De retour en direction d’Anchorage, nous apercevons une dizaine de plateformes pétrolières dans la baie de Niniski. Quel dommage, dans un si bel environnement.

Direction l’est vers le fjord de Seward. Le trajet le long de cette péninsule de Kenai est sublime.
Ce gros bourg est le terminus du train touristique venant d’Anchorage pour rejoindre les bateaux de croisière.
Nous restons sans voix, quand, près du port, nous découvrons un ramassis de camping-cars ! A quelques mètres, un curieux ballet s’offre à nos yeux : des centaines de saumons sauvages sautent, tandis que d’innombrables pêcheurs se ruent sur leur canne à pêche. Leurs seaux remplis de poissons, ils vont lever les filets, qu’ils vendent aussitôt dans des poissonneries où la congélation est immédiate. Très lucratif, ce sport !
Heureusement, il en reste un peu pour les restaurants…
C’est ici que nous embarquons une nouvelle fois, pour tenter d’observer des baleines… et une fois de plus, ce sont des orques qui chassent sous nos yeux.
Nous voyons bien des lions de mer, de grosses loutres, des petits » puffins » (macareux), très rapides, mais…PAS DE BALEINES .
On se console en admirant une heure durant la chaîne de glaciers qui plongent dans la mer, dont le Holgate, dont nous nous rapprochons assez près tout comme cet autre bateau.
Nous en redemandons, et partons faire un trek de 5 heures, jusqu’à l’Exit Glacier, bombe à ours à la main.
L’air est frais, mais on respire de manière très agréable en Alaska. Nous sommes conquis par ces paysages.
On aperçoit des » trekkeurs » sur la glace.
De là, nous remontons en direction d’Anchorage et c’est superbe.
Mais comme Bruno le souhaitait, nous repassons le tunnel qui mène à Whittier, port que nous retrouvons cette fois sous le soleil. Cela change tout.
La magie opère une nouvelle fois, quand nous surprenons un ours noir qui vient pêcher à plusieurs reprises. Séance émotion : nous restons toute la journée et avons tout le temps pour le regarder, le filmer, et même l’approcher… » Bruno, recule ! « .

Le soir, pour la deuxième fois, nous dormons de l’autre côté du tunnel…pas mal aussi au petit matin.
En revenant à Anchorage, nous faisons halte dans un parc animalier qui recueille des animaux, blessés ou maltraités.
Nous y voyons enfin des caribous, des boeufs musqués, des loups, un renard et un ravissant » porcupine « .
Deux grizzlis passent à quelques centimètres de nous.

…et vont se baigner avant une bonne sieste.

Il y a même un ours » ado « , perché sur son bouleau.
A Anchorage, nous filons au garage, où ils n’ont toujours pas reçu nos roulements, mais nous démontent l’ABS trop usé et brinquebalant. Il faudra revenir dans deux ou trois jours…(finalement , il est solide, cet Iveco, car malgré tous les chocs qu’il a reçu, nous ne sommes jamais tombés complètement en panne).
C’est l’occasion d’aller faire un tour sur la » Flattop mountain « , montagne mythique derrière Anchorage.
Les indiens qui vivent ici aiment venir ramasser les » blueberries « , dont il existe plusieurs variétés. La montagne est couverte de baies rouges.
Nous n’allons pas jusqu’en haut du » Peak « , car le sentier étroit se termine dans des éboulis instables, qu’il faut carrément escalader. Trop dangereux, car nous n’oublions pas que nous n’avons pas droit au moindre accident. Néanmoins, nous croisons bon nombre de jeunes qui viennent s’entraîner à la course en montagne. En Alaska, le sport est très prisé.

La vue que nous contemplons est déjà très belle.
C’est dans Anchorage et ses parcs que nous voyons nos premiers élans, mères et petits. Il faut être très prudent avec ces animaux impulsifs, car ils blessent ou tuent plus d’humains, que les ours.
Toujours assoiffés de découvertes, c’est à Girdwood, un peu plus au sud ouest, que nous nous retrouvons dans le village minier de » Crow Creek « . Les petites maisons (1898) des chercheurs d’or ont été conservées en l’état, ainsi que leurs outils, entourées d’un jardin bien entretenu.
Nous aurions pu tenter notre chance aussi, s’il n’y avait eu à nouveau le rendez-vous au garage. C’est un touriste qui a trouvé la plus grosse pépite, et les propriétaires pensent que le filon est loin d’être épuisé.
Pourtant, si nous ne ramenons pas d’or, ce sont des ceps que nous cueillons en quantité, pour le plus grand bonheur de Bruno.
Nous faisons un arrêt dans la » Turnagain baye « , car c’est là que des familles de bélougas ( ces grosses baleines blanches ), viennent se nourrir à marée montante. Il faut être patient…et soudain, nous repérons, un dos blanc, qui contraste avec le gris de l’eau, puis 2,3,4, et enfin des dizaines. Les bélugas passent : on entend leur souffle sans en voir davantage.
L’Alaska nous réserve de bien belles surprises. Le garage aussi qui nous annonce l’arrivée des roulements (et ce sont les bons). Ils sont changés très rapidement.
Nous voici libres d’aller faire un tour en ville où nous visitons une petite exposition sur les Esquimaux : harpons, vêtements, et une balle d’enfant en fourrure.
L’aéroport avec ses gros porteurs, les zones commerciales, l’Université, et toutes sortes d’entreprises, mettent Anchorage, au rang des capitales régionales, jeunes et dynamiques. Elles profitent du pétrole de la baie, mais la nature reste omniprésente. Il y a tout ici, mais à taille humaine, et sans gratte-ciel, et comble du comble, il fait même 21°!
C’est le moment de partir en direction du Denali Parc au nord. Marie-Anne, qui avait un joli poster du Mont Mc Kinley lorsqu’elle était adolescente, rêvait de le voir pour de vrai.

Ce volcan baptisé en 1896 portait le nom de l’ancien gouverneur de l’Ohio et futur Président américain Mc Kinley, élu à l’époque de la ruée vers l’or. Depuis, en 2015, il a retrouvé son nom indien d’origine « Denali »: -celui qui est haut-, en langue athapascane. Les indiens qui se sont installés ici venaient d’Asie après avoir traversé le Détroit de Bering. Ils ont créé des pistes et ont commercé avec les esquimaux et autres peuples migrants.

Le Denali n’est pas une petite montagne puisque son volume et son élévation verticale sont plus importants que …l’Everest, et pourtant il continue à grandir du fait des poussées des plaques tectoniques. Il compte deux sommets majeurs : le pic sud à 6193m et le pic nord à 5934m qui dominent une longue chaîne montagneuse. Son record de température hivernale est de -73°c!
Côté sud :

Côté nord :
Le » Denali Park » n’est plus accessible en voiture, et ne se fait qu’avec des bus spéciaux.
C’est plus prudent car la piste est parfois TRES étroite.
Le chauffeur stoppe dès qu’il aperçoit des animaux, comme ces caribous ou ces grizzlis un peu énervés par tant de touristes.
Nous choisissons le circuit qui nous mène au » Wonder Lake « (137km aller).

Un porc-épic grognoche dans un coin en grignotant un abri en bois.
Côté face………………………………………et côté pile.
On croise des trekkeurs qui campent et partent à l’aventure dans cet immense et magnifique parc. Néanmoins, les touristes sont comptabilisés par les rangers, au cas où un ours …aurait trop faim ?


Pour nous, journée inoubliable, d’autant que le parc fermait dès le lendemain pour la saison.
Le soir, nous nous garons en pleine nature,…
… au milieu des lapins,…
… et nous admirons, rien que pour nous, de bien belles aurores boréales, qui ondulent de manière imprévisibles, tantôt blanches, vertes, et même bordées de…rouge !
Nenana est un petit village traditionnel où se tient la » Nenana Ice Classic « , un jeu de paris hivernal très attendu chaque année en Avril ou Mai depuis 1917.
Un grand trépied noir et blanc est posé sur la rivière gelée, et les gens parient quel jour et à quelle heure la glace va se rompre et le faire basculer.
Ils ont des idées, ces américains !
C’est à Fairbanks, encore un peu plus au nord, que se trouve » l’International Artic Research Center « , faisant autorité en matière de recherche sur le changement climatique.
Située en plaine, la ville en elle-même n’a rien d’exceptionnel.
Elle est aérée, et son climat est plus sec et moins froid qu’Anchorage. Les premières maisons de Faibanks (tout début du 20ème) ont été regroupées dans un parc.
Fairbanks est réputée pour ses courses de chiens de traîneaux. Ancienne ville de chercheurs d’or et de trappeurs, elle a été fondée en 1901.

Le fameux trans-alaska pipeline construit en 1970, qui va de Prudhoe sur la mer de Beaufort jusqu’à Valdez dans le golfe d’Alaska passe à côté.

Il zigzague par endroits pour une meilleure dilatation en cas de mouvement du sol, et il est hors sol pour l’isoler du permafrost.
On nous a dit que les environs de Fairbanks, sont le meilleur endroit d’Alaska, pour observer les aurores boréales. Nous allons donc à 50km au nord, latitude la plus élevée de notre voyage.
Effectivement, elles arrivent et MEME juste au-dessus de nous. Nous sommes encore une fois en pleine nature, seuls. Dire notre excitation quand nous sortons du camping-car en pyjama en pleine nuit pour mieux voir, est un piètre mot. C’est à nouveau EXTRAORDINAIRE sur fond de grande ourse! Nous observons comme un gros phare de voiture, qui brusquement emplit le ciel d’une trainée lumineuse polymorphe et en mouvement constant…

De retour à Fairbanks, nous allons visiter son remarquable musée de l’automobile. Les voitures datent de la fin du 19è jusqu’aux années 36-37, restaurées à merveille, et toutes en état de marche, même la plus ancienne, (Hertel 1899).
De vrais bijoux !
Cadillac 1906, Dodge 1916 (une des premières à Faibanks et qui est allée jusqu’à Valdez), Everitt 1911 en rouge et Ford 1909.
Cadillac 1906
Franklin 1907 (bleue), Stanley roadster à vapeur 1910 et Ford 1911 (beige):
Woods Mobilette 1914 (orange), Kelsey Motorette 1911(bleue), Ford T923(jaune), American Austin 475 coupé:
Stutz 1927(rouge), McFarlan sport 1919:
Argonne 1920 (orange, 24 produites), Packard 1930 , Cadillac 1932 (bleue):
Chrysler 1932:
Auburn 1933:
Packard 1934:

Packard 1936:
Ce sont des passionnés qui les remettent complètement en état et fabriquent les pièces manquantes. Nous apprenons qu’ils travaillent sur une hybride (Owen Magnetic 1915)…
…et que les véhicules tout électrique existaient déjà au 19è siècle:
Columbia Surrey 1903 et Rauch 1912
Bien sûr, le musée présente des engins à chenilles et spécifiques du grand froid et de la neige,…
Snow motor 1926, utilisée par la police:
… des voitures de course,…
Ford
Offenhauser 1934
…et des véhicules utilitaires, comme le Mack 1917 et la machine à vapeur de 1905:
… des costumes et accessoires d’époque et de vieilles photos prises sur le vif. C’est tellement passionnant qu’on y reste une grande partie de la journée.
Pour finir, nous entrons par hasard au » Ice Museum » installé dans un ancien cinéma. Après la projection de photos sur les concours internationaux de sculptures sur glace avec perceuses, meuleuses, ciseaux à bois, décapeurs thermiques, on nous fait passer dans l’arrière salle en nous prêtant des anoraks. Surprise, il y fait froid comme dans un congélateur, et il y a là, des sculptures en glace, et même un toboggan. A nous les photos…
Enfin, un artiste local nous fait une démonstration rapide de sculpture en direct derrière une vitre pour nous épargner la température glaciale.
Nous apprenons qu’en 2010, c’est un bloc représentant une tour Eiffel qui a gagné le concours, réalisé par trois américains, et un …gabonais. Les oeuvres exposées chaque année sont incroyable d’ingéniosité, d’imagination et de finesse.
Nous qui pensions que l’Alaska était un Etat totalement isolé, perdu au fin fond du continent américain, nous tombons de haut. Les habitants se plaignent du froid, certes, plus encore à Anchorage, mais ils nous disent aimer la vie ici. Wess, le pilote d’Homer qui a beaucoup voyagé, ne voudrait pas vivre ailleurs. Pouvait-on imaginer qu’on trouverait des » vélibs » avec application smartphone dans ces villes extrêmes, des orchestres symphoniques, des complexes de cinémas dernier cri, des centres commerciaux où l’on trouve de tout, des organisations multiples de fêtes, été comme hiver, etc… Les gens aiment sortir, bouger, aller à la pêche, chasser, faire des sorties en skidoo et quad, marcher sur les innombrables trails, faire la fête.
L’Alaska, est un état qui remet également à l’honneur, et veut faire connaître, ses ancêtres indiens et leurs traditions à travers ses musées et ses nombreux spectacles.


Nous sommes trop heureux ici, et chanceux pour le temps doux et ensoleillé qui nous est offert. Un regret cependant : les musées ferment déjà car c’est la fin de la saison, et pour nous, bientôt, celle de notre voyage, afin de ne pas être bloqués par la neige.
Le 14 Septembre, à 15h15 commence notre très grand retour vers la maison. Nous quittons les collines dorées…
…retraversons Fairbanks, passons un peu plus loin devant la maison du » Père Noël « , vaste fumisterie made in China, où seuls ces pauvres caribous sont dignes d’intérêt, on en voit si rarement par ici.
Nous constatons que les grues font comme nous : il est temps de partir.
Mais nous voulons encore nous gaver de ces pics enneigés,…
…voir un peu la toundra…
…et faisons un petit aller-retour jusqu’à Paxon par la route scénique qui descend à Valdez.
Nous recroisons le pipe-line, et ses refroidisseurs qui servent à maintenir le permafrost à l’état de gel. A défaut celui-ci fondrait, provoquant des mouvements de terrain et la rupture du conduit.
Au retour nous surprenons un élan solitaire.

Nous réalisons qu’il y a des chasseurs un peu partout équipés de 4X4 et de quads, et armés jusqu’aux dents.
Alors que nous admirons plus loin trois élans broutant les herbes d’un lac, un jeune chasseur nous repère, voit la direction de notre regard, va chercher son fusil, puis part en courant vers le lac. S’en est fait de ces pauvres bêtes, et nous voilà complices bien malgré nous d’un horrible carnage.

C’est aussi la réalité de l’Alaska que nous déplorons, même si on nous explique qu’il faut réguler les populations (animales bien sûr!).
Le mauvais temps se met de la partie et nous n’avons plus qu’à rejoindre la même frontière qu’à l’aller depuis Delta Junction et Tok. Les arbres qui étaient verts fin août, sont déjà jaunes.
Un 4X4 nous envoie un caillou et il faudra à nouveau changer le parebrise car une fente se forme. L’Alaska nous chasse, mais il faut bien rentrer.
Nous en garderons un souvenir émerveillé, tant pour la beauté de ses sites, la faune variée, que pour la gentillesse des habitants si fiers de vivre au sein de paysages aussi spectaculaires et grandioses malgré des -40° (ou plus) en hiver.

Mais, mais……………………………………………………………………………………………………………………………………..