Les » Badlands « , ce sont de basses collines où s’étalent de gros ranchs.
Mais les vaches noires partagent les prairies avec les puits de pétrole.
Quelques petits bourgs très isolés, jalonnent la Highway et la ligne de chemin de fer comme Medicine Hat.Contre toute attente, activités culturelles diverses, sportives et préservation des traditions indiennes en font un centre citadin hyper actif, et le petit » down town » dégage un certain charme.
Les collines des » Badlands forment des sortent de coulées protégeant des vents froids. Il y aurait 330 jours de soleil par an nous dit-on. La vie ne semble pas si désagréable ici, et les canadiens que nous rencontrons sont vraiment sympathiques.
Le froid qui descend du nord chasse les oies vers le sud et, étonnés, nous longeons des lacs aux rives toutes blanches. Ce ne sont pas des coquillages, mais des milliers d’oies piailleuses, qui, réunies, vont partir vers le sud des Etats-Unis ou peut-être le Mexique.
Elles commencent à nous survoler en formant de multiples V.
Un peu plus à l’est, nous traversons la » Beauce » canadienne.
De gros engins finissent les foins. Chaque ville ou village possède de grands silos qui déversent leurs céréales dans des trains sans fin tout le long de la Highway. Ces bourgs arborés sont plutôt soignés, ce que la zone de la station de chemin de fer ne dévoile pas. Attachés à leur histoire, ils présentent souvent l’arrivée des pionniers et des immigrants du 19è comme à Wolseley, où nous dormons en toute tranquillité au bord du petit lac.
Partout nous lisons des panneaux : » musée », » centre des visiteurs « , » centre historique « , et, petit détail amusant, ces villages ont tous leur propre golf.
Mais quelle route longue et ennuyeuse que celle du Saskatchewan, même si peu à peu, les premiers bosquets finissent par jalonner notre trajet. Nos enregistrements musicaux défilent. Nous passons dans la région du Manitoba, beaucoup plus boisée, avec des bouleaux, des sapins ou des chênes. C’est le domaine des indiens Sioux.
Puis nous arrivons enfin à Winnipeg, que nous traversons rapidement.
L’architecte Antoine Predock y a construit le Musée canadien pour les droits de la personne. C’est » curieux « .
Peu après, dépassant le centre du Canada (GPS 96 48 35 ), au sein d’une vaste plaine cultivée, nous allons visiter un village mennonite regroupant d’authentiques maisons des années 20 réunies en ce lieu. Nous passons même sur la » Seine » (canalisée) avant d’y arriver.
Ici bien des noms de villages et de rivières sont français.
Les Mennonites, issus de l’église luthérienne sont venus depuis la Pologne au 16è siècle. D’autres, Russes, Allemands, Suisses ou Néerlandais, les ont rejoints pour fuir les persécutions religieuses, ainsi que les guerres, car, pacifistes, ils refusaient de combattre.
Carte des migrations :
Leur chef de file fut Menno Simons.
C’est lui qui abandonna son » habit » de prêtre en 1536 pour donner de nouvelles directions à un mouvement anabaptiste hollandais. Il lutta pour la paix, la séparation de l’Eglise et de l’Etat et promut une bible basée sur la confiance et la vie.
Si certains ont conservé les traditions du 19è, comme nous avons pu le voir en Bolivie ou au Mexique,…… leurs descendants vivant au Canada, se sont adaptés pour nombre d’entre eux à la vie moderne et ne se différencient pas visiblement des autres habitants, mais conservent cependant leurs valeurs fondamentales : » la loi, c’est Jésus Christ « .
En saison, le village s’anime au rythme de la vie de la campagne, partageant ses activités quotidiennes avec les visiteurs.
Il y a même possibilité d’aller aux offices dans l’église toute neuve et d’acheter quelques unes de leurs productions.
Ce village-musée a un côté émouvant, nous donnant l’impression que leurs habitants viennent de partir.
Nous pénétrons ainsi dans la ferme des Chortitz…
…construite en 1892, et constituant un bon exemple des maisons mennonites du Manitoba de 1874 à 1900 et plus.
Cette église fut la première pour ceux qui arrivèrent ici en 1920 jusqu’en 1989.
La petite école privée où logeait aussi l’instituteur date de 1885.
Le garage abrite encore des voitures et engins agricoles de différentes époques.
Depuis les mennonites ont essaimé un peu partout avec des pointes de migration correspondant aux guerres en Europe: 1870, 1914 et 39-45.
Ils ont importé des techniques agricoles mais aussi une excellente organisation et ils interviennent dans l’éducation, la santé, la formation en agronomie, le développement communautaire, la promotion de la paix et de la justice, les structures de secours pour les migrants ou, en cas de sinistre, partout dans le monde…
Au Manitoba succède l’Ontario où nous arrivons à Thunder Bay situé sur le lac Supérieur qui est partagé avec les USA.
Nous n’en voyons encore pas grand chose, en raison d’immenses silos à grains, où arrivent trains et bateaux.
C’est la deuxième plus grande ville industrielle, commerciale et universitaire du nord ontarien.
Nous sommes déçus de constater que les rives du lac sont privatisées ici aussi.
Une surprise nous attend plus loin en forêt : une mine familiale d’améthystes dont le filon, le plus important d’Amérique du nord, a été découvert par hasard en 1955 lors de la construction d’une route. Les cristaux violets sont compressés dans le granite rose, et certains sont même curieux.
Ils sont dégagés à l’aide de puissants jets d’eau et seulement 2 personnes y travaillent maintenant à temps plein.
La production – importante – part en Chine, et les pierres une fois taillées et polies reviennent sous forme de bijoux revendus en Ontario dont c’est devenu l’emblème. On lui prête des qualités protectrices.
Mais comme les rebus sont mis à la disposition des visiteurs pour une somme modique, il n’y a plus qu’à se baisser…
…ou à construire un mur !
Quelques percées nous permettent d’apercevoir le lac et ses nombreuses îles, mais c’est dans le village de Marathon que nous l’approchons enfin : transparent, immense. Ici les galets sont d’un rose pâle ravissant.
Dix degrés, un fort vent, la pluie…les éléments nous chassent à nouveau toujours plus vers l’est et la monotonie se réinstalle : sapins, lacs, sapins, bouleaux, lacs, sapins, lacs…Zzzz comme dans Pif le chien, …sur 500km…
Nous ne profitons pas vraiment de ce tronçon et arrivons à Sault Saint-Marie, sous le pont frontière avec les USA où s’écoule la St Marys river, jonction entre le lac Supérieur et le lac Huron.
Après une journée épuisante de conduite, Bruno n’a qu’une idée : se poser. Hélas, pluie et vent redoublent de violence perturbant très fortement notre nuit. Nous avons à nouveau 500km à faire le jour suivant, mais cette fois, la campagne est plus variée. Le petit panneau…
…indique que des mennonites vivent non loin, comme partout. Ils ont défriché, installé leurs fermes – bien cachées – et entretiennent parfaitement leurs terres. Nous croisons du reste sur la Highway, une femme et sa fille, vêtues de noir, bonnet du 19è sur la tête, et conduisant une de ces magnifiques charrettes à cheval d’un autre âge. Mais pas le temps de sortir l’appareil photo !
Les jolies couleurs de l’automne canadien jalonnent dès lors notre trajet.
La route offre peu de vues sur le lac Huron encombré d’îles, comme à Spanish où nous dormons sur la marina.
Nous allons le voir à Wasaga beach (nord-ouest de Toronto) et Collingwood. Voici enfin à nos pieds, un lac digne d’une mer. Des stations balnéaires laissent à penser que les citadins proches viennent ici passer des vacances. Plages de sable, petits ports de plaisance… oui mais, pas seulement en été.
Les collines se sont vues coiffées de remontées mécaniques sur plusieurs kilomètres, et les « oeufs » fonctionnent toute l’année. » Le golf ?…ah oui, il est au bas des plus belles pistes « .
L’eau du lac est claire, tentante et sûrement agréable en saison. Mais pour le moment, après une accalmie d’un jour, le mauvais temps revient, s’apprêtant à arroser copieusement les multiples décorations d’Halloween dispersées un peu partout devant bâtiments officiels et maisons particulières.
Nous avons un petit coup de coeur pour le lac Huron, moins sauvage que le lac Supérieur, pour ce que nous en avons vu, mais devons le quitter rapidement.
Les villes ont chacune leur style.
Un panneau nous fait sourire.
Après avoir dépassé la grosse zone industrielle de Hamilton, nous voici le long de la rive sud du lac Ontario.
C’est la région viticole et fruitière du Niagara aux forêts encaissées. Elle est située entre les deux lacs, Ontario au nord et Erié au sud, reliés par le fleuve Niagara.