feu…C’est un peu trop, alors nous laissons la beauté de cette région à leurs  » indigènes  » et filons sur la côte du golfe du Mexique.

Paysages de prairies et ranchs, puis de marais et palmiers.

Le bord de mer est tout à fait  » authentique  » ici, et on nous regarde passer avec distance et curiosité mêlées.

On finit par trouver un coin de plage où il n’y a PERSONNE. Eau claire, chaude, un peu agitée : le bonheur !

Mais, petites galettes de goudron sur la plage ! Les nombreuses plateformes pétrolières polluent, hélas.

Un pur hasard de la route nous fait faire une halte de nuit à  » la Venta « .IMG_2228

Il s’agit d’une ancienne cité Olmèque, l’une des plus importante (1200 à 400 av JC). Les Olmèques, cruels guerriers, étaient le produit d’un mélange de races : négroïde, asiatique et européen ( comme les vikings). Ils avaient migré par le détroit de Béring.

 » La Venta  » était une île entourée de terres fertiles et les Olmèques commerçaient avec les autres régions de Méso-amérique, amenant ici sur des radeaux depuis plus de 100km, les pierres destinées à leurs constructions et statues. Les têtes de basaltes de plus de 2m de haut sont parfois colossales pouvant peser plus de 30 tonnes.

Les pyramides étaient en terre et pour les préserver, les autorités mexicaines laissent pousser la végétation.

Les Olmèques portaient des casques en caoutchouc, provenant de l’exploitation du  » hulé  » poussant tout autour. Ils portaient une longue mèche sur le crâne, les côtés de la tête étaient rasés, et les oreilles percées. Ils n’avaient pas d’écriture, mais représentaient leur vie quotidienne en la gravant sur des pierres.P1230133

Après une halte nuit rapide à Coatzacoalcos, ville ouvrière et industrielle…

…nous remontons vers le grand et paisible lac de Catemaco où un tour tardif en  » lancha  » nous fait naviguer autour d’îlots couverts d’oiseaux, de singes, et même sur l’un d’eux, de quelques macaques importés de Thaïlande par des chercheurs. Pauvres bêtes !

On nous propose un arrêt chez un chaman afin de purifier notre esprit et notre corps. Nous déclinons gentiment, ainsi que pour le masque de boue de 30 minéraux volcaniques qui nous est proposé.IMG_2328.jpg

Nous retrouvons la mer à la Barra de Sontecoma, village perdu au bout d’une piste de 8km.

La longue plage attire les tortues au moment de la ponte, et le propriétaire du restaurant où nous nous installons nous suggère un tour vers les cascades non touristiques cachées dans les collines. Jolie balade avec sa fille, Michèle.

Avec eux, nous poussons jusqu’à la plage de Balzapote, dominée par un petit piton basaltique, sur lequel nous grimpons.

Descente un peu périlleuse en suivant les poutres de pierres peintes en blanc, mais la sécurité  » à la française « ,… ils ne connaissent pas ici.IMG_2430

La petite route côtière qui contourne le massif du volcan San Martin Tuxtla est tout à fait bucolique.IMG_2440

La côte est jolie, et on s’y sent BIEN.Tous les gens rencontrés nous font des sourires et de grands bonjours, une première au Mexique.IMG_2439

La halte nocturne à Playa Hermosa nous offre une grande crique sablonneuse, rien que pour nous…et quelques vaches.

Au vu des maisons bien coquettes et proprettes, nous nous demandons si cette portion de côte, n’est pas le coin des maisons de vacances des habitants de Vera Cruz, assez proche. Ce petit paradis campagnard restera un must dans nos mémoires…excepté…les moustiques du soir, bien sûr.

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Un détail cloche…mais ce n’est pas un problème ici!

Quittant à regret ce secteur, nous obliquons vers le sud. Plaines à canne à sucre, vieux camions surchargés et poussifs, trains de 6 remorques de canne tirées par un tracteur, prairies, lacs et rivières. Bruno aime se garer au bord de l’eau, près, très près, pour le déjeuner!

Le joli village de Tlacotalpan sert de cadre pour des films mexicains  » novelas « , en raison de sa  » couleur locale « .

Après la ville de Tuxtepec, sans le moindre intérêt, nous rejoignons Oaxaca, troquant la chaleur pour un peu d’air frais. Cultures de canne encore, de litchis, de manguiers, comme partout, d’hévéa et bananiers,…

… puis route de montagne qui nous mène à plus de 2943m. Sentiment de solitude sur ce trajet forestier montagneux, où nous ne traversons qu’un seul village (et ses topes).

Peu à peu le paysage change au profit, curieusement, de forêts de pins à perte de vue. Certains portent des orchidées.

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La route très sinueuse (232km selon michelin) ,nous semble bien longue et les voitures sont rares. Par endroits, on pourrait se croire en France !IMG_2626.jpg

Nous voyons de temps en temps des fours à charbon de bois.IMG_2627.jpg

Enfin, nous redescendons sur la plaine d’Oaxaca où il ne fait plus que 25° à 30°. IMG_2642C’est à Santa Maria de Tulé que nous trouvons chez un couple canadien un           » camping  » sécurisé, même si les gens nous disent qu’ici  » es tranquilo « . C’est d’ailleurs souvent le cas au Mexique, sauf quand il y a un problème, et c’est pourquoi nous préférons nous garer dans des endroits  » sécurisés  » .

Ici nous sympathisons avec Erica et Ernst, un charmant couple suisse que nous reverrons certainement en Europe.

Tulé détient le record de l’arbre le plus gros du monde : le  » Ahuehuete « , variété de cyprès, qui aurait plus de 2000 ans. Il mesure 58m de circonférence, pour un diamètre de 14m et 42m de hauteur. Il est très très IMPRESSIONNANT, vu de chaque côté.

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Il y en a un autre, énorme également, qui n’a que 1000 ans, mais qui a fière allure aussi.IMG_2668

Un jardin bien fleuri fait face à l’église et à la mairie, lieu de retrouvailles des amoureux du week-end.

Nous nous y sentons en effet en sécurité, même quand nous y déambulons la nuit. Dans les rues adjacentes, il y a même un réseau de » voisins vigilants  » . Entendant un petit groupe de musiciens, nous apprenons que lors des enterrements, famille et amis apportent fleurs, nourriture et boissons au cimetière, et viennent y faire la fête plusieurs jours de suite sur fond musical, afin d’accompagner gaiement le mort dans l’au-delà.

La fête, les Mexicains aiment la faire, même en semaine. C’est vrai qu’ils n’ont pas de vacances hormis les fonctionnaires.

C’est ici que nous apprenons, stupéfaits et avec une très grande tristesse, l’explosion du volcan Fuego ( Guatemala)où nous avions dormi, provocant la mort de plus de 130 personnes, 200 disparus et quelques centaines de blessés.

De Tulé, nous gagnerons ensuite Oaxaca, ville toute proche…