Cette fois, nous allons traverser le Canada d’ouest en est. Le retour est irrémédiable, et c’est la traversée la plus longue que nous aurons à faire, si possible, avant l’arrivée de la neige.
L’île de Prince Rupert, en retrait, est protégée des colères de la mer, ce qui en fait le deuxième port de commerce en eau profonde sur le Pacifique après Vancouver.
Il constitue un véritable pivot pour les marchandises venant d’Asie et destinées à être acheminées vers la côte est par une importante voie de chemin de fer. Les trains sont immenses ; nous avons compté jusqu’à 249 wagons tirés par trois locomotives.
En ce qui nous concerne, nous devons bien sûr repasser la douane dans le port. L’officier est surtout curieux de savoir si nous transportons des armes ou de l’alcool. Quelle question ! On nous connaît…nous, de l’alcool ?
Superbe soleil : il fait 21°. Les gens ont sorti shorts et tee-shirts. C’est toujours l’été, non ? La ville a conservé quelques vieux bâtiments, dont le sympathique café » Cow Boy Coffee », où travailla un de nos neveux.
Le musée tout de bois est particulièrement bien conçu, présentant les objets traditionnels des indiens Tahltan ou Athapaskan, ainsi que ceux des immigrés du 19è siècle.
Marie-Anne aime bien ces tissus simplement décorés de boutons de nacre.
Comme en Alaska, les totems font partie du quotidien. A l’origine, ils étaient le fait de chefs de village, qui marquaient ainsi leur territoire.
Le petit port de plaisance accueille aussi des bateaux de croisière.
En effet, Parcs Nationaux et réserves où vivent des ours, sont un des attraits de ce joli bout du monde canadien.
Plus à l’est, vers Terrace, on nous dit qu’on pourrait apercevoir un ours presque blanc, le » Kermodei bear » issu d’une sous espèce rare de l’ours noir, due à un gêne recessif. Nous n’avons pas eu cette chance.
Mais nous aurons tout de même vu une quarantaine d’ours noirs et grizzlis jusqu’à présent. Ils sont trop » craquants « .
Bruno ne lâche pas le volant car les montagnes ont reçu les premières neiges, et les feuillages d’automne sont déjà de mise. Les ours font leurs derniers petits tours tandis que les paysages défilent avec davantage de prairies un peu monotones. Alors nous écoutons l’enregistrement des concerts de notre ensemble vocal Coup de Coeur ( La Rochelle).
Le temps est devenu incertain, lorsque nous retrouvons la Trans-Canada Highway. Mais cette fois, l’absence de fumée nous permet d’admirer lacs clairs, rivières turquoises et en particulier le très massif Mont Robson.
Nous finissons par rejoindre les Rocky Mountains, chaîne nord-sud, très à l’est de Vancouver et Seattle, où vivaient les Iroquois. Jasper c’est le » Mégève » local où nous ne faisons que passer.
Le parc montagneux et payant, noir de monde, surtout des asiatiques, renferme un certain nombre de jolis lacs.
Nous montons d’abord au paisible et clair lac Maligne (1680m)…
…et allons marcher un peu en pleine nature avant de reprendre la route…
…et d’apercevoir dans le lac Medicine un élan solitaire.
Mais voici le canyon Maligne.
La route nord-sud que nous empruntons vaut bien le voyage :
…avec ses chutes d’Athabaska…
…et Sunwapta…
…puis la » Endless chain « .
La route monte à » Champ de glace « .
Le glacier Athabaska, qui comme tout glacier, génère de forts vents (phénomène catabatique) trône face à nous. Nous ressortons doudounes, bonnets et gants pour y accéder.
On constate à nouveau à quel point la glace a pu fondre et reculer ces dernières années, laissant un » champ » de caillasses, de roches usées, colorées et striées par les rochers emprisonnés dans le glacier.
Passer la nuit dans ce cadre nous convient tout à fait.
D’ailleurs, il neigeotte le lendemain, tandis que des bus à très grosses roues, petites fourmis vues de loin, emmènent les asiatiques venus par cars entiers, directement sur le glacier, dans sa partie plane.
En descendant sur Banff, nous traversons une chaîne de montagnes massives, enneigées et incrustées de glaciers au pied desquels paressent de beaux lacs.
Le lac » Peyto » qu’on domine en empruntant un chemin couvert de neige, est d’un bleu insolent.
Ce trajet est magnifique même sans soleil. Pourtant nous devons rouler car les pneus neige seront obligatoires dans 5 jours, ce que nous n’avons pas, bien sûr.
En raison de l’interdiction de se garer sur le parking camping-cars, que nous avons dû payer malgré tout, un peu énervés et dépités par la mauvaise gestion du stationnement, nous faisons l’impasse sur les deux lacs les plus beaux et les plus photographiés des Rocky Moutains, le lac Louise et le lac de Moraine. A défaut Marie-Anne achète les cartes postales !
Cette petite mésaventure désagréable, sonne la fin de la zone montagneuse, alors que nous gagnons Calgary. Située à une centaine de kilomètres, cette ville, entourée de grosses fermes et qui a pourtant accueilli les JO de 1988, n’est bordée à l’ouest – à notre grande surprise – que de basses collines, où trônent pompeusement les tremplins de saut à ski, les circuits de bob, et la patinoire.
Les autoroutes bruyantes et les buildings nous replongent brusquement dans la » civilisation « . Nous étions si bien à l’ouest et en Alaska ! La pluie glacée se met en plus de la partie. Après une halte nuit sur un parking, nous reprenons la Trans-Canada sans même avoir traversé le centre ville.
Commence ici une très longue section qui nous mènera jusqu’au lac supérieur, côté canadien, et nous avançons peu à peu notre montre d’une heure à chaque fuseau traversé (4 fois en 5 jours).