CANADA : de Québec à Halifax du 18 octobre au 9 novembre 2018

Nous tenons à faire le tour de la Gaspésie (rive droite du Saint-Laurent) avant de rejoindre Halifax. A cette époque de l’année, les aires de camping, les manifestations en tous genres, et nombre de musée sont déjà fermés.

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Notre voyage se résume maintenant à rouler presque sans trêve jusqu’au port d’Halifax où nous réserverons un cargo à destination d’Anvers. Prendre notre temps nous exposerait en effet aux risque d’être bloqués par la neige et par le froid.

La route scénique 132 Est longe le fleuve, puis la mer. Au loin, la rive gauche est bordée de moyennes montagnes.

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De ce côté du fleuve, la campagne est parsemée de petits villages qui, à l’image des nôtres, sont regroupés autour d’une église. C’est là que nous nous garons pour nos haltes de nuit.

Un fort vent latéral venu du nord nous secoue et ramène par intermittence des nuages qui déversent violemment leurs flocons. A l’arrière tout est gris tandis que devant nous, le ciel est bleu.

Le Saint-Laurent moutonne, tout gris.

Les oies blanches y ont cependant trouvé refuge.

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Peu à peu l’embouchure s’élargit et, sur ses rives, bien des lieux nous font penser à la Bretagne, mais avec des maisons un peu partout, posées tels de petits cubes tout le long de la rive. Nous nous demandons comment elles résistent à la violence des vents et aux -40° hivernaux dont on nous a parlé.

A l’extrémité de l’embouchure, outre le retour de la forêt, de grosses collines rocailleuses, noires et friables plongent dans la mer que la route 132 longe de près, avec parfois de fortes pentes.

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Peu à peu les villages se font rares, installés dans les quelques anses où dévale une petite rivière.Les bateaux sont tous rangés à terre souvent chez leur propriétaire.

 » Gros Morne « , où nous dormons en toute tranquillité à l’abri du vent derrière l’église n’est pas vraiment inspirant.

Tandis que  » Cloridorme « , dont le nom nous intrigue, nous permet d’observer 2 dos noirs de rorquals longeant la côte.

Le Cap des Rosiers est surmonté du phare le plus haut de Gaspésie.

Juste après débute le  » Parc du Forillon « , pointe extrême de cette province.

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Au moment d’y entrer, nous n’en croyons pas nos yeux  » ah, il sont  » gonflés « , ils ont mis des statues en bois !  » dit Marie-Anne.

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Bruno ne comprend pas, puis éclate de rire, car ce sont 2  » vrais  » orignaux splendides qui nous regardent avec curiosité. Le face à face est magique.

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Au moins, dans les Parcs, ce animaux ne sont pas chassés, mais en dehors…la chasse bat son plein. Nous avons vu tant de cadavres, pattes en l’air dans les 4X4 ces jours-ci ! Et la coutume locale veut que la tête soit attachée encore sanguinolente sur le toit et/ou sur la capot des voitures, afin de montrer à tous en ville, le plus gros trophée !!

Nous allons au bout du chemin…

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…et le lendemain, contournant cette pointe, nous laissons l’Iveco à  » l’anse aux sauvages  » (sous-titrée  » amérindiens « ), pour marcher jusqu’au petit phare le plus à l’est de la Gaspésie (1883).

Un panneau explique qu’ici vivaient, depuis le 19è, des familles venues des îles Gersey et Guernesey. Les hommes pêchaient la morue pour le compte des Britanniques, et avaient construit de coquettes maisons et fermes dans lesquelles ils vivaient plutôt bien. Les plus bricoleurs avaient même installé un atelier et un moulin dont profitaient les habitants des autres villages. Entrepôts et magasins complétaient le hameau.

Dans les années 50, ils ont été expulsés au profit de la création de ce Parc, où orignaux, ours et porcs-épics ont repris leurs droits. On peut imaginer le désarroi de ces familles !

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Pour nous, cette ultime longue balade est très agréable.

Du haut de la falaise, nous avons la chance de voir les dernières baleines de notre voyage, de tranquilles rorquals qui se nourrissent de plancton.

Ecureuils et porcs-épics sont aussi sur le chemin, poussant de petits cris d’alerte à notre approche…

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Et nous surprenons à nouveau un orignal sur la petite route, qui se met à courir juste devant le capot un peu effrayé.

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La ville de Gaspé qui a donné son nom à cette Province a dressé une imposante croix en granit en l’honneur de Jacques Cartier, arrivé ici le 24 Juillet 1534, marquant la prise de possession de ce territoire au nom de François 1er. Mais les premiers bâtiments ont été établis au 18è siècle par Felix O’Hara, premier habitant permanent du lieu. Magasin, entrepôt et taverne ont été regroupés sur cette place, ainsi qu’une hutte en écorce de bouleau utilisée par les Indiens Mi’gmaq (ou Micmac) vivant en Gaspésie où ils sont arrivés depuis plus de 10 000 ans via le détroit de Béring. A noter que , contrairement à certaines affirmations, le terme de « micmac » aurait plutôt une origine européenne.

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Gaspé était un port bien protégé pour les bâtiments de gros tonnage, et il attirait les pêcheurs de morue saisonniers venus d’Europe. Il est ainsi devenu une plaque tournante de l’économie régionale.

C’est dans la descente à 17% avant Percé que le témoin de nos freins s’allume ! Ouf, nous arrivons en bas sans encombre et Bruno pense qu’il s’agit seulement du témoin d’usure. Tout autre que lui serait inquiet, mais  » tant que ça freine…on verra ça en France » dit-il laconiquement…

img_5871Voici un joli petit bourg faisant face à une falaise rocheuse rouge qui se prolonge par une roche percée.

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En face, l’île de Bonaventure, sert de refuge à des milliers de Fous de Bassan. Mais aucun bateau ne propose plus la moindre sortie en mer après mi-octobre…

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En saison les vacanciers affluent, et ce, depuis le début du 20è siècle. Pour nous, il fait 1°! Quant aux homards qui font la réputation de cette côte, ce sont les grands absents : les casiers de pêche sont bien rangés pour l’hiver dans les jardins des pêcheurs.  » Milou, la Gaspésie se visite en été, pas en fin d’automne !!!  »

Redescendant la côte vers le sud, nous abandonnons peu à peu notre vieille France, faisant halte dans des lieux bien tranquilles.

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Il suffit de traverser le pont métallique qui mène à Campbellton de  l’autre côté de la Baie des Chaleurs pour se retrouver chez les anglophones, au New Brunswick.

C’est aussi là que pour la 5è fois depuis Prince Rupert, nous perdons une heure sur nos montres et les jours, hélas, raccourcissent encore.

Par ici les terres sont plates, la mer est calme ce jour là…

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…et nous regardons s ‘éloigner la Gaspésie.

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Le mauvais temps nous rattrape soudainement. Pluie, bourrasques de vent glacé, et en quelques minutes, de gros flocons tombant horizontalement rendent la route dangereuse, tandis que le pare-brise se couvre de glace.

Mais après quelques kilomètres , plus rien ! Ces 2 journées de route sont comme une parenthèse sur le chemin du retour.

Ce sont les petits drapeaux français frappés d’une étoile jaune qui nous indiquent que nous passons au pays des acadiens, et même de  » la Sagouine  » à Bouctouche.

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Ce hameau installé sur l’île aux puces est né d’une pièce de théâtre écrite par Antonine Maillet qui reçut par ailleurs le prix Goncourt en 1979. L’histoire -un monologue – retrace la vie des pauvres gens vivant en Acadie au début du 20è à travers le prisme d’une femme qui faisait notamment des ménages en échange d’un peu de nourriture :  » la Sagouine « . Cette pièce est devenue un symbole de la culture acadienne.

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Malheureusement, tout est fermé, y compris le village-musée acadien Bertrand. Alors, un peu déçus, nous repartons avec juste en tête des noms de lieux dits comme  » Caraquet, Dieppe, Cocagne, Avenue du bois joli « …

Nous suivons la côte par de petites routes…

… jusqu’au pont de 12,900km (1997) qui relie le New Brunswick à l’île du Prince Edward. Une belle réalisation !

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Tandis que la brume monte, Bruno roule jusque tard dans la nuit.img_6103

Nous rejoignons la Nouvelle Ecosse après 8 jours de route depuis la ville de Québec. C’est le berceau de l’Acadie où sont arrivés les premiers français vers 1600 en provenance de la vallée de la Loire. A l’époque, ils avaient baptisé la région    » Arcadie  » (  » Paradis Pastoral « ), par référence à  l’Arcadie antique où l’on pensait, dans la France de la Renaissance, que l’on y vivait d’amour et d’eau fraiche. Le terme a été déformé au 18ème pour devenir Acadie.

Pourtant ce fut loin d’être idyllique puisque, suite au  Traité d’Utrecht, ce territoire à été cédé à l’Angleterre qui a déporté environ 14000 personnes à partie de 1754. On les retrouve en Louisiane, dans les Antilles, et certains sont revenus s’installer dans les îles situées au large, leurs terres étant occupées. Cette page de l’histoire nous contraint à nous remettre à l’anglais pour de bon quand nous allons déjeuner à  » Pictou », ( « so Scottish « ) sur le port. Nous voici seuls dans le restaurant tandis que le petit voilier  » Hector  » attend les touristes pour la prochaine saison( réplique d’un navire de transport de migrants du 18è).

Marie-Anne commande du homard, histoire d’en goûter au moins une fois, et on lui sert un sandwich de pain chaud avec des miettes de  » lobster « , de la mayonnaise et trois feuilles de salade. Voici comment les locaux dégustent ces délicieuses bestioles. Autant dire que le goût du homard est indécelable !

Le paysage se transforme en collines sauvages.img_6190

Ne manque que le soleil, et nous nous arrêtons pour la nuit sur le petit port de Ballantynes Cove (pas de whisky !), où le vent nous ballote dans tous les sens au risque d’avoir un lanterneau arraché.

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Le matin, nous montons au phare du Cap George prendre notre petit déjeuner avec une vue royale.

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C’est un peu plus loin qu’au détour d’un virage, nous nous retrouvons dans un ravissant paysage ensoleillé… tout blanc !…

… et sur le versant suivant…plus rien !

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Ces brusques épisodes neigeux nous dissuadent d’aller jusqu’au Cap Breton, pointe Est de la Nouvelle Ecosse et où on nous dit que le risque d’avoir beaucoup plus de neige est bien réel. Alors nous continuons notre route vers Halifax via la côte, nous arrêtant à Sherbrook, village datant de 1867, très animé avec des acteurs locaux en costume d’époque…en été seulement.Les premiers habitants arrivés en 1655 étaient français et avaient appelé leur village  » Fort Sainte-Marie « que nous visitons rapidement. Le vent est très froid et nous avons l’onglée.

Loge maçonnique et église se côtoient.

La route évolue vers le sud entre forêts de feuillus et de sapins, rivières et lacs, puis suit la côte sans toujours s’en approcher.

Ce sont surtout des bras de mer ,à anses et petites baies où nous découvrons des usines de pâte à papier, une des activités de cette région, mais que les habitants contestent. L’habitat est dispersé et les villages rares ; autant dire que la route est un peu longue et tristounette. Seul le splendide coucher de soleil nous ferait mentir.

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La chance nous sourit lorsque, nous arrêtant pour la nuit à Sheet Harbour, un modeste village côtier, nous nous garons le long du centre des visiteurs, évidemment fermé pour la saison. Mais le wifi y est de bonne qualité et personne ne vient nous déloger.

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Pluie et vent nous incitent à travailler et c’est ici qu’ENFIN, nous pouvons finir de mettre sur le blog la fin du Mexique.

Sheet Harbour a été fondé en 1780 par des vétérans anglais et des loyalistes réfugiés de la révolution américaine.

Les deux rivières dont les eaux tumultueuses se rejoignent à cet endroit en ont fait un lieu idéal pour descendre le bois des collines et installer au 19è des moulins de pâte à papier, elle-même chargée sur des bateaux dans l’anse maritime. Activités qui perdurent encore dans la baie et dans le port de Pictou.

Ce temps médiocre fait place au brouillard lorsque nous nous rapprochons  de Dartmouth, ville industrielle et commerciale, qui fait face à Halifax.

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Un passage au garage nous rassure sur l’état de nos freins malgré tous les voyants allumés : le camping-car pourra descendre dans les cales du cargo.

Le soir du 31 Octobre ( Halloween), nous cherchons de l’eau à l’autre bout d’Halifax. Quelle n’est pas notre surprise en empruntant la rue la plus chic : la plupart des maisons sont éclairées et arborent des citrouilles et squelettes en guise de décoration extérieure. Un défilé sans fin de bambins, plutôt asiatiques, montent frapper aux portes pour recevoir des bonbons avant de passer à la maison suivante, suivis par d’autres groupes.

Cela faisait un mois que les citrouilles étaient vendues et exposées un peu partout, certaines bien sculptées. Dans un supermarché, nous en photographions une de 400kg…qui n’aura pas trouvé d’acheteur.

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Le temps reste froid, venteux, pluvieux, avec parfois des éclaircies. Un mail nous avertit qu’on pourrait avoir un cargo le 7 Novembre. Alors nous attendons 6 jours, alternant les parkings Walmart entre Dartmouth et Halifax car les camping-cars y sont tolérés pour la nuit, tandis que les magasins Home Dépot offrent un bon wifi libre. Nous en avons besoin pour le blog auquel nous travaillons sans relâche. La recherche d’eau reste un problème et nous fait perdre beaucoup de temps. Ce sera finalement une station service qui nous dépannera.

Nous en profitons pour aller jusqu’à  » Black Roch Beach « . On y voit de vieux blokhaus et des stèles érigées à la gloire de la marine et de l’aviation canadienne qui ont protégé les navires ravitailleurs des alliés sur la voie de l’Atlantique Nord entre 1942 et 1945.

C’est d’ici que notre cargo quittera l’Amérique.

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Les formalités pour le bateau nous obligent à faire quelques aller-retour d’une ville à l’autre avant la dépose du camping-car sur le port, le lundi 5 Novembre. Nous devons alors préparer nos sacs pour la traversée en cabine, vider nos bouteilles de gaz, et installer pour la 3è fois, les fameuses portes de séparation entre cabine de conduite et habitacle qui étaient stockées dans la soute. L’Iveco devient alors un vrai champ de bataille car il faut tout vider pour les récupérer, mais après une demie-journée de bricolage, Bruno finit de les installer. Nous sommes prêts, et prenons le dernier repas dans notre véhicule avant la traversée.

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Le 5 au matin, nous le laissons sur le quai, et ce sont les dockers qui le monteront à bord, à côté des Dodges et Mustangs neuves.

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Puis nous partons en taxi dans un hôtel du centre d’Halifax.

En fait l’ « Atlantic Sky  » a pris du retard à New York et l’embarquement est repoussé au 10 Novembre. Dommage : nous aurions pu continuer à explorer la côte en camping-car. Aussi, nous continuons notre blog et arpentons les rues d’Halifax, dans le quartier du port.

A côté de notre hôtel, la citadelle en forme d’étoile, rénovée au 19è ne présente que peu d’intérêt. Elle appartient à un système de fortifications mis au point par les britanniques dès 1749 pour la protection de ce port stratégique.

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La nouvelle bibliothèque n’est pas mal du tout.

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Il reste quelques vieux bâtiments…

…mais la cathédrale néo-gothique et la maison du premier gouverneur sont…fermés.

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Tout compte fait, le style architectural ne dégage aucun charme, les bâtiments sont lourds et hétéroclites. On ne trouve que très peu de jolies maisons anciennes en bois car la ville a été ravagée en décembre 1917 par un incendie extrêmement dévastateur.

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En effet, un cargo français transportant 2900 tonnes d’explosifs, le  » Mont Blanc « , a été heurté dans le port par le  » Imo  » (navire de secours norvégien chargé d’apporter de l’aide à la population belge).

Le  » Mont Blanc  » a pris feu immédiatement, suivi 25 minutes plus tard d’une monstrueuse explosion, la plus forte jamais enregistrée avant le bombardement d’Hiroshima (1945), suivie d’un tsunami. A tel point que l’énorme tige d’ancre du Mont Blanc a été projetée à 4 km, où elle se trouve toujours. Tous les quartiers proches, dont  » Africaville  » où vivaient des africains, et le village Mic Macq ont été réduits en cendres faisant au moins 2000 morts, plus de 9000 blessés et 25000 sans abris. Un terrible accident que personne n’oubliera ici.

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Côté positif, nous sommes sous le charme des couleurs d’automne et des petites bestioles peu farouches.

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Le 9 Novembre à 23 heures, nous devons nous présenter à l’entrée du port accompagnés d’un agent portuaire.

Il nous conduit auprès de l’équipage philippin et l’un d’eux nous amène dans notre cabine au 8è étage, avec vue sur l’arrière…c’est à dire, sur des containers.

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Nous faisons un tour rapide des lieux alloués aux 6 passagers que nous sommes, une française, un australien, un anglais et un autrichien ( tous célibataires).

Puis nous passons notre première nuit à bord. Nous cherchons le matelas, mais  » n’est-ce pas plutôt un sommier pour fakir ? « …dur dur.

« L’Atlantic Sky » est un cargo roll-on-roll-off : il transporte des véhicules sur roues tout comme des containers, mesure 300m de long, 37,50 de large et 45m de haut jusqu’à la passerelle.

Il a été construit à Shanghaï en 2017, mais, de conception suédoise, et son moteur est allemand. Difficile de croire qu’il n’a qu’un an et demi. Il est nettement moins bien conçu que le  » Grande Brasile  » pris à l’aller, et seule la grande salle à manger/TV permet une vision frontale.

Des containers devant et derrière : nous ne pouvons voir ni l’avant ni l’arrière même en montant sur le pont.

 

Une laundry et la salle de sport sont à notre disposition, comme à l’aller. Les horaires des repas sont pires qu’en maison de retraite : 7h, 12h, 17h.

 » Voici une belle traversée qui s’annonce mon vieux Milou…  »

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Samedi 10 Novembre, il pleut, et nous attendons tous impatients, la fin du chargement jusqu’à la nuit.Il s’agit essentiellement de containers (presque pas de véhicules). Nous savons juste que notre Iveco est au deck 2.

Un léger mouvement…il est 19h…

…montés sur le pont, gelés, nous QUITTONS LE CONTINENT AMERICAIN. Nous glissons le long du chenal, saluant Halifax by night…

… et quand nous atteignons la haute mer, nous voyons les étoiles…et le cargo commence à tanguer et à rouler.

 » eh bien Milou, sapristi quel voyage!… »

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CANADA : le Québec, de Montréal à Québec du 11 au 18 octobre 2018

Rien ne nous indique nous sommes dans la Province de Québec, à part les noms français des communes sur les panneaux indicateurs. Nous sommes émus par ces lieux qui retracent  une histoire : Limoges, Plantagenet, Massena, sans compter les innombrables saints et saintes ( Saint Zotique, Très Saint Rédempteur, Saint Télesphore, et autres Polycarpe…pour ne citer qu’eux).

Mais nous arrivons sur l’île de Montréal, via une autoroute très chargée à l’heure des embouteillages, et  sous la pluie. Nous espérions pouvoir nous stationner pour 2 ou 3 jours sur un parking du port, mais il est désormais interdit aux camping-cars. Avec quelques difficultés, nous finissons par trouver  » le  » camping ouvert sur la rive droite du Saint-Laurent. C’est une simple prairie entre fleuve et autoroute, à côté d’un petit port de plaisance d’où l’on aperçoit le centre et le pont Jacques Cartier.

Marie-Anne est très impatiente de découvrir  » cette  » ville car il existe 6  Montréal en France, en particulier dans l’Yonne à 10km d’Avallon où un joli village moyennageux est construit autour d’une motte castrale, dominé par son élégante et sobre église collégiale romane du 12è siècle.église montréal

Fief de sa famille maternelle, elle y a passé toutes ses vacances et rêvait de connaître la Montréal canadienne.

Justement,le soleil se met de la partie, atténuant un peu le vent très froid. Et c’est en métro, qui passe sous le Saint-Laurent, que nous rejoignons le centre ville. Rapidement nous pouvons confirmer que les Québécois sont vraiment sympathiques et nous avons grand plaisir à dialoguer avec eux.

Petite surprise, nous découvrons une amusante exposition de Barbies…

Puis nous arpentons de nombreuses rues…img_4833

et enfin, les vieux quartiers :

-la place des Armes avec la statue de Maisonneuve, fondateur en 1642 de Montréal, et gouverneur de l’île pendant 24 ans…

-l’Hôtel de Ville : copie de la Mairie de Paris…IMG_4878.jpg

-la Place Jacques Cartier avec ses bars et ses musiciens de rue qui chantent Piaf, Trénet et Montand…

Est-ce le temps ?, nous éprouvons un peu de déception vis à vis d’un style architectural un peu lourd, froid et anarchique.

La très visitée Basilique Notre-Dame (19è), payante, est envahie d’une foule de curieux bruyants et bien peu respectueux du lieu. Elle a été imaginée par un architecte irlandais protestant converti au catholicisme et qui se serait inspiré de la Sainte Chapelle à Paris. Les vitraux ont été fabriqués à …Limoges, par Francis Chigot. L’éclairage bleu met particulièrement bien en valeur,  le choeur, lui conférant un aspect mystérieux.

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Nous grimpons sur le clocher de la chapelle Notre-Dame, pour avoir une vue sur le port.

Montréal, trop grosse ville, ne provoque en nous aucun réel coup de coeur, excepté pour l’intérieur du Centre de Commerce Mondial. La ruelle entre deux bâtiments est devenue une galerie couverte élégante.

Le bassin de la fontaine art-déco est une réalisation remarquable faisant de l’eau un vrai miroir, sans la moindre ride, se déversant sur des pierres noires polies. Un véritable bijou artistique et architectural.p1300078

La colline du  « Mont Royal  » domine la ville, immense parc pour les citadins, qui se prolonge par un cimetière gigantesque.

Sur un de ses flancs ont été construits une Université et l’imposant Oratoire Saint-Joseph, vague copie de Montmartre où ont lieu concerts et diverses manifestations.img_4980

Mais il fait bien froid, et nous nous contentons d’un tour en camping-car dans les quartiers résidentiels, le  » quartier latin  » ou  » le village « .

C’est là qu’aiment à se retrouver étudiants et immigrés français.

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Il eut sans doute fallu venir en été pour mieux sentir l’âme de cette très grosse ville et vivre ses animations variées. Nous repartons  » refroidis « , traversant le grand pont Jacques Cartier qui débite son flot quotidien de véhicules.

Bruno souhaite continuer la route en direction de Victoriaville où nous espérons retrouver Christine et Jacques, un couple de voyageurs rencontrés au Pérou avec lesquels nous avons bien sympathisé.

Le réservoir Baudet est un lieu de rendez-vous des oies, essentiellement blanches (les vraies, pas les autres!). De fait, le petit lac est…BLANC, lorsque nous y arrivons.

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Nos amis nous rejoignent ici même avec grand bonheur. Jacques est photographe animalier professionnel : quoi de mieux que ces 50000 volatils à portée de main.

Nous pensions passer quelques heures ici, et restons finalement toute la journée stupéfaits d’entendre ces oiseaux siffler, criailler et cacarder à qui mieux mieux. De temps en temps un groupe s’envole dans un grand bruissement d’ailes puis revient.p1300185

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Mais en fin d’après-midi, le spectacle devient incroyable. Ce sont des vagues successives qui gagnent le ciel pour former peu à peu des V. Elles partent de différents endroits par petits groupes pour se rejoindre sans logique apparente.

Et avant chaque envol, elles se dressent sur l’eau en secouant leurs ailes, et semblent répondre à l’une d’elles qui fait un tour :  » prête pour le départ ?  » –  » oui, c’est bon  » –  » et toi ?  » –  » OK, pas de problème « .

C’est fascinant et en l’espace de plusieurs heures, le lac se vide en grande partie, laissant le ciel constellé de V, tandis que d’autres groupes d’oies viennent se poser jusqu’à la tombée de la nuit.img_5132

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Cette journée sera aussi à mettre parmi les grands moments du voyage.

Il se poursuit sous des trombes d’eau jusqu’à la ville de Québec…

Nous nous arrêtons dans le joli quartier de Sillery car cette commune qui fait partie de l’agglomération de Québec honore le nom du frère d’un des ancêtres de Marie-Anne. Au 17è siècle, Noël Brulart de Sillery en est devenu le bienfaiteur par l’acquisition d’une anse du fleuve qui porte son nom et par une dotation financière importante ayant permis aux Jésuites de s’installer et d’aider la population locale.p1300357

Grâce à la société historique qui nous accueille nous obtenons davantage de renseignements particulièrement intéressants. La commune et également une belle avenue portent son nom.

Moment à la fois émouvant et amusant quand on sait que les québécois font les mêmes démarches, mais…en France, pour reconstituer leur arbre généalogique.

Petite remarque : Nicolas, le frère de Noël aurait eu l’idée de la fabrication du champagne, et le  » Sillery  » existe toujours ! On comprend mieux maintenant l’intérêt de Marie-Anne pour les bulles.

Le sympathique prêtre qui nous donne les premiers renseignements, nous permet aussi de passer la nuit devant l’église, d’où nous avons au petit matin une vue dégagée sur le Saint-Laurent.p1300201

 

En contrebas, l’anse de Sillery a toujours connu une activité industrielle et commerciale car depuis le 19è siècle, on y entreposait, préparait et expédiait des billes de bois par milliers vers l’Angleterre.

En effet, en 1806, alors que les guerres napoléoniennes occupent l’Europe, et que le Blocus continental à l’égard de ce pays est prononcé, celui-ci approvisionne sa marine en bois d’oeuvre au départ de l’anse de Sillery. De cette époque, restent quelques maisons bien conservées.

Non loin, le pont métallique de Québec, dont la travée suspendue mesure 549m entre les deux piliers principaux. C’est le pont cantilever le plus long du monde.img_5190

Durant sa construction, la traversée centrale s’effondra à deux reprises en 1907 et 1916, faisant plusieurs victimes.img_5187

Il a été ouvert à la circulation ferroviaire en 1917, et automobile en 1929.

Le musée des Jésuites…img_5215

…nous apprend que les Iroquois vivaient dans la région il y a 3000 ans. Ils ont commencé à commercer avec les premiers explorateurs venus acheter des fourrures en échange d’objets en fer, de perles, d’armes et … d’alcool. Les relations n’étaient pas toujours idylliques, d’autant que les guerres tribales étaient très fréquentes notamment avec les indiens Hurons-Wendat ou Algonquins, installés sur les berges du fleuve ou « saisonniers » pour la pêche à l’anguille.

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(reconstitution d’un village huron-wendat).

Les missionnaires en ont aussi fait les frais!p1300340

Les iroquois ont rejoint d’autres territoires, décimés par les maladies des européens, les guerres et les mauvaises récoltes, tandis que les hurons-wendat se sédentarisaient sur place et vivent aujourd’hui dans un des quartiers de Québec. Et en cas de rencontre on peut amorcer le dialogue:

-Kwe (bonjour)

-Ahskennon’nia (comment vas-tu?)

-Önenh (au revoir)

Nous sommes impatients de voir Québec dont le monumental hôtel Frontenac est mondialement connu. Il domine les vieux quartiers et le fleuve. Comme il fait toujours froid, nous montons prendre un chocolat chaud dans la tour panoramique de l’hôtel Concorde.

De là, nous dominons le centre, le champ de bataille entre français et anglais, le château et la citadelle.

La vieille ville est entourée de fortifications.

Mais c’est bien l’énorme hôtel Frontenac qui capte toute notre attention. p1300270 (2)

Il a été construit en 1893 par le  » Canadian Pacific Railway  » dans le cadre de sa chaîne d’hôtels luxueux. Ce n’est qu’en 1924 que la tour centrale a été rajoutée.

Une grande esplanade en bois, la terrasse Dufferin (19è) s’étire juste devant offrant une vue panoramique sur le Saint-Laurent, le port et la vieille ville.

La statue de Samuel Champlain trône sur la place.img_5318

Comparé à l’hôtel Frontenac, l’édifice  » Price  » (1929), un des premiers gratte-ciel du Canada, de style art-déco, fait un peu maigrichon.img_5325

Le quartier le plus vivant est celui  » d’en bas  » où Samuel Champlain venu de Brouage (Charente -Maritime) en 1608, a construit son   » abitation « . Là est née la civilisation française en Amérique du Nord. La place Royale avec le buste de Louis XIV…un peu occulté par les décorations…fut le premier établissement permanent en Nouvelle France.img_5340

 » Tiens, mais qui est là ?  »

On a plaisir à déambuler le soir dans le quartier Champlain aux rues pavées, avec ses restaurants, bars et boutiques. Halloween se prépare ici aussi.img_5350

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Toute la vieille ville est mise en valeur avec ses illuminations.

Mais le vent est bien froid (2°), et le risque de neige se précise.

Un dernier tour…et nous partons.

 

 

CANADA : des chutes du Niagara au Québec du 6 au 11 octobre 2018

La Niagara River sépare le lac Erié au sud, du lac Ontario. De là, les eaux iront former le fleuve Saint Laurent parsemé d’îles et d’îlots.

Longeant la péninsule, nous parvenons à  » Niagara Falls  » où nous nous garons sur un parking près de la fameuse  » Skylon  Tower « .IMG_4261.jpg

Nous sommes à 3 minutes à pied des chutes situées en contrebas, et c’est à la nuit tombante, immeubles et hôtels baignés de brume, que nous les découvrons.

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Si le Canada a une vue directe sur l’ensemble des deux chutes, les Etats- Unis, sur l’autre rive, les dominent et propose des tours en bateau pour s’en approcher, même la nuit.img_4285

Côté Canada, il y a foule avec toujours et encore des quantités d’Asiatiques et d’Indous.

Le show lumineux en fait un véritable spectacle que nous avons du mal à quitter pour remonter fêter cela au restaurant ( le vin du Niagara est tout à fait honnête).

Un  » vieux  » guitariste y chante du Gordon Lightfoot, ( qui se produit encore)…img_4180

Marie-Anne fredonne toutes ses chansons,…séquence souvenirs !, mais qui se souvient de lui chez nous ?

De jours, les chutes sont encore plus spectaculaires. Mais que de monde!

Un gros nuage s’en élève et mouille totalement les curieux qui s’en approchent.img_4404

Ce qui est surprenant, c’est la puissance des remous qui commencent à se former en amont, butant sur des quantités de rochers immergés.Un peu plus en amont encore, la rivière est toute calme.img_4394

Une couleur vert turquoise frange la ligne de chute.

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Les bateaux sur lesquels les touristes sont tous équipés de « pare-pluie  » colorés, tentent d’aller au plus près. De gros rochers sont amoncelés au raz de l’eau, ce qui peut expliquer – en partie seulement – que les amateurs de grand saut se soient presque tous tués.p1290903

Pourtant un garçonnet de 7 ans, tombé de la barque de son père pêcheur, emporté par le courant, a survécu !

Un film résume les différentes tentatives pour dompter les chutes. Ainsi, une ex-institutrice de 63 ans, cherchant la gloire, a eu l’idée en 1901, de se faire enfermer dans un grand tonneau, isolée des chocs par un matelas. Les gens la prenaient pour une folle, mais acceptèrent de la mettre à l’eau dans son embarcation de fortune.

Contre toute attente, elle survécu, bien sonnée par sa chute. La pauvre n’en tira aucune gloire et vieillit tristement seule et désargentée.

C’est un funambule français qui réussit la traversée des  » Niagara Falls « , le 30 juin 1859.p1290931

Tesla, un jeune et brillant ingénieur croate (1856-1943) a été le premier à avoir l’idée de mettre au point un système de courant alternatif en utilisant la force des chutes dès1895. L’usine électrique fonctionne toujours, et cette invention a été étendue à la plupart des moteurs électriques. Aujourd’hui, les voitures  » Tesla  » sont en plein développement aux USA.

Nous avons la chance d’avoir un temps doux et ensoleillé, et allons prendre quelques photos dans la ville animée. Il y a un peu du  » Disneyland  » au centre, et une multitude d’hôtels, bars et restaurants. Les USA sont en face.

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En ce qui nous concerne, nous avons bien des difficultés à trouver de l’eau pour nos réservoirs, comme souvent au Canada, et c’est un des rares campings encore ouvert à cette saison, qui accepte de nous dépanner. De là, nous faisons un rapide tour jusqu’au lac Erié dont on nous a vanté les grandes plages de sable fin, et plutôt  » familiales « .

La petite ville de  » Niagara on the Lake « , au bord du lac Ontario sur la rive gauche du fleuve, a conservé tout le charme de son habitat du 19è. Ce bourg fut fondé par des Loyalistes venant de l’état de New York après la Révolution américaine.

Le Fort George gardait l’entrée du fleuve Niagara…

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…et faisait face au Fort Niagara américain, de style  » Vauban « , construit par les Français pour défendre les intérêts de la Nouvelle France en Amérique du Nord au 17è. Il fut ensuite occupé par les Britanniques.img_4578

Ces constructions défendaient le passage très stratégique des convois de marchandises entre le nord et le centre de l’Amérique. Les bateaux ne pouvant franchir les hautes chutes étaient déchargés ici, et les marchandises transportées par terre, jusqu’au lac Erié. Tout autour, les vignobles sont proches, et les touristes nombreux. Golfs, maisons cossues jalonnent le sud du lac Ontario.

 

Aujourd’hui, le canal Welland construit entre 1914 et 1932, relie les deux lacs, tandis que des ponts ascenseurs permettent le passage des bateaux.

De nombreuses et sanglantes batailles entre Anglais et Américains (notamment celles de 1812 et 1813) ont fait changer les terres de mains à tour de rôle.

La visite du Fort George, si on le souhaite, se fait sous la houlette d’employés costumés, afin de faire revivre la vie des soldats du 18è siècle.img_4536

Seule la poudrière en pierre, voûtée et protégée par des remblais de terre, est d’origine.

Tous les bâtiments ont été reconstruits (1937 à 1940) à l’identique des années 1799-1813.

On peut y observer des canons…img_4575

…ainsi que les blokhaus et leurs meurtrières, faits de grosses billes de bois protégeant des obus, et servant à la fois d’entrepôts et de lieu de vie des soldats, ainsi que de quelques femmes et enfants.

Aucune intimité pour eux, contrairement au cercle des officiers, où cuisine et mess voisinent avec quelques zones privées.

Une petite prison faisait aussi partie des bâtiments du Fort.

Le vignoble, situé à la même latitude que Bordeaux, est assez étendu. Les premiers vignerons seraient arrivés dans les années 60, d’Italie et du Portugal, trouvant ici un micro-climat et un terrain adaptés. D’ailleurs, le vin de glace fait avec des grappes laissées sur pied jusqu’en Décembre ou Janvier est particulièrement réputé. Des plantations de pêchers alternent avec les vignes. Autant dire que cette région riante diffère assez du reste du Canada que nous avons traversé.

Longeant le lac Ontario, autre mer intérieure,..IMG_4579.jpg

…nous apercevons Toronto semblant flotter au loin sur l’eau.

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Face au port, sa tour CN, emblème de la ville et même considérée comme l’une des 7 merveilles modernes, domine du haut de ses 553,33m, une forêt de buildings étincelants au soleil.

La gare de triage de la Compagnie Canadienne, est située au pied de la tour, avec sa           » roundhouse « (1929) d’origine, où sont exposés wagons et locomotives.

Plus au nord sur le lac, de belles plages, des parcs et une marina jouxtent des quartiers résidentiels boisés où nombreux sont ceux qui viennent se reposer, faire du sport ou pique-niquer…

…nourrir les mouettes…IMG_4727.jpg

…ou acheter une glace.img_4730

L’extrémité nord du lac est parsemée d’îles que l’on peut parcourir en été via de petits bacs.img_4738

Il en est de même sur le début du Saint-Laurent , comme à  » Longsault parkway « , où la petite route traverse un long chapelet de 11 îlots.

Le temps a brusquement changé, devenant bien triste, mais nous pouvons imaginer la foule estivale dans ces lieux de pleine nature. D’ailleurs, les canadiens se baignent dans le Saint Laurent…pas aujourd’hui !img_4771

Nous approchons de la province de Québec, dernière partie de notre si long voyage.

 

CANADA : de Calgary aux chutes du Niagara du 27 septembre au 6 octobre 2018

Les  » Badlands « , ce sont de basses collines où s’étalent de gros ranchs.

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Mais les vaches noires partagent les prairies avec les puits de pétrole.IMG_3655

Quelques petits bourgs très isolés, jalonnent la Highway et la ligne de chemin de fer comme Medicine Hat.Contre toute attente, activités culturelles diverses, sportives et préservation des traditions indiennes en font un centre citadin hyper actif, et le petit  » down town  » dégage un certain charme.IMG_3682

 

 

 

Les collines des  » Badlands forment des sortent de coulées protégeant des vents froids. Il y aurait 330 jours de soleil par an nous dit-on. La vie ne semble pas si désagréable ici, et les canadiens que nous rencontrons sont vraiment sympathiques.

Le froid qui descend du nord chasse les oies vers le sud et, étonnés, nous longeons des lacs aux rives toutes blanches. Ce ne sont pas des coquillages, mais des milliers d’oies piailleuses, qui, réunies, vont partir vers le sud des Etats-Unis ou peut-être le Mexique.

Elles commencent à nous survoler en formant de multiples V.

 

Un peu plus à l’est, nous traversons la  » Beauce  » canadienne.IMG_3747.jpg

De gros engins finissent les foins. Chaque ville ou village possède de grands silos qui déversent leurs céréales dans des trains sans fin tout le long de la Highway. Ces bourgs arborés sont plutôt soignés, ce que la zone de la station de chemin de fer ne dévoile pas. Attachés à leur histoire, ils présentent souvent l’arrivée des pionniers et des immigrants du 19è comme à Wolseley, où nous dormons en toute tranquillité au bord du petit lac.

 

Partout nous lisons des panneaux : » musée »,  » centre des visiteurs « ,  » centre historique « , et, petit détail amusant, ces villages ont tous leur propre golf.

Mais quelle route longue et ennuyeuse que celle du Saskatchewan, même si peu à peu, les premiers bosquets finissent par jalonner notre trajet. Nos enregistrements musicaux défilent. Nous passons dans la région du Manitoba, beaucoup plus boisée, avec des bouleaux, des sapins ou des chênes. C’est le domaine des indiens Sioux.

Puis nous arrivons enfin à Winnipeg, que nous traversons rapidement.

 

L’architecte Antoine Predock y a construit le Musée canadien pour les droits de la personne. C’est  » curieux « .IMG_3799

Peu après, dépassant le centre du Canada (GPS 96 48 35 ), au sein d’une vaste plaine cultivée, nous allons visiter un village mennonite regroupant d’authentiques maisons des années 20 réunies en ce lieu. Nous passons même sur la  » Seine  » (canalisée) avant d’y arriver.

 

Ici bien des noms de villages et de rivières sont français.

Les Mennonites, issus de l’église luthérienne sont venus depuis la Pologne au 16è siècle. D’autres, Russes, Allemands, Suisses ou Néerlandais, les ont rejoints pour fuir les persécutions religieuses, ainsi que les guerres, car, pacifistes, ils refusaient de combattre.

Carte des migrations :IMG_3822

Leur chef de file fut Menno Simons.IMG_3816

C’est lui qui abandonna son  » habit  » de prêtre en 1536 pour donner de nouvelles directions à un mouvement anabaptiste hollandais. Il lutta pour la paix, la séparation de l’Eglise et de l’Etat et promut une bible basée sur la confiance et la vie.

Si certains ont conservé les traditions du 19è, comme nous avons pu le voir en Bolivie ou au Mexique,…IMG_3850… leurs descendants vivant au Canada, se sont adaptés pour nombre d’entre eux à la vie moderne et ne se différencient pas visiblement des autres habitants, mais conservent cependant leurs valeurs fondamentales :  » la loi, c’est Jésus Christ « .

En saison, le village s’anime au rythme de la vie de la campagne, partageant ses activités quotidiennes avec les visiteurs.

Il y a même possibilité d’aller aux offices dans l’église toute neuve et d’acheter quelques unes de leurs productions.IMG_3811

Ce village-musée a un côté émouvant, nous donnant l’impression que leurs habitants viennent de partir.

 

Nous pénétrons ainsi dans la ferme des Chortitz…IMG_3964

…construite en 1892, et constituant un bon exemple des maisons mennonites du Manitoba de 1874 à 1900 et plus.

 

Cette église fut la première pour ceux qui arrivèrent ici en 1920 jusqu’en 1989.

 

La petite école privée où logeait aussi l’instituteur date de 1885.

 

Le garage abrite encore des voitures et engins agricoles de différentes époques.

 

 

 

Depuis les mennonites ont essaimé un peu partout avec des pointes de migration correspondant aux guerres en Europe: 1870, 1914 et 39-45.

Ils ont importé des techniques agricoles mais aussi une excellente organisation et ils interviennent dans l’éducation, la santé, la formation en agronomie, le développement communautaire, la promotion de la paix et de la justice, les structures de secours pour les migrants ou, en cas de sinistre, partout dans le monde…IMG_3845

Au Manitoba succède l’Ontario où nous arrivons à Thunder Bay situé sur le lac Supérieur qui est partagé avec les USA.

Nous n’en voyons encore pas grand chose, en raison d’immenses silos à grains, où arrivent trains et bateaux.IMG_4018

C’est la deuxième plus grande ville industrielle, commerciale et universitaire du nord ontarien.

Nous sommes déçus de constater que les rives du lac sont privatisées ici aussi.

Une surprise nous attend plus loin en forêt : une mine familiale d’améthystes dont le filon, le plus important d’Amérique du nord, a été découvert par hasard en 1955 lors de la construction d’une route. Les cristaux violets sont compressés dans le granite rose, et certains sont même curieux.

 

 

Ils sont dégagés à l’aide de puissants jets d’eau et seulement 2 personnes y travaillent maintenant à temps plein.

 

La production – importante – part en Chine, et les pierres une fois taillées et polies reviennent sous forme de bijoux revendus en Ontario dont c’est devenu l’emblème. On lui prête des qualités protectrices.

Mais comme les rebus sont mis à la disposition des visiteurs pour une somme modique, il n’y a plus qu’à se baisser…

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…ou à construire un mur !IMG_4037

Quelques percées nous permettent d’apercevoir le lac et ses nombreuses îles, mais c’est dans le village de Marathon que nous l’approchons enfin : transparent, immense. Ici les galets sont d’un rose pâle ravissant.

 

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Dix degrés, un fort vent, la pluie…les éléments nous chassent à nouveau toujours plus vers l’est et la monotonie se réinstalle : sapins, lacs, sapins, bouleaux, lacs, sapins, lacs…Zzzz comme dans Pif le chien, …sur 500km…

Nous ne profitons pas vraiment de ce tronçon et arrivons à Sault Saint-Marie, sous le pont frontière avec les USA où s’écoule la St Marys river, jonction entre le lac Supérieur et le lac Huron.IMG_4125

Après une journée épuisante de conduite, Bruno n’a qu’une idée : se poser. Hélas, pluie et vent redoublent de violence perturbant très fortement notre nuit. Nous avons à nouveau 500km à faire le jour suivant, mais cette fois, la campagne est plus variée. Le petit panneau…IMG_4146

…indique que des mennonites vivent non loin, comme partout. Ils ont défriché, installé leurs fermes – bien cachées – et entretiennent parfaitement leurs terres. Nous croisons du reste sur la Highway, une femme et sa fille, vêtues de noir, bonnet du 19è sur la tête, et conduisant une de ces magnifiques charrettes à cheval d’un autre âge. Mais pas le temps de sortir l’appareil photo !

Les jolies couleurs de l’automne canadien jalonnent dès lors notre trajet.

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La route offre peu de vues sur le lac Huron encombré d’îles, comme à Spanish où nous dormons sur la marina.

 

Nous allons le voir à Wasaga beach (nord-ouest de Toronto) et Collingwood. Voici enfin à nos pieds, un lac digne d’une mer. Des stations balnéaires laissent à penser que les citadins proches viennent ici passer des vacances. Plages de sable, petits ports de plaisance… oui mais, pas seulement en été.

 

 

Les collines se sont vues coiffées de remontées mécaniques sur plusieurs kilomètres, et les « oeufs  » fonctionnent toute l’année. » Le golf ?…ah oui, il est au bas des plus belles pistes « .

 

L’eau du lac est claire, tentante et sûrement agréable en saison. Mais pour le moment, après une accalmie d’un jour, le mauvais temps revient, s’apprêtant à arroser copieusement les multiples décorations d’Halloween dispersées un peu partout devant bâtiments officiels et maisons particulières.

 

Nous avons un petit coup de coeur pour le lac Huron, moins sauvage que le lac Supérieur, pour ce que nous en avons vu, mais devons le quitter rapidement.

Les villes ont chacune leur style.

 

Un panneau nous fait sourire.IMG_4237

Après avoir dépassé la grosse zone industrielle de Hamilton, nous voici le long de la rive sud du lac Ontario.IMG_4239

C’est la région viticole et fruitière du Niagara aux forêts encaissées. Elle est située entre les deux lacs, Ontario au nord et Erié au sud, reliés par le fleuve Niagara.IMG_4249

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CANADA :de Prince Rupert à Calgary du 21 au 26 septembre 2018

Cette fois, nous allons traverser le Canada d’ouest en est. Le retour est irrémédiable, et c’est la traversée la plus longue que nous aurons à faire, si possible, avant l’arrivée de la neige.

L’île de Prince Rupert, en retrait, est protégée des colères de la mer, ce qui en fait le deuxième port de commerce en eau profonde sur le Pacifique après Vancouver.

Il constitue un véritable pivot pour les marchandises venant d’Asie et destinées à être acheminées vers la côte est par une importante voie de chemin de fer. Les trains sont immenses ; nous avons compté jusqu’à 249 wagons tirés par trois locomotives.IMG_3658

En ce qui nous concerne, nous devons bien sûr repasser la douane dans le port. L’officier est surtout curieux de savoir si nous transportons des armes ou de l’alcool. Quelle question ! On nous connaît…nous, de l’alcool ?

Superbe soleil : il fait 21°. Les gens ont sorti shorts et tee-shirts. C’est toujours l’été, non ? La ville a conservé quelques vieux bâtiments, dont le sympathique café  » Cow Boy  Coffee », où travailla un de nos neveux.IMG_3149

 

 

Le musée tout de bois est particulièrement bien conçu, présentant les objets traditionnels des indiens Tahltan ou Athapaskan, ainsi que ceux des immigrés du 19è siècle.

 

 

 

Marie-Anne aime bien ces tissus simplement décorés de boutons de nacre.IMG_3216.jpg

Comme en Alaska, les totems font partie du quotidien. A l’origine, ils étaient le fait de chefs de village, qui marquaient ainsi leur territoire.

Le petit port de plaisance accueille aussi des bateaux de croisière.IMG_3152.jpg

En effet, Parcs Nationaux et réserves où vivent des ours, sont un des attraits de ce joli bout du monde canadien.

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Plus à l’est, vers Terrace, on nous dit qu’on pourrait apercevoir un ours presque blanc, le  » Kermodei bear  » issu d’une sous espèce rare de l’ours noir, due à un gêne recessif. Nous n’avons pas eu cette chance.P1300793_LI

Mais nous aurons tout de même vu une quarantaine d’ours noirs et grizzlis jusqu’à présent. Ils sont trop  » craquants « .

Bruno ne lâche pas le volant car les montagnes ont reçu les premières neiges, et les feuillages d’automne sont déjà de mise. Les ours font leurs derniers petits tours tandis que les paysages défilent avec davantage de prairies un peu monotones. Alors nous écoutons l’enregistrement des concerts de notre ensemble vocal Coup de Coeur ( La Rochelle).IMG_3256

 

 

Le temps est devenu incertain, lorsque nous retrouvons la Trans-Canada Highway. Mais cette fois, l’absence de fumée nous permet d’admirer lacs clairs, rivières turquoises et en particulier le très massif Mont Robson.IMG_3301

Nous finissons par rejoindre les Rocky Mountains, chaîne nord-sud, très à l’est de Vancouver et Seattle, où vivaient les Iroquois. Jasper c’est le  » Mégève  » local où nous ne faisons que passer.

Le parc montagneux et payant, noir de monde, surtout des asiatiques, renferme un certain nombre de jolis lacs.

Nous montons d’abord au paisible et clair lac Maligne (1680m)…

…et allons marcher un peu en pleine nature avant de reprendre la route…IMG_3335

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…et d’apercevoir dans le lac Medicine un élan solitaire.IMG_3341

Mais voici le canyon Maligne.

La route nord-sud que nous empruntons vaut bien le voyage :

 

…avec ses chutes d’Athabaska…

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…et Sunwapta…

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…puis la  » Endless chain « .

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La route monte à  » Champ de glace « .

Le glacier Athabaska, qui comme tout glacier, génère de forts vents (phénomène catabatique) trône face à nous. Nous ressortons doudounes, bonnets et gants pour y accéder.

On constate à nouveau à quel point la glace a pu fondre et reculer ces dernières années, laissant un  » champ  » de caillasses, de roches usées, colorées et striées par les rochers emprisonnés dans le glacier.

Passer  la nuit dans ce cadre nous convient tout Ã