COLOMBIE : de Medellin à Cartagena (Carthagène des Indes) du 4 au 22 février 2018

Medellin…DSCN1321

Bien des Colombiens nous ont dit rêver d’y habiter. Sans doute…mais pour nous, la multitude de tours en briques, de favelas à flanc de montagne, de centres commerciaux, la densité de la circulation, ne correspondent ni à nos critères de qualité de vie, ni à ceux de la sécurité.DSCN1439

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Du reste, on essuie le baptême du feu en voulant rejoindre un camping situé à l’est en montagne. Le guidage Mapsme se révèle totalement erroné, et après avoir traversé un quartier de drogués peu engageant, et gravi une forte côte, nous nous retrouvons à la tombée de la nuit en pleine favela, bondée, peu fiers. La conduite y est indescriptible, et notre état d’énervement, pas moins ! Pas de photos : ce n’est ni le lieu, ni le moment.

On arrive tout de même à faire demi-tour, et Marie-Anne se débrouille pour guider Bruno hors ville à une vingtaine de kilomètres jusqu’à un autre camping. Il fait déjà bien nuit, P1180349et …plus de camping…! Elle demande de l’aide à la station de péage du quartier : surprise des automobilistes au péage, et rires des caissières. Ils ont tous la doudoune ici, alors que nous sommes toujours en petite tenue d’été depuis Santa Fe. Comprenant notre désarroi, une jeune employée nous propose le parking devant le restaurant de ses parents un peu plus haut.  » Vous y serez en sécurité  » nous dit-elle. Mais à 21h30, le restaurant ferme, puis un peu plus tard, le péage. Nous voici seuls dans un quartier isolé, ce que nous ne faisons jamais.  » Qu’en penses-tu Milou ? « …De fait pas de problème la nuit, et le lendemain, après avoir passé la matinée à chercher le fameux garage Iveco (qui n’existe pas ), nous arrivons tout de même chez leur représentant, en nous faisant guider finalement par un taxi.

Ils nous prennent tout de suite à 11h30, disent-ils, mais l’intervention  » chirurgicale  » n’est faite que vers 16h, car le soudeur est…parti !  » Voilà la Colombie !  »

Ils nous disent que nos amortisseurs sont encore bons, ce dont Bruno doute, et soudent seulement une pièce de support, fendue, peut-être à l’origine du bruit que nous entendions à l’avant droit. On verra bien !

Voulant aller absolument au camping  » le Bosquet  » au-dessus de Medellin, nous mettons près de 3 heures pour le rejoindre. Marie-Anne fait le GPS, ne faisant toujours pas confiance à Mapsme ; certaines rues sont barrées, encombrées, et le trajet se révèle extrêmement compliqué. Un policier nous dit  » tranquilles ! vous allez vous y faire, prenez tout votre temps « , alors que, devant lui, nous nous enfilions dans un étroit sens interdit, non signalé, évidemment .  » Ah Medellin, dur, dur !  » On pourrait se croire à Barbès, à l’heure de pointe, mais avec beaucoup de drogués l’oeil hagard (certains respirant ( quoi ?) dans des sacs en plastique), de mendiants, de motos, de bus, de voitures, de gens qui traversent n’importe où sans regarder, de petits magasins, de marchands ambulants, de travaux…en tous sens ! Il faut y ajouter des côtes très pentues où s’entassent les  » quartiers sensibles « . Heureusement que Bruno a appris à conduire à Paris.DSCN1395

Malgré tout, nous montons de 1000m…DSCN1420.jpg …et arrivons enfin au  » Bosquet  » dans le brouillard et de nuit.

Et là… » hello Martino et Sabine ! « . Nous voici encore réunis pour la soirée devant un bon feu de cheminée, dans l’auberge de jeunesse-camping. Le lendemain, nous découvrons la vue étendue vers l’est.

Nous y restons 3 nuits, le temps de commencer notre blog Colombien, quand Martino nous prévient que  » ça chauffe  » entre l’ELN, branche armée des Farcs, qui n’a pas déposé les armes, et le gouvernement. 2018 étant l’année des élections, les rebelles souhaitent faire partie du prochain gouvernement. Compte-tenu du nombre de morts dus aux Farcs, ils ne sont pas les bienvenus. Pourtant la moitié de la population, plutôt paysanne, les soutient, quand l’autre, pleurant ses morts, en veut au Président d’avoir voulu faire la paix avec eux. Derrière tout cela, il y a bien sûr les narcotrafiquants, toujours actifs et déterminés pour garder la maîtrise des territoires transfrontaliers.

Donc, en ce qui nous concerne, ce sont 3 jours de  » grève armée  » qui nous attendent. Autrement dit, interdiction de circuler avant mardi, au risque de se faire enlever ou tirer dessus. Il nous reste 2 jours pour rallier Cartagena ; alors, renonçant à nos plans de visite de Medellin par téléphérique et métro, nous quittons nos amis qui eux, vont attendre dans ce camping que la situation se calme.

Nous roulons sans arrêt sur une route pas fameuse afin de rejoindre la côte au plus vite avant  le couvre feu. Vers 17h, la jauge étant au plus bas, mais le témoin non allumé, le moteur s’arrête en plein virage. ANGOISSE !, ce n’est vraiment pas le moment de tomber en panne. Bruno pense que c’est un problème de dépression dans le réservoir, empêchant la pompe de transfert de fonctionner correctement. Marie-Anne pense qu’il aurait dû faire le plein à la station, comme elle le lui avait suggéré. Par chance, on redémarre, et faisons demi-tour, allant au  pas jusqu’à cette station (30 km auparavant).

Le plein fait, tout va bien, et à force de patience, d’endurance et surtout, de vigilance, nous arrivons, de nuit encore, dans une finca isolée qui fait camping. Elle est tenue par un anglais retraité, à une heure de la côte caraïbe et de Cartagena, cette grosse capitale du département de Bolivar.Impression de DELIVRANCE !

Le lendemain nous apprenons la destruction à l’explosif, de deux ponts, puis l’incendie d’un bus et d’un camion.

Nous mettons à profit cette pose forcée pour faire du nettoyage dans le camping-car. Il fait très chaud. Les chants d’oiseaux nous tiennent compagnie, dont un bel aras semi-captif, qui ne cesse de crier, sur fond de bêlement de chèvres.

Bruno est à la recherche, sur internet, d’un cargo pour le Panama. C’est bien  » ça  » le problème majeur de ce long voyage depuis notre départ. En effet, Colombie et Panama ne sont pas reliés par la route, mais seulement par voies maritime ou aérienne, sans doute en raison de l’activité des narcotrafiquants dans la jungle du Darien.

 » Là, mon vieux Milou, c’est une autre aventure « . Aurons-nous le temps de visiter la côte Caraïbe ? Tout dépendra de la date du cargo trouvé et de la situation politique. A la fin de cette grève armée de 3j, nous rejoignons Cartagena.

Déception : la mer caraïbe tant espérée, est marron, et très agitée en raison d’un fort vent qui décoiffe ; c’est la saison des alizés.

Mais notre préoccupation est ailleurs : trouver l’agence Enlace Caribe, qui peut nous prendre en charge. Comme d’habitude, on se perd en cherchant une adresse qui n’est plus la bonne au milieu de rues dont la numérotation est faite en dépit de toute logique. Euréka, en fin de matinée, Marie-Anne découvre un point Ioverlander plus précis. C’est à deux pas de l’hôtel-camping  » Bellavista  » où nous nous installons face à la mer, dans une cour.DSCN1678 Bien sûr, aucune indication de l’agence dans l’immeuble censé l’abriter !

Là les choses s’enchaînent : il suffit de payer et l’agence se charge de toutes les démarches pour le 19 février…presque demain, une chance ! L’Iveco devra être amené au port le 16, nettoyé, cloisons fixes posées entre l’avant et l’habitacle pour limiter les risques de vols. Nous devrons donner les clés à un manutentionnaire qui le montera sur le bateau…sans nous. Advienne que pourra !

 » Si  » le cargo Roro n’a pas de retard, notre camping-car arrivera à Colon ( Panama), le 21 février. Une sympathique rencontre nous réjouit : Jacques Gillon, un photographe animalier de renom, et Christine, que nous avons connus au Pérou (vers Nazca), sont au camping, et font les mêmes démarches que nous. Mais eux retournent en France. Le soir nous nous faisons un dîner improvisé et bien arrosé, en compagnie d’un couple de catalans bien sympathiques Sylvia et Jamon, dans la même situation.DSCN1682.jpg

Bruno a besoin de tout un après-midi pour monter les cloisons ( bien salies par les frottements en soute ).DSCN1693.jpg

Dehors le vent souffle toujours avec force faisant entrer une couche de poussière de sable, qui s’immisce partout dans les moindres recoins du camping-car. Il faut faire vite, en pleine chaleur (38°), car les moustiques attaquent dès 18h, sadiques et invisibles. On prépare nos sacs aussi, puisque dès demain, nous irons à l’hôtel Ibis tout proche. Autant dire que nous sommes littéralement épuisés le soir, Marie-Anne ayant de son côté mis à jour son journal, le blog, et fait le ménage (autant que possible). Surtout, ne rien oublier !

C’est le vendredi 16 février à 9h que nous devons amener l’Iveco au port.

Pas de chance ! le pneu avant-droit est à plat. Vite le regonfler !, vite aller au lavadero faire laver le véhicule !, vite ils nous changent la roue gentiment,DSCN1694 vite, vite, ils lavent la carrosserieDSCN1695…et, très très vite,ils volent le portable de Marie-Anne et des dollars cachés au fond de son sac à dos . Pas vus, pas pris ! Et Bruno, ignorant encore le méfait, leur laisse en plus un pourboire, content du travail fait dans les temps.

Marie-Anne ne s’aperçoit du vol qu’un peu plus loin vers le port, trop tard pour faire demi-tour. La douane n’attend pas !

Elle est  » verte  » et rouge de colère à la fois. Les employés de l’agence lui disent avec compassion, que les patrons des lavaderos emploient très souvent des clandestins vénézuéliens connus pour leurs exactions. Marie-Anne y retourne avec le jeune de l’agence, mais la police intervenue plus tard ne fait RIEN et ne dit RIEN devant le sourire narquois des jeunes voleurs.

Que de photos et de messages précieux depuis 2016 resterons entre les mains de ces voyous…si sympathiques de prime abord !

Pendant ce temps, Bruno est coincé au port, attendant que les interminables paperasses douanières soit correctement faites et refaites, ce qui n’est pas le cas. Il devra revenir ! Il en va ainsi pendant 4 jours où allers et venues inutiles se succèdent, le cargo ne partant finalement que le 20 février. Des heures et des heures d’attente au port pour nous et pour l’employé de l’agence qui se démène, suant à grosses gouttes, pour faire faire tous les documents. Enfin, le dernier jour, Bruno y retourne une matinée entière pour le contrôle anti-narcotiques. Il est obligé de vider la soute pleine de poussière, et assez en désordre, il faut le préciser. Alors il avertit, avec le sourire, que ce sera long car nous faisons un long voyage…

Dès lors il fait exprès de vider très très  l. e. n. t. e. m. e. n. t  la soute, en commençant par les 8 pneus neufs amenés de France. Au bout d’un moment, les douaniers, excédés, lui disent que c’est bon. Il n’aura vidé que la moitié de la soute, puis tout remis à la va-vite, mais ouf ! c’est fait. Et il laisse la clé sur le contact, un peu anxieux.P1180356

Nous espérons le retrouver entier au port de Colon , Panama (mer des Caraïbes).

En tout, nous aurons passé 7 jours à Cartagena, toutes ces démarches quotidiennes inutiles, nous ayant définitivement empêchés d’aller explorer la côte caraïbe. On profite donc de cette ville mythique malgré la forte chaleur et le vent violent qui fait moutonner la mer chaque jour. Même pas envie de s’y baigner, bien que l’hôtel Ibis la domine.DSCN1729 Par contre, on profite de la vue étendue.DSCN1716

La ville moderne, péninsule de Bocagrande, qui continue de s’étendre aussi vers les ports, n’est que jeux de construction de tours blanches sans grand intérêt architectural.

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De nombreux immeubles sont financés par des narcos, qui vendent des appartements inhabités, tandis que déjà 16 tours devraient être détruites pour cause de malfaçons. La municipalité délivre des permis sans se soucier de voir cette jolie côte dénaturée.DSCN1783.jpg

Pour la vieille ville, c’est différent.

Inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco, elle est entourée de 13kms de fortifications, et fut fondée en 1533,par le conquistador Pedro de Heredia.

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Très vite Cartagena devint le principal port espagnol sur la mer caraïbe où étaient stockées les richesses, surtout d’or et d’argent, à destination de l’Espagne. Elles étaient amenées depuis 1650 par le canal  » del Dique « , reliant la ville au grand fleuve Magdalena. A cette époque Cartagena était entourée de marais infestés de moustiques. Elle fut la cible de nombreux pirates dont Sir Francis Drake qui pilla le port en 1586.

Un château fort, San Felipe de Barajas, a alors été construit sur la petite colline (40m) de San Lazaro afin de défendre la ville des attaques répétées des pirates.

Il fut érigé en un an, un record, avec des briques, et des pierres de coraux prises sur la côte, par des esclaves noirs.DSCN1825.jpg

Au fil des ans, le fort a été agrandi, créant ainsi la plus grande forteresse espagnole, truffée de tunnels sonores distribuant tous les points stratégiques et permettant le ravitaillement depuis la ville. Elle était armée de 62 canons.DSCN1806

Seul un escalier en bois amenait à l’entrée du château, et il était détruit préventivement en cas d’attaque.DSCN1788.jpg

Mais la meilleures technique de défense consistait à maintenir les ennemis dans les marais afin qu’ils meurent de malaria et de fièvre jaune. Cependant un seul corsaire a réussi à prendre le château, Bernard Desjean, baron de Pointis, sur l’ordre de Louis XIV, s’emparant du plus gros butin de l’histoire de la piraterie. Et il était passé par les…latrines.

La vieille ville est un dédale de rues aux maisons colorées supportant de longs balcons de bois souvent fleuris de bougainvilliers.

Nous y errons au gré de nos envies, découvrant une multitude de jolis magasins,

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de bars et de restaurants.

Celui-ci est particulièrement original et inattendu : le KGB.

Quelques places agrémentent cette vieille ville.

Il y fait bon écouter chanteurs et musiciens de passage, ou y déguster une bière bien fraîche ( ou 2 !), tandis que certains viennent contester…DSCN2018.jpg

…ou se prendre le bec entre deux photos grimaçantes avec des touristes…malheureusement on n’a pas le son!DSCN1885

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Ici circulent des copies d’antiques voitures à cheval, ce qui rajoute du charme, s’il en était besoin.

C’est plus romantique, que ces vieux bus chargés de touristes, qui débitent une musique insupportable tant elle est forte, en faisant le tour de la city.DSCN1911.jpg

La cathédrale, bien que sobre, n’a rien d’exceptionnel, ni même les autres églises

…sauf de nuit.DSCN1890

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Mais la porte de l’horloge ( tour et 4 cadrans ajoutés en 1888), reste un lieu privilégié et animé. C’est, et ce fut surtout,le principal d’accès à la vieille ville.DSCN1732.jpg

Nous visitons le musée d’art moderne, où sont exposées quelques oeuvres d’Alejandro Obregon, grand peintre Colombiano-espagnol (1920-1992),DSCN1922

et les marines de Maria Isabel Rueda.DSCN1926

Ici aussi il y a un petit musée de l’or et de céramiques. Nous restons très admiratifs du savoir faire de ces tribus indiennes.DSCN1966

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Par contre le musée de l’Inquisition, sinistre et bien peu mis en valeur, est décevant. Peu d’objets. Cependant on y apprend que nos auteurs européens  » classiques  » Descartes, Kant, Richardson, Rousseau, Flaubert, Victor Hugo, etc…étaient subversifs, et donc détenir leurs ouvrages…DSCN2010… était suffisant pour se faire arrêter et torturer.DSCN2009

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A contrario, nous flânons avec ravissement dans la maisons aérée et pleine de charme de Rafael Nunez, Président de la République, de 1880 à 1892.

Il a entre autre, développé le réseau ferré de Colombie, ainsi que la navigation sur le fleuve Magdalena, fait installer le premier câble sous-marin de communication du pays, fait créer par l’Italien Oreste Sindici, la musique de l’hymne national, rétabli les relations entre l’Etat et l’Eglise afin d’unifier le pays, fondé la banque nationale, et surtout, rédigé la nouvelle Constitution de 1886 qui sera inchangée pendant un siècle. Il a de même organisé la Conférence Iberro-américaine à Panama où commençait la construction du canal.

Nous rencontrons des Français établis ici, totalement satisfaits de leur qualité de vie. Et c’est au sein de leurs restaurants que nous mangeons le mieux, car il faut bien le reconnaître, la Colombie n’est pas le pays de la gastronomie ( même si les Colombiens nous disent avec fierté  » alors, on mange bien en Colombie  » !). Alors de temps en temps, un bon filet de boeuf ou du vrai pain avec du fromage fait maison, servis en terrasse, ça change tout…DSCN1826.jpg… sauf le soir du concert de reggae.DSCN1815

C’est la nuit que se dévoile le mieux Cartagena. DSCN1745DSCN1747

Un peu comme La Rochelle chez nous, c’est une ville unique qui vit de son charme passé, malgré l’intrusion du modernisme.DSCN1691

Néanmoins l’afflux massif de sans papiers vénézuéliens commencent à la gangréner.

Même si le centre historique est très surveillé par la police et donc  » securit « , il n’est pas question de se promener le soir le long de la plage sur le Malecon.

Notre avion s’envole le 22 février.DSCN2030

 

Bien qu’ayant beaucoup aimé le vieux Cartagena, nous quittons ce pays sans trop de regrets, ayant trouvé leur organisation administrative DESESPERANTE et d’ailleurs inutile, ayant détesté leur manie d’attendre pour tout, et leur incompétence dans de nombreux domaines.

Marie-Anne en garde un goût amer ( et ce n’est pas pour le goût de leur mauvais café, celui de qualité étant exporté). Et puis c’est un pays FATIGUANT. Bruno conserve dans ses mains les traces des virages sans fin, et dans son esprit, les frayeurs de ces automobilistes suicidaires.

Attention routes  aléatoires et dangereuses :

ouvrons l’oeil !DSCN9796 (2)

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…mais l’armée assure !DSCN9736

 » pauvre Bruno, le soir tu n’y vois plus que du rouge « DSCN1618 rte selon b. en fin de journée.jpg

 » cool, laisse-toi conduire, avec le sourire « …DSCN1344.jpg

car il y a des endroits tranquilles, et rectilignes…parfois

et MAGIQUES !

La vallée de Cocora nous aura énormément plu…

…un petit paradis enchanteur, paisible, rythmé par l’ondulation des palmiers de cire et la symphonie des chants des nombreux oiseaux…

La Colombie, ce sont aussi ces quelques images prises au hasard de la route…

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 » et voilà, mon vieux Milou, nous quittons l’Amérique du Sud après 13 mois de routes au gré de nos envies et de nos rencontres, entre le 22 Janvier 2017 et le 22 Février 2018.  »

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De Bogota à Medellin du 15 janvier au 4 février 2018

Bogota, capitale de la Colombie…DSCN0080

Nous avons beaucoup de mal à trouver le garage Iveco;  la » calle 17 « , qui commence en ville à l’est, se poursuit grosso modo à l’ouest…mais encore faut-il la retrouver à l’autre bout de la ville car elle s’interrompt à plusieurs reprises. Ici, c’est un vrai casse-tête pour trouver une adresse, et rares sont les gens qui  » connaissent « . Alors on délègue un taxi qui, mieux informé finit par nous y amener. Nous y passons 2 jours et 2  nuits, enfermés et seuls, le temps de faire les révisions habituelles : vidanges, filtres, plaquettes de freins, et courroie de distribution. Une chance, ils ont toutes les pièces.P1170123

Le patron est un homme vraiment charmant et efficace.

Nous restons deux jours de plus à Bogota, garés en plein centre historique dans le quartier de la Candelaria, sur un parking gardé.DSCN0189

Nous visitons d’abord le magnifique , admirable et moderne musée de l’or. Les collections sont exceptionnelles: des centaines d’objets en or mais aussi des sculptures en pierre, en os, des poteries finement décorées…P1170651

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Puis nous nous rendons au musée militaire qui rappelle que la Colombie a fait la guerre de Corée avec la France, comme nous l’explique fièrement le militaire qui nous accueille.

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Et cette étonnante « collection » de grands bandits trafiquants en ciroplastie réalisée juste après « l’intervention » de la police. Leurs noms?…alias: Sangre Negra, Robatico, El Mosco, Puente Roto.P1170738

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Enfin, nous terminons par le musée Botéro que Marie-Anne n’aime vraiment pas.

Le Président et la Présidente…

des bronzes, des marbres et bien sûr des dizaines de peintures. On aime…ou pas!

Le centre ville n’est pas exceptionnel, notamment la place très minérale Simon Bolivar où se font face cathédrale, Palais de Justice, mairie et Siège du Congrès, tandis que le Palais Présidentiel ( Casa de Narino) est juste derrière. Les bâtiments datent des 19è et 20è.

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Et la voiture du Président qui part « déjeuner ».P1170698

Seule la chapelle du couvent Santa Clara, désormais un musée, vaut la visite pour ses peintures et décorations murales.

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Il reste encore quelques vieilles maisons coloniales dominées par le Cerro Montserrate    ( 3150m), auquel on accède par téléphérique, sur lequel se trouve une église blanche, lieu de pèlerinages.

Le quartier des affaires fait un peu vieillot, mais nous sommes surpris par le quartier nord, très chic avec des maisons de style hollandais.

Les grandes avenues et les parcs aèrent cette métropole, au fond assez attachante, bien que constellée de tags…jusque sur les vitrines. Certains sont originaux.

Nous nous y baladons en toute sécurité, mais de jour car la police veille, tandis que la nuit, mieux vaut éviter de se retrouver au milieu des drogués ou des mendiants.

Si nous préférons l’urbanisme de Bogota à celui de Quito, nous avons hâte de retrouver la nature. Mais cette capitale est très étendue, et la campagne se mérite !

Nous roulons non loin jusqu’à Zipaquira. Outre une jolie place centrale et son église épurée…

..là se trouve à 180m sous terre, une incroyable cathédrale de sel  creusée bénévolement par les mineurs. Elle a remplacé en 1995 une église, elle aussi construite dans le sel et qui s’était effondrée. Les mineurs avaient l’habitude d’ériger de petits autels à titre de protection, tant le travail était dangereux. Cette mine exploitée depuis les indiens, pour qui le sel était une monnaie d’échange, est toujours en activité.

Une très belle mise en lumière d’un chemin de croix fait le long de galeries de 16m de haut nous conduit jusqu’à la cathédrale. Longue de 75m, elle nous stupéfie par ses dimensions. Nous restons bouche bée !

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La croix creusée dans la paroi mesure 16 m de haut et 8 de large.

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Même le lustre de fabrication italienne est en sel, métal, et verre, mettant en valeur le plafond à la croisée des galeries d’entrée.DSCN0248

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D’énormes colonnes de sel rondes , à peine ébauchées, symbolisent des piliers.P1170889

Ici se donnent des concerts, et se célèbrent messes et mariages. Les  » marchands du temple  » ont aussi squatté quelques galeries, tourisme oblige.

Un curieux lac de sel recouvert de 10cm d’eau renvoie le reflet parfait du plafond.P1170910

C’est bien la Colombie : des lieux uniques à proposer aux visiteurs, mais reliés entre eux par des kilomètres de routes montagneuses très sinueuses et pentues. Souvent les arbres de bord de route occultent le paysage, tandis qu’il est impossible de s’arrêter, faute de parkings ou de  » miradors « . C’est pourquoi les trajets sont usants et dangereux surtout en camping-car. Nous aimons tant pouvoir nous arrêter, découvrir et admirer, mais ici c’est vraiment difficile.

Nous nous dirigeons jusqu’à la laguna de  » Guatavita  » dans un environnement vallonné.

Celle-ci est ravissante, toute ronde et envahie d’une forêt, les pieds dans l’eau. Le haut du cratère est couvert de plantes variées, comme les  » fraijoles  » où volettent des colibris.P1170941

Dommage qu’il faille se mêler à un groupe de 30 personnes pour suivre le sentier qui surplombe le lac en compagnie d’un guide bavard, et d’une lenteur exaspérante.

Il s’agit d’un  lieu sacré des indiens Muiscas dont le chaman, recouvert de poussière d’or, se mettait en rapport avec l’au-delà grâce à la brillance de l’or et offrait aux dieux, en les immergeant depuis son radeau, des petits personnages en or porteurs de voeux : les  » tunjos « .P1170617

Pas étonnant que les Espagnols, croyant trouver là l’Eldorado, puis des chercheurs anglais et américains, aient essayé de vider le lac pour retrouver les trésors…presque en vain, puisque le  » balsa muisca « , petit radeau tout en or, est une des rares pièces trouvées…mais dans une grotte à proximité !P1170646

Aujourd’hui les gardes indiens du parc laissent la végétation repousser à son idée afin de refermer la brèche ouverte dans le rocher par les chercheurs de trésor, souillant ainsi ce lieu sacré.DSCN0318 Pour les descendants des Muiscas, ce lac circulaire représente toujours un centre d’énergie sacré.

Tout près se trouve l’immense barrage de Tominé (2700m), très prisé des Bogotanos. Comme dans de nombreux endroits, de belles propriétés ont la vue sur le lac et à cette époque, la route comme les rives sont bordées de massifs de mimosas en fleurs.

Une bonne route nous amène au nord à Tunja, capitale du Boyaca, une des villes les plus froides de Colombie. Les vieux bâtiments espagnols ont été restaurés.DSCN0371

Hélas, ce lundi, la plupart des musées sont fermés et les informations touristiques restent, comme souvent, inexistantes et incomplètes. Seule la maison-musée du Général Gustavo Rojas Penilla, dit  » dictateur  » (1953-1957), est ouverte à la visite. P1170975

Nous voici seuls avec Martha, conservatrice passionnée, et très admirative de cet homme mort d’une crise cardiaque (malgré sa pile…)P1170981…   et à qui la Colombie doit son réseau routier et les femmes leur citoyenneté! P1170967 Elle nous précise avec fierté que cette région du Boyaca a fourni 13 Présidents à la Colombie, dont seulement 4 sont allés au bout de leur mandat !

C’est là aussi au  » puente de Boyaca  » que Simon Bolivar a battu les Espagnols en 1819, donnant l’Indépendance à la Colombie.DSCN0388.jpg

Villa de Leyva n’est pas très loin : c’est un des  » must  » du pays, situé dans une petite vallée cernée de collines un peu pelées, un des plus beaux villages, déclaré monument national en 1954.

Les maisons sont toutes blanches, aux huisseries et balcons verts, tandis que le centre entièrement pavé entoure l’une des plus grandes places de Colombie, 120mX120m, la Place Mayor,

sous un oeil implorant…DSCN0436

Bien sûr, boutiques à touristes, hôtels et restaurants se succèdent de rues en rues. Aux alentours, de belles villas conservent dans l’ensemble, le même style, mais à part cette architecture coloniale, il y a peu de choses à découvrir ; aussi les habitants ont imaginé des sorties à cheval ou à vélo et ont créé un petit musée de fossiles du crétacé, trouvés dans le secteur.

Compte tenu de la chaleur écrasante, nous poursuivons vers le nord jusqu’au petit village colonial tout aussi touristique de Barrichara. Inutile de préciser que nous passons des pâturages à la végétation tropicale où poussent caféiers, bananiers, palmiers et de très longs lichens qui pendent des arbres couverts aussi de broméliacées.

Puis ce sont des zones plus sèches avec torrents et rochers pour les amateurs de rafting et de varape.

Nous nous arrêtons dans un camping très calme  avec même des roulottes, d’où nous observons les oiseaux et un superbe coucher de soleil.

Barrichara nous plaît d’emblée avec ses rues pavées, ses maisons soignées et fleuries, aux toits traditionnels en tuiles et bambou, ses églises et petites chapelles, son cimetière original, ses artisans, sa vue sur le canyon du rio Suarez, son calme et sa tranquillité.

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Nous y rencontrons Martha, ancienne architecte et aquarelliste passionnée, amoureuse de ce joli village.P1180076 De là nous partons faire le  » Camino Real « , ancienne route entièrement pavée construite par les  » Guanes « . Ce large chemin descend sur 9km environ de Barrichara au petit village de Guane. Totalement bucolique, il nous laisse entrevoir, vaches, chèvres, oiseaux colorés et charmeurs dans une végétation un peu chaude de cactus et d’arbres secs.

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Pour plus de confort, nous remontons en bus.

Rejoignant la ville de Bucaramanga, c’est une surprise de  » survoler  » par une superbe route très sinueuse, le vertigineux canyon sec de Chicamocha.

Un gigantesque complexe touristique avec piscines, téléphérique et attractions diverses fait le plein de Colombiens.DSCN0637

Bruno passe, sans s’arrêter, talonné par bus et poids lourds, qui foncent comme toujours, surtout dans les lacets en descente.DSCN0648

Nous évitons Bucaramanga, capitale du Santander, grosse ville moderne que nous abordons de nuit, le pire pour se stationner entre immeubles et autoroutes ! Nous trouvons plus loin un parking gardé d’où nous repartons sous le soleil vers le sud et le triangle du café dont on nous a beaucoup parlé.DSCN0658.jpg

La végétation tropicale est de retour avec des cacaoyers, mais aussi des pâturages pleins de vaches, puis à nouveau la forêt dense et variée. Tout est fonction de l’altitude. En quelques kilomètres, tout peut changer ici.

 

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Nous voici dans la vallée du grand fleuve Magdalena qui se jette dans la mer Caraïbe. Il y a ici des puits de pétrole. Il fait chaud, et nous profitons pour une fois, dans une hacienda où nous sommes seuls pour la nuit, d’une piscine à l’eau trop chaude que nous partageons avec ce serpent venu, comme nous, pour se rafraîchir .

Par une jolie route de crête nous pénétrons plus tard dans la zone caféière, ( où ne poussent pas que des caféiers ), fierté des Colombiens. La région fut colonisée au 19è par les »  Paisas  » au moment de la  » colonizacion antioquena « , culturellement liée à Medellin qui se trouve à 200km au nord.

Nous montons jusqu’à 3700m et la végétation a encore changé, mêlant sapins et forêt tropicale. La descente n’est que virages sur virages : épuisant !!

Nous voici au bord du Parc National  » los Nevados  » où se situent les volcans enneigés à plus de 5000m dont le Nevado del Ruiz (5321m). Rien à voir avec l’Equateur : ici ils sont plutôt aplatis..et cachés par les nuages, ce jour.

Evitant la ville de Manizalès si pentue qu’elle a un réseau de téléphériques, nous nous rendons juste par curiosité aux thermes de Santa Rosa à environ une heure de route. Généralement, nous évitons les thermes, redoutant foule et  » petites bêtes indésirables « .DSCN0846.jpg

Les thermes où nous nous imaginions seuls perdus dans la forêt au bout d’une piste, sont en fait TRES fréquentés, et ravissants.DSCN0877

Petite surprise que cette  » eau de Vichy « . DSCN0855Des piscines d’eau fumante à 40° environ, bien trop chaudes, font le plein de touristes tandis qu’une magnifique cascade forme écran en fond de site. Là, l’eau doit être à 20 ou 22°, parfaite pour Marie-Anne, mais très froide pour bon nombre de Colombiens.DSCN0867

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Nous nous régalons en ce lieu magique, alternant eau brûlante et douches fraîches, quand soudain, apparaissent Martin et Rémi, nos amis vus en Equateur !!DSCN0865

Joie des retrouvailles avec Sabine et la petite Anna, le soir dans un beau camping.

C’est l’occasion aussi de partager une très agréable soirée avec leurs amis baroudeurs : Jean, Emilie et leur fils Charlie. Nos routes se séparent une nouvelle fois.

Dans cette région, nous sommes frappés de croiser des Colombiens à la peau et aux yeux clairs, et aux cheveux châtains. Ce sont des descendants des colons venus d’Antioquia qui fuyaient les guerres civiles du 19è. Nous croisons aussi une multitude de jeep  » Willis « , jeeps de la deuxième guerre mondiale, améliorées.

Toujours surchargées, elles servent de taxi ou de moyen de transport des gros sacs de café et de bananes plantains. Cette jeep est si Colombienne qu’un  » yipao « , c’est à dire jeep chargée, est considéré comme une unité de mesure, soit 20 à 25 sacs d’oranges.

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De là, évitant Peirera, DSCN0909…nous roulons vers la vallée la plus réputée de Colombie ( et pour cause ), la vallée de Cocora. Bien que située dans la zone caféière, le paysage est constitué de cônes rocheux, prairies et forêts.

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Ce qui fait sa notoriété, ce sont les  » palmas de cira « , palmiers à cire qui peuvent atteindre 60m, les plus hauts du monde. C’est l’arbre national de la Colombie.

 

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Cocora, c’est MAGIQUE !DSCN0949

Nous partons faire une boucle de quelques 11km, où nous rencontrons des Belges et des Suisses subjugués comme nous. La signalisation est quasi nulle et on sent que les locaux font tout pour qu’on prenne des guides, ce qui est un peu énervant. Alors, seuls, nous nous fions aux traces de pas et de crottins de chevaux pour nous guider.

En tous les cas, c’est superbe et unique.

La première partie nous amène jusqu’à une  » finca  » fleurie où l’on peut boire un café ou un chocolat agrémentés de fromage. Ici , ils le  mettent carrément  » dans  » la boisson …beurk ! Des colibris verts et bleus viennent butiner les fuschias.

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Colibris ? Justement, le petit sentier en pleine forêt tropicale nous conduit beaucoup plus loin jusqu’à une autre  » finca « …

…dont les propriétaires nourrissent ces oiseaux d’eau sucrée mélangée à du nectar de fleurs et cela donne ceci:

 

 

Ils sont juste là, trop mignons, frôlant nos têtes d’un bruissement d’ailes, allant et venant à toute vitesse. Les plus gourmands se laissent toucher.

Nous comptons ici jusqu’à 5 espèces différentes, sur la centaine recensée en Colombie. Nous sommes tous scotchés, mitraillant avec nos appareils photos. Ces adorables oiseaux sont si rapides qu’on a bien du mal à les immortaliser.P1180204P1180256

Le retour vers le hameau de Cocora nous enchante : cigales, grillons, flore variée, oiseaux, petits ponts en bois suspendus sur le torrent que nous suivons jusqu’aux prairies où paissent de bonnes grosses vaches.

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Quiétude absolue et bonheur d’échanger encore un peu avec d’autres randonneurs comme ces Canadiens adorables.P1180291

Cette vallée restera à jamais dans nos yeux émerveillés.

De là, destination Salento, non loin. Très joli petit bourg dont les maisons sont peintes de multiples couleurs.

 

Déception : « la  » chef de la police refuse sèchement qu’on stationne en ville pour la nuit. Notre pauvre camping-car risquerait de faire tâche ! Donc au lieu d’y rester, de faire nos courses, ou d’aller au restaurant, nous faisons halte dans un joli camping familial à quelques kilomètres.DSCN1164.jpg

Le lendemain, nous traversons Filandia, autre village qui a vu passer des générations de cultivateurs de café.

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Une tour de 19m permet d’avoir une vision à 360° de la région. Un peu trop brumeux,mais on peut constater que nombre d’exploitations ont disparu.

Bruno voulant filer vers Medellin, nous ne nous éternisons pas par ici où nous ne voyons que peu de caféiers, tout compte fait. De plus, ce n’est ni l’époque des fleurs, ni celle de la récolte.

On galère quelque peu, subissant plusieurs  « bloqueos  » pour cause de travaux sur la route. L’un d’eux dure plus de 2 heures, juste pour la traversée d’un pont. Si bien que nous mettons bien plus de temps que prévu sur notre itinéraire. Les trajets se comptent toujours en temps passé et non en kilomètres. La gestion de ces travaux est catastrophique et c’est assez énervant.

Le nuit tombe TRES  vite à partir de 18h, aussi une station service fera notre affaire pour la halte, tandis que nous quittons le triangle du café.DSCN1265

Toujours vers le nord, nous descendons la vallée du fleuve Cauca, le deuxième de Colombie après la Magdalena. Fort courant et eau marron.

Seul ennui, comme partout ici, on ne peut pas s’arrêter le long de la route. Pas même un petit  » mirador « . Du coup Bruno enchaîne les heures de conduite souvent périlleuses en raison des imprudences des bus et gros camions qui se croient tout permis…

Certains tronçons sont en travaux, donc on passe au compte goutte, d’autres en très mauvais état et Bruno doit souvent piler pour éviter de tout casser. Un bruit suspect à l’avant droit évoque l’usure de l’amortisseur. Depuis quelque temps ça cogne et il faut redoubler de vigilance.

Nous remontons ainsi jusqu’à Santa Fe d’Antioquia au nord ouest de Medellin où nous irons ensuite. Arrivant de nuit comme souvent, nous tombons à nouveau par pur hasard sur Sabine et Martino garés dans la  » posada  » où nous nous engageons. Inutile de préciser notre joie et la longue soirée partagée devant nos camping-cars autour d’un bon apéro. Et le lendemain matin…DSCN1345

Santa Fe (500m) mérite le voyage car c’est une petite ville coloniale fondée en 1541, en parfait état de conservation. Elle était l’ancienne capitale de la région d’Antioquia jusqu’au 19è. La chaleur y est écrasante en pleine journée, mais on y admire l’unité et la simplicité des habitations dotées d’encadrements de portes en briques et pierres du plus bel effet.

 

Les gens de Medellin y viennent pour profiter des nombreux restaurants comme celui de ce Belge ancien antiquaire, qui en a fait une sorte de musée.

Les gens goûtent cette quiétude et utilisent des quantités de piscines disséminées tout autour.

Nous constatons aussi l’amabilité des habitants, ce qui n’était pas forcément le cas ailleurs.

Une des curiosités locales, est le vieux pont  » de Occidente « , long de 291m au dessus du rio Cauca. Il est suspendu et son tablier est en bois, seules les voitures peuvent l’emprunter au compte goutte sous la vigilance de gardiens. Il date de 1895 et fut un des premiers ponts suspendus américain créés par José Maria Villa qui a participé à la création du pont de Brooklyn.

Bruno veut retourner dans un garage pour y faire changer les amortisseurs. Nous prenons donc la direction de Medellin à 80km, deuxième métropole de Colombie située à 1500m d’altitude dans une vallée étroite cernée de sommets verts et où la température est beaucoup plus clémente.

 

 

 

 

COLOMBIE : de la frontière sud à Bogota du 1er au 15 janvier 2018

Premières impressions : nous circulons à travers des montagnes très vertes aux gorges profondes et étroites.

VIRAGES…la route descend sur des kilomètres puis remonte sur des kilomètres, puis redescend sur des kilomètres, etc… Les freins sont mis à l’épreuve car le trafic est dense et il y a toujours un gros camion qui ralentit dangereusement la file des voitures. Les Colombiens doublent de préférence dans les virages, bien sûr, nécessitant une attention de tous les instants. Il faut s’accrocher, et Bruno met ses gants en cuir pour protéger la paume de ses mains.DSCN9191

Les routes sont propres, les maisons même isolées ou traditionnelles, fleuries.De très nombreuses cultures quelle que soit la pente sont parsemées de tuteurs, et pas seulement pour les petits pois.

Notre première visite sera pour le fameux sanctuaire néogothique de  » Las Lajas « , lieu de pèlerinage, où serait apparue la Vierge dans la paroi rocheuse de la gorge au 18è siècle. La basilique adossée à la falaise et surplombant le rio attire de nombreux pèlerins. L’église est pleine pour la messe lorsque nous y descendons.

Les ex-votos tapissent la roche.

Bien sûr les petits commerçants y vont de leurs spécialités touristiques,

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ou culinaires,

 » cuyes  » en tête,

ou  » hélado de paila « , une crème glacée préparée dans la rue dans une bassine en cuivre que l’on fait tourner sur un lit de glace.DSCN9161 helado de paila.jpg

De là, nous rejoignons la  » laguna de la Cocha  » près de Pasto, où nous faisons une halte de deux jours au chalet  » Guamuez  » qui accepte les camping-cars. C’est un hôtel de type suisse construit au bord du lac et entouré d’un magnifique jardin fleuri et d’un parc sportif.

Le jardinier est très fier de nous montrer ses bananiers de décoration, son grand potager aux choux énormes DSCN9235et ses  » cuyes « …si, si…du plus petit …DSCN9224

…au plus grand !DSCN9230

La température est un peu fraîche, et à défaut de se baigner dans l’eau claire du lac, nous faisons un tour en barque à moteur autour de sa petite île sacrée, pour les Indiens, de  » la Corota « .

Elle est couverte d’une forêt tropicale de persistants où pendent de longs lichens.

La plénitude des lieux est communicative. Le soir, nous nous installons au restaurant devant un bon feu de cheminée.P1160425

Le lendemain, sans qu’on sache pourquoi, notre escalier refuse de remonter.DSCN9265.jpg

La route que Bruno qualifie de  » sportive  » n’est guère différente jusqu’à Popayan.    Marie-Anne se cramponne.

C’est carnaval, ce week-end. La ville blanche coloniale est le lieu de gentilles bagarres à coups de grandes bombes de mousse blanche, d’eau, voire d’oeufs.

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Le centre ville est interdit à la circulation, et tous les sites touristiques sont fermés, même les églises.DSCN9370

Ce sera une bonne pluie d’orage qui mettra fin aux festivités et nous chassera en direction de l’est vers San Agustin. Partant confiants vers le Parc Naturel de Puracé, nous nous retrouvons assez vite sur une piste que nous imaginions bêtement asphaltée. On a à peine le temps d’admirer l’immensité du paysage où poussent les  » Frailejones « , que la nuit tombe.DSCN9416

Pourtant ces plantes endémiques exceptionnelles du Paramo colombien (3000m d’altitude), méritent l’admiration : elles captent la vapeur d’eau des nuages avant de la restituer sous forme de gouttelettes qui formeront des ruisseaux. Ceux-ci se transforment en rios comme la fameuse  » Magdalena  » qui arrose la Colombie.

Des broméliacées rouges croissent un peu partout dans les arbustes entremêlés.DSCN9420 Cette zone est très particulière, et des panneaux signalent la présence d’ours et de gros tapirs.

Il nous reste 4 à 6 heures de piste infernale à faire de nuit ( ! ), sans aucune possibilité de se garer où que ce soit en roulant sur des cailloux coupants, et des trous du genre à tout casser.

Notre pauvre Iveco bringuebale de tous côtés, au supplice. Le plus curieux, c’est que ce trajet réputé dangereux (on l’a su après), est très emprunté de nuit aussi. Nous nous faisons doubler par des bus fous, des camions, et même…des twingos !

De fait, en retrouvant l’asphalte et un terrain herbeux pour nous garer pour la nuit, nous constatons que le marche-pied s’est ouvert à notre insu. Bruno a eu beaucoup de chance de ne pas faucher un des nombreux motards croisés dans ce village en fête de San José de Isnos.DSCN9598.jpg

Le lendemain, nous montons jusqu’à San Agustin parmi des plantations de café.

C’est un village colonial aux maisons blanches et vertes, situé sur un plateau de prairies et bosquets où poussent des bananes plantains.

Les bus de cette région sont rigolos.

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Mais son attrait principal est son parc archéologique. Nous trouvons un camping sympathique avec un beau jardin de caféiers en fleurs, mais les tomates-arbres sont encore vertes.

Tout est tranquille, sauf quand les familles colombiennes mettent la musique à fond jour et nuit.

 

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Nous visitons le village, sa place bondée,son église, ses animations et décorations de Noël.

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Puis la musique typique d’une corrida nous ayant interpelés, nous passons un petit moment autour de l’arène. Ambiance garantie sur fond de ventes de bières et aguardiente aux spectateurs, dont les plus imbibés iront affronter quelques vachettes affolées.

Le jour suivant, nous visitons le parc précolombien, le plus fameux de Colombie.

On y découvre environ 130 statues d’humains et d’animaux ( comme le crocodile ), datant de l’année 1 à 900 après JC. Elles sont taillées artistiquement dans de la roche volcanique. Leur style moderne est surprenant et remarquable.

Elles gardaient l’entrée de tombes couvertes de grosses dalles de pierres un peu comme nos dolmens, ou les corps reposaient dans des sarcophages.

Beaucoup ont été pillées, mais la région est truffée de ces sépultures qui pour beaucoup sont encore sous terre, jalousement gardées par les descendants des Indiens des rios Magdalena et du Cauca.

« La fuente de Lavapatas  » est l’endroit préféré des visiteurs Colombiens, nous dit-on. Chaque pierre est gravée ou en forme de bassin.

Ces peuples qui vivaient ici il y a 3000 ans auraient disparu bien avant l’arrivée des Espagnols, eux-mêmes déçus de n’y trouver que très peu d’or.DSCN9519.jpg

Nous partons une journée en 4X4 vers  » el alto de los idolos  » et  » el tablon  » à la découverte d’autres statues, dont une de 7m de haut, ainsi que des crocodiles prouvant que les Indiens échangeaient avec des peuples de l’Amazone.

On y découvre aussi deux statues peintes exceptionnelles à  » la Pelota « .DSCN9692

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En chemin ,nous faisons halte dans un atelier familial de canne à sucre. Les tiges broyées servent de combustible, tandis que le jus de canne fortement chauffé devient une pâte marron qui, déposée dans des moules en bois 20 minutes, donne de gros pains de sucre.

Ayant bien profité de ce secteur, nous roulons jusqu’à Tierradentro. Malgré quelques beaux points de vue,

ce n’est pas un trajet de tout repos pour notre pauvre Iveco qui doit en fin de parcours affronter encore de la piste et bien des obstacles.DSCN9746.jpg

A 1750m d’altitude, Tierradentro, nommée ainsi par les Espagnols en raison des vallées profondes qu’il fallait emprunter pour y parvenir, constitue, le 2è trésor de l’archéologie colombienne. Nous sommes surpris d’y trouver de nombreux touristes venus dans les bus fous locaux, alors qu’on se croyait perdus au fin fond de la Colombie.

Contrairement à San Agustin, ce ne sont pas des statues, mais une centaine de tombes souterraines qui caractérisent cet endroit, établies sur des cimes de collines aplaties. Invisibles beaucoup sont inviolées. Les tombes sont datées de 600 à 900 après JC, mais on ne sait pratiquement rien des peuples qui les ont creusées.

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Profondes de 2 à 9m, et d’un diamètre de 2 à 7m,  on y accède par de grosses et hautes marches taillées dans le tuf, et l’on se retrouve à l’entrée d’une pièce ovale de 2m de haut, soutenue par des piliers pour les plus grandes. Les plus belles ont des peintures géométriques noires et rouges sur fond blanc, plafond compris, tandis que les chapiteaux sont ornés de têtes stylisées.

 

Chaque  » hypogée  » ou chambre funéraire, présente 7 niches, où étaient déposées les céramiques contenant les os des défunts.

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En effet, les morts étaient d’abord enterrés dans des tombes peu profondes souvent noyées dans l’eau. Au bout de 5 ou 6 ans, leur famille ouvraient la tombe, récupéraient les os et les plaçaient dans des urnes funéraires souvent décorées. Celles-ci étaient rangées lors d’une cérémonie dans la chambre funéraire définitive. DSCN9843.jpg

Les plus belles et les plus colorées contenaient les os des personnages les plus importants: quelle chance pour eux !DSCN9858

On sent qu’ici tout se fait à l’avenant, les gens des villages sont plutôt  » relax « , même en ce qui concerne les petits musées qu’ils ouvrent quand ils veulent.DSCN9907

On rencontre une petite dame, bien sympathique qui tient un café en bambou où nous faisons une halte bière. (petite précision: Marie-Anne est assise…).P1170099

Nous retrouvons la chaleur en retournant vers le nord. Un seul gros ennui : ces HORRIBLES mouches minuscules et invisibles, qui font un petit trou dans la peau ; les cloques ne tardent pas, et les démangeaisons sont féroces. C’est exaspérant !

Une deuxième rencontre nous amuse bien. Nous nous arrêtons pour la nuit dans une hospedaje  » las hamacas « , au sud de Neiva. Un charmant couple de septuagénaires vivant avec 7 chats, 4 chiens et…4 perroquets rigolards, nous accueillent.

La chaleur est au rendez-vous quand nous nous arrêtons dans le désert de Tatacoa, zone de cactus et de collines sèches, ravinées, rouges…

…ou blanches,

juste après avoir traversé quelques rizières.DSCN9967.jpg

Mais ce fameux désert est en fait très fréquenté : quads, vélos, voitures, chevaux, vaches, chasseurs, et  » boum boum  » émis par l’hôtel le plus luxueux et soit-disant nature !

Nous remontons en 4 heures par une belle et longue  piste difficile, caillouteuse et parfois pentue, en direction du nord, alors que la nationale ne nous aurait pris qu’une heure ! Un peu d’appréhension aussi quand il s’est agit de traverser deux vieux tunnels ferroviaires en courbe, en voie unique, remplis d’eau et non éclairés.

Allons-nous rester coincés au beau milieu alors qu’on entend notre tôle de protection racler le fond par endroits et que le camping-car tangue dans tous les sens ? Nous passons de justesse !!

Au-delà de cette zone dite sèche, mais néanmoins arrosée,

nous rejoignons la civilisation, les collines de bambous, palmiers, eucalyptus, arbres tropicaux, et forêt. Il faut toujours imaginer qu’on passe principalement notre temps à monter et à descendre sans cesse dans une alternance de paysages verts, cultivés ou non. C’est assez fatiguant, mais Bogota n’est pas loin avec au sud son urbanisme anarchique en briques pleines, ses grands centres commerciaux, et ses embouteillages à faire fuir même le meilleur conducteur.

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