Le wifi stable étant, hélas, plutôt rare au Mexique, et devant rouler afin d’être mi-juillet à San Francisco, où nous allons retrouver notre fille, son mari et ses 4 enfants, nous sommes dans l’incapacité de continuer le blog sous la forme aussi développée qu’auparavant.
Voici un rapide résumé de cette partie de notre voyage, où nous n’avons pas fait de rencontres aussi sympathiques qu’avant. Nous sommes un peu déçus de constater que beaucoup de Mexicains nous prennent pour des Américains et ramènent tout à l’argent. Ce n’est pas toujours facile de discuter avec eux.
L’état des routes est bien meilleur qu’on ne l’imaginait, mais les » topès « , ces dos d’âne aux formes et hauteurs variables qui pullulent un peu partout sont une vraie plaie : certains ne peuvent même pas être franchis à 10km/h. C’est pourquoi nous privilégions les autoroutes afin de gagner du temps, malgré les innombrables péages qui nous font bien rouspéter, surtout quand nous sommes classés en autocar.
Qui plus est, un flic ripoux muni d’une sorte de boîte censée être un radar, nous arrête pour un léger excès de vitesse, sans pour autant immobiliser tous les véhicules qui nous doublaient. Il décide de nous immobiliser et comme c’est le week-end…Bruno a compris, et négocie aussitôt le prix de l’amende : le policier s’empresse de froisser les billets et de les mettre dans sa poche. Ni vu, ni connu ! Et ce sera notre seule entorse à nos principes de toujours refuser ces pratiques.
Ce qui marque cette partie de notre voyage au centre du Mexique, ce sont les orages quotidiens avec des pluies parfois violentes accompagnées de fraîches températures le soir. Remettre le chauffage au Mexique : un comble, non ? Les moustiques, eux, n’en ont que faire et nous attaquent quasiment chaque jour. Nous pensions naïvement qu’ils étaient féroces en Amazonie, et nous n’en avons pratiquement pas souffert, mais ici, ils sont très rapides, petits et vicieux.
Parmi les nombreuses villes coloniales, nous choisissons de visiter Querétaro. Les arts fleurissent à chaque coin de rue sous forme de sculptures, peintures, ou chant.
Nous visitons la maison de la » Zacatecana « , une pieuse veuve noire faisant assassiner son vieux mari par son employé, puis tuant ce dernier ! Pourtant on retrouva peu après le corps de cette meurtrière gisant dans la rue devant chez elle, sans doute poussée par une main vengeresse.
On dit que les squelettes de ces deux hommes sont encore visibles dans la cave.
Le vieux centre compte places, placettes et rues piétonnes très animées, où il fait bon flâner.
Un peu plus au nord, San Juan de Allende est remarquable pour l’harmonie de ses constructions aux tons bordeaux et mangue, ses balcons en fer, et sa curieuse église du 16è transformée au 19è par Zeferino Gutierrez, un architecte d’origine indienne qui lui a rajouté un clocher néo-gothique.
On apprend que cette ville attire de riches Américains, ainsi que de nombreux artisans et créateurs, comme cet artiste peignant sur pierre.
Le boulanger-pâtissier n’est pas en reste et nous lui achetons de » vrais » pains, et de délicieux macarons.
Non loin, au delà des collines couvertes d’épineux…
…la petite ville de Guanajuato,attire les foules en raison de sa situation encaissée au sein de petites montagnes.
La municipalité a eu l’idée de faire creuser dans la roche des tunnels sous-terrains, auxquels on accède par des escaliers comme pour le métro mais où circulent aussi les voitures. Les habitants les empruntent pour se déplacer d’un point à un autre tout à fait naturellement. Cette mixité nous a semblé curieuse, et particulièrement dangereuse, et nous avons préféré nous garer en périphérie, laissant à notre taxi le soin de se repérer dans ce véritable labyrinthe.
Mais cette ville universitaire réputée colorée, au patrimoine de charme, fait aussi recette pour ses activités culturelles.
C’est la fête de la Saint Jean et il y a foule ce jour.
Parmi les attractions, nous remarquons ces chanteurs et musiciens costumés comme en Italie au 16è: les « Callejoneadas « .
Pour les amateurs, et nous en sommes, le jeu consiste à les suivre, dans une ambiance » chaude » au gré de leurs sérénades, de leurs jeux de scène comiques, au hasard des rues et ruelles.
La plus petite d’entre elles se nomme » el calejon del beso « , passage -obligé- de tous les amoureux qui… s’exécutent. Certains y accrochent un cadenas depuis quelques années.
Le théâtre néo-classique, art nouveau, se laisse visiter avec bonheur.
La ville possède en son centre une imposante université de renom construite vers 1950. Une partie de ses murs est érigée en pierre verte de la région, la « cantera verde ».
Un musée Don Quichotte pour lequel nous manquons hélas de temps, semble faire un émule bien coquin…
Nous nous dirigeons ensuite vers le sud. Changement de paysage.
Morelia est une ville dont le centre historique espagnol du 18è est construit en pierre brune. Mais à notre arrivée, une très forte pluie nous dissuade d’en explorer les monuments.
Plus tard, nous allons voir le vieil aqueduc en briques, commencé au 16ème et achevé au 18ème, et le musée d’art moderne du 19ème.
Nous avons tout juste le temps de visiter le fameux couvent, devenu sanctuaire, de Notre Dame de Guadalupe dont les stucs sont réputés.
En raison des prochaines élections, diverses manifestations de » rouges » ou » blancs » barrent les rues.
Cela fait le bonheur de certains.
Nous restons un peu sur notre faim, et filons sur Patzcuaro, de style totalement différent. Après la pluie, nous apprécions le charme d’un village authentique.
Au bord du lac…
…dans le village de Tocuaro, Felipe Horta, fabrique et peint des masques en bois raffinés. Certains sont rigolos, d’autres, effrayants et dotés de cornes démontables pour que les touristes puissent les ramener en avion.
Nous passons un très agréable moment en sa compagnie, admirant la qualité de son travail. Les masques sont une vraie tradition au Mexique remontant à l’époque pré-hispanique. Qu’ils soient en bois, peau, terre-cuite, pierre ou papier-mâché, ils étaient utilisés comme symboles lors des fêtes, cérémonies ou rites funéraires. Ils servaient à entrer en contact avec les forces surnaturelles, comme un pont entre le monde » normal » et celui des esprits, afin de chasser les êtres maléfiques.
Autre tradition locale : le fameux « el tequila », ingrédient typique de la » margarita » …pour les connaisseurs.
Justement, notre itinéraire nous amène au village Tequila, au pied du volcan éponyme, qui a donné son nom à cet alcool.
En 1500 avant JC, se buvait une boisson alcoolisée, à base d’agave » tequilana weber « , variété bleue.
C’est une plante cultivée ici, et autour d’Oaxaca, qui appartient à la famille des « amarilidaceas » qui se reproduit elle-même, et ne donne pas de fruit. La Tequila, (el tequila en espagnol) appellation contrôlée, ou encore Mezcal, est fabriquée à partir du coeur de la plante, qui se développe dans la terre. Il est coupé, cuit, et pressé.
Ce sont les Espagnols qui ont amélioré cet alcool en le stockant dans des tonneaux pour le faire vieillir comme un bon cognac. Pour sa part, Bruno préfère, et de loin, la production charentaise…
Le circuit des villes coloniales est terminé pour nous qui rejoignons le Pacifique.
Nous retrouvons la chaleur aux environs de Guayabitos.
Mais la longue plage bordée d’une multitude d’hôtels et envahie dès le matin de Mexicains bruyants, et transistors à fond nous décourage. Tant pis pour le bain, direction le nord de la côte.
Des ananas juteux et sucrés, des bananiers, et des centaines de manguiers croulant sous les fruits sont cultivés dans cette région de montagnes.
Après une longue route bien différente…
… et devant l’impossibilité de trouver une place sur un bateau à Mazatlan pour traverser la mer de Cortès…
…c’est au port de Topolobampo de Los Mochis beaucoup plus au nord, que nous parvenons à réserver une place sur un ferry à destination de La Paz, en Basse Californie.
Un dernier bain sur la plage non loin nous permet de nous reposer de tant de kilomètres ces derniers jours avant de nous embarquer pour une nuit de traversée en cabine:
côté mer…
…côté lagune
Nos anciens réflexes reviennent immédiatement, et nous restons, seuls, sur le pont, la nuit jusqu’à ce que le ferry rejoigne la haute mer.
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