Nous revoici au pays des miles, des inchs et des gallons, mais aussi des » bald eagles « , qui viennent en nombre pêcher le saumon.
Les habitants eux, comme dans le Yukon, utilisent notamment, cette sorte de panier de pêche tournant.
Nouvelle surprise : les aigles ne sont pas les seuls à festoyer dans cette rivière qui se jette à Haines.
Petit coup de folie, nous réservons un billet pour le ferry côtier, qui nous mènera à Prince Rupert, bien plus au sud…au Canada.
En attendant, l’employé du port nous a recommandé d’aller au lac Chilkoot tout proche. La rivière qui s’en écoule pour rejoindre le fjord, est réputée pour ses saumons qui viennent y frayer, et y nourrir les ours.
Ni une ni deux, en cette fin d’après-midi, nous revoici au spectacle, totalement incrédules et comblés. Nous comptons jusqu’à 17 grizzlis et oursons, tous très occupés à se gaver de saumons, et absolument indifférents à ces touristes trop curieux, et peut-être imprudents… » Bruno, tu es trop près, recule..! »
A la nuit tombante, trois oursons à peine craintifs, frôlent le camping-car, en traversant la petite route avant de disparaître en forêt, suivis de peu par leur mère.
Cette soirée restera au top de nos meilleurs souvenirs.
Haines est un paisible village qui n’a fait aucune concession à la modernité touristique.
Le fort Seward, dont les bâtiments sont bien entretenus, a été le premier poste militaire permanent(1903). Il a ensuite servi de camp de repos pour les soldats pendant la deuxième guerre mondiale.
Les entraînements et parades militaires se faisaient sur l’immense pelouse centrale. Le port de Haines se résume à un ponton.
Avec d’autres camping-caristes et quelques chasseurs équipés de quads ( armés ), nous nous embarquons pour Juneau sur le petit ferry » Le Conte « .
Le fjord est lisse comme un lac. Montés sur le pont où un solarium avec des grilles chauffantes offre un secteur protégé, nous contemplons le superbe spectacle, tandis que certains » pythonnent ».
Au sud, situé face à un groupe de grosses îles, Juneau ne peut se joindre qu’en bateau ou en avion.
Pourtant la circulation est dense sur ces quelques kilomètres de route. La ville pentue accueille les bateaux de croisière, ce qui explique ses boutiques de luxe, et son téléphérique. Mais les nombreux trails dans les montagnes avoisinantes sont aussi très populaires.
Le fameux glacier » Mendenhall » est tout proche. Il a hélas tant fondu que le tunnel de glace formé à sa base, et si renommé, a disparu. En cette fin d’été, les icebergs sur le lac ne sont plus que fines lamelles glacées.
Une large cascade continue à dévaler dans le lac, mais à plus faible débit.
La plage de sable, le soleil et l’eau claire, tout inviterait à la baignade…Marie-Anne n’ose tenter complètement.
Un panneau alerte les trekkeurs…
…nous n’y croyons pas vraiment. Pourtant…
Bruno est aux anges. La femelle est à quelques centimètres sous la passerelle, se grattant furieusement tout en grognant. Mais les rangers veillent : » reculez-vous ! «
Juneau abrite de longue date une communauté russe, comme l’atteste cette chapelle orthodoxe de 1894, accueillante et sereine. Dommage qu’elle soit entourée de bâtiments années 60 si laids.
Dans la rue adjacente, un porc-épic nous file entre les jambes ! Dès qu’on l’approche, il tourne ostensiblement le dos dans un brusque mouvement en poussant de petits cris. Trop drôle !
Ici comme ailleurs, des totems indiens ornent la petite ville.
En ce dernier jour sur la terre ferme d’Alaska, le soleil nous gâte d’une douce lumière tardive.
Le lendemain, levés à 4h, nous patientons sur le parking pour un départ à 6h30.
Le « Malaspina » est un peu plus gros que » Le Conte » et appartient à la même compagnie, « l’Alaska Marine Highway « .
Nous avons de la chance : il n’y a pas plus de 40 voyageurs. Même genre de solarium : certains y dorment quand d’autres y ont posé leur tente.
Mer d’huile et rives de toute beauté au petit matin.
Au soleil levant, nous apercevons quelques petits icebergs le long de la côte.
Soudain, nous les repérons !….des dizaines de baleines humpback, crachant leur jet sonore qui reste un moment en suspension au dessus de l’eau. Le spectacle est époustouflant, et nous sommes d’autant plus heureux et excités que nous avions perdu l’espoir d’en apercevoir lors de ce voyage. Elles chassent : certaines tapent de grands coups répétés avec leur large queue, d’autres avec leurs nageoires blanches et noires, quand d’autres encore se jettent sur le dos dans un saut provoquant de larges gerbes d’eau avec une régularité d’environ 17 secondes.
Même si le ferry ne s’en approche pas, le spectacle grandiose est tous azimuts .Nos jumelles nous permettent d’en profiter encore davantage, des heures durant.
Nous revoyons aussi des loutres, et plus tard, quelques lions de mer.
La côte est splendide .
Nous stoppons d’abord à Kake, petit village isolé de pêcheurs, que le ferry ravitaille.
Puis en soirée, le bateau fait halte à Petersbourg, village étonnant de type norvégien. Une communauté s’y est en effet établie ici.
C’est de nuit, hélas pour les photos, que notre capitaine s’engage au pas dans le dédale très étroit d’un canal naturel, guidé par un marin posté juste à l’avant. Remarquable navigation entre les hauts fonds et les rochers, qui doit être risquée en hiver ou par gros temps. Mais cette nuit, la lune veille.
Quand il fait trop noir, nous rejoignons notre cabine, pour nous réveiller tôt à quai à Ketchigan. Le ferry repart au petit matin et la mer moutonne.
Alors nous nous installons confortablement dans le salon panoramique, lézardant au soleil comme de vrais croisiéristes.
Cette fois, nous troquons définitivement les hauts glaciers et sommets acérés pour des montagnes couvertes de spruces le long d’une côte aux multiples îlots.
Croisant la ligne imaginaire de la frontière canadienne, nous accostons peu après au port de Prince Rupert.
L’émotion est là : adieu sublime Alaska qui a tant à offrir aux voyageurs !
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