Le passage en douane est ultra rapide. Bonne nouvelle : notre Iveco semble préférer les températures tempérées, et nous amène presque normalement à Vancouver. Nous nous garons à Westminster sur un parking au bord de la rivière Fraser qui descend des lointaines Rocky Mountains (vers Jasper ).
Elle permettait et permet toujours de pratiquer le flottage des pins coupés en montagne en amont.
Les anciens quais ont été aménagés en agréable promenade…
…gardés par la statue de » Tin Soldier » (9,75m), qui a figuré dans le Guinness Book en 2002 en tant que » World’s Tallest Tin Soldier « . Il a été conçu en honneur du rôle joué par les » Royal Engineers pour la fondation de Westminster entre 1859 et 1863.
Vancouver est une ville étendue, moderne et en pleine activité dont le centre se signale par ses buildings en verre, étincelants.
Elle fait face à la longue île Victoria qui la protège du Pacifique, ce qui lui offre un superbe plan d’eau parsemé d’îlots. Dans sa partie nord, les montagnes sont couvertes de remontées mécaniques. Des JO de 2010, on aperçoit toujours les équipements, dont le stade olympique.
Ici, l’écologie se fait la part belle avec des toitures en herbe, des fontaines et des jardins fleuris au milieu des immeubles.
Sports de plein air et nature, tout comme la musique, sont partout à l’honneur avec de grands parc urbains mêlant forêt et front de mer.
Les habitants marchent, courent, » gymment « , pédalent, rament ou font du bateau, dès qu’ils sortent du travail.
Certains prennent le temps de prendre…le temps.
Le port de commerce très actif, au sud, accueille de nombreux cargos, tandis que le port de plaisance, où bateaux de toutes sortes et hydravions au ballet incessant se côtoient, est devenu un des centres névralgiques de Vancouver.
Nous croisons de nombreux asiatiques -beaucoup tiennent des commerces ici-, des hindous enturbannés, des noirs et des arabes. La ville cosmopolite vit, bouge et respire. Seuls les loyers exorbitants sont dissuasifs, tandis que bon nombre d’appartements restent inoccupés : c’est le résultat de placements financiers outranciers.
Les vieux quartiers en brique ( 1910) du centre ville offrent un contraste saisissant où drogués et alcooliques sont couchés par terre attendant une aide municipale. Vancouver vit les mêmes problèmes que nombre de grosses agglomérations.
Nous empruntons le métro aérien pratique, très facile à utiliser et …propre, pour aller nous promener au centre.
La tour » Sky Lookout « , qui possède des ascenseurs extérieurs nous dévoile du haut de sa rotonde quelques vues intéressantes.
Par exemple, le » Dominion Building » qui était en 1910, le plus haut bâtiment commercial avec …53m de hauteur. Il ne garda son titre que 2 ans, dépassé en 1912 par la » Sun Tower » avec ses 82m et son dôme en cuivre verdi.
Nous ne faisons qu’entrapercevoir le » Marine Building « , comme enfoui au milieu des tours modernes. Pourtant son style art-déco ornant ses derniers étages en faisait un des symboles de Vancouver les plus » glamour » des années 30.
C’est en nous promenant que nous prenons la mesure de l’évolution de la ville. Toujours plus haut, plus brillant.
Nous nous offrons le lendemain un tour en mer à bord du » Prince of Whales « , espérant voir des baleines.
Le bateau vogue en direction de l’île Victoria longeant des îlots habités.
Nous voyons deux familles d’orques et quelques lions de mer, rentrant un peu déçus de manquer une fois de plus les baleines que nous poursuivons depuis l’Amérique du sud. Nous regrettons en outre que ce bateau se soit si peu approché des animaux, contrairement à d’autres.
Dès lors, laissant derrière nous à regret musées, parcs et plages, nous traversons un joli pont…
…et prenons la route du nord qui nous emmènera en Alaska. Il ne faut pas tarder en raison de la fin de la saison estivale. Pourtant ici il fait presque chaud (25° à 30°).
Au passage, nous admirons de loin le Mont Baker (américain), joli volcan faisant partie de la chaîne nord sud de ces magnifiques » monstres » blancs, à l’instar du Mont Rainier à Seattle, que cette année nous n’avions pu apercevoir.
Nos enfants sont inquiets, car 600 départs de feux sont signalés en Colombie Britannique, et enfument plus ou moins fortement les vallées montagneuses que nous devons traverser du sud au nord via Prince George.
Malgré l’odeur plus ou moins forte, c’est surtout l’occultation des paysages qui nous gêne le plus. D’une manière générale, nous ne voyons pas de flammes et ne verrons qu’un hélicoptère bombardier d’eau dans le sud.
Le voyant de défaut d’injection se rallume encore de temps en temps, mais Bruno reste philosophe et confiant.
A Moricetown où la rivière se resserre en cascades, nous assistons à une petite scène amusante : des canadiens viennent ici pêcher de gros saumons …à l’épuisette. Dangereux, mais lucratif ! En quelques minutes, leurs caisses sont remplies.
La route 37 entre Hazelton et Watson Lake nous semble interminable et monotone. Il n’y a pas grand monde, et Marie-Anne finit par somnoler.
Pourtant, nous avons droit à une soudaine et jolie rencontre…
…puis 2,3,4,5, mais il sont si difficiles à photographier…
Un seul se laisse vraiment approcher sans déguerpir.
Petit à petit apparaissent les premiers glaciers, tandis que lacs et sapins se succèdent sans fin.
Certains secteurs ont été totalement brûlés, laissant des troncs de spruces noircis à perte de vue.
Les orages qui déclenchent ces incendies – quand ce n’est pas volontaire ou accidentel -, permettent à la forêt de se régénérer. C’est à la fois un bien et un mal, en particulier pour la faune, et la repousse est longue. Après ces incendies, les graines libérées par les pommes de pins éclatées, trouvent un terrain fertile pour s’épanouir, tout en bénéficiant d’un sol propre et aéré .
Enfin, après bien des kilomètres, il nous reste encore à traverser le Yukon. Sans fumées, et plus coloré, nous le faisons en empruntant la scénique « Paraméricana Alaska Highway « .
La route est essentiellement utilisée par des camping-cars, qui comme nous, font halte à Whitehorse. Un vieux bateau à aubes en cale sèche nous rappelle que dans les années 30, la ville de Dawson au nord, était approvisionnée, uniquement par la voie fluviale du Yukon.
Une halte pour changer le filtre à gasoil chez un garagiste colombien très serviable, nous met en alerte : la roue avant gauche a pris beaucoup de jeu et son roulement risque de casser brusquement. Ne pouvant s’en procurer, il nous conseille 3 garages à Anchorage (Alaska), susceptibles de nous faire la réparation, soit 1130kms ! Il y a au moins trois jours de route et lorsque nous le quittons, il nous dit gentiment en espagnol » bonne chance ! « . Bruno va donc rouler avec circonspection.
Les montagnes se font plus hautes et les épilobes, plus nombreuses.
Le lac de Kluana, malgré un vent de sable, est magnifique.
Nous sommes dans le Klondike, pays des prospecteurs d’or en 1900.
Notre chance ? Ce sont les 2 grizzlis dévorant des feuillages à pleines dents sur le bord de la route vers Destruction Bay : » chroc chroc « , on les entend très nettement faire éclater les tiges savoureuses entre leurs dents. Ils ne s’occupent pas de nous et on est ravis de pouvoir les observer d’aussi près depuis le camping-car.
Les ours, c’est comme les trèfles à 4 feuilles, on les trouve quand on ne les cherche pas.
Notre chance ? c’est aussi de croiser un renard qui marque son territoire de chaque côté de la route, un lapin (chef), et un gros loup qui traverse devant notre capot beaucoup trop vite pour qu’on le photographie, et disparaît dans les taillis.
Bruno demande à Marie-Anne de bien observer si une roue ne nous dépasse pas ( » toujours aussi drôle, mon pauvre Milou ! « ), et il avale les kilomètres à l’affût du moindre comportement bizarre du train avant.
Les paysages ont changé, avec des sapins plus rabougris.
Nous voici ENFIN à la frontière, après 10 jours de route ininterrompue depuis Vancouver, et un no man’s land de quelques kilomètres entre Canada et Alaska.
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