d283028779754d3d1cf60528a4f5c43e
Non classé
b75fb03f014a9e9a4a3400059204a80d
d283028779754d3d1cf60528a4f5c43e
PEROU : la Cordillère Blanche du 11 au 20 octobre 2017
Les sommets de la Cordillère Blanche, entre 5200 et 6768 m pour le Huascaran, le plus élevé,
constituent la plus haute chaîne de montagnes tropicales au monde et la seconde chaîne la plus haute après l’Himalaya. A partie de la vallée de Huaraz, nous explorons pendant une bonne semaine les routes touristiques qui traversent la » Cordillera Blanca » et allons voir à l’ouest les » Puyas Raimondi « .
Cette plante unique au monde de la famille des ananas vit une centaine d’années et meurt après son unique floraison, mais sa hampe florale peut atteindre 12m.
Ainsi partons nous de Carhuaz d’où l’on aperçoit bien les montagnes, jusqu’à San Luis.
Excellente route, exceptée la difficile traversée du village de RARAMAYOC source de sueurs froides où il ne faut pas faire d’erreur de conduite.
Il faut de la constance pour poursuivre le trajet, mais l’arrivée à Punta Olimpica (4890m) est tout à fait sublime. (mais les chips n’aiment pas l’altitude!)
Nous sommes entourés de glaciers qui descendent des fameux massifs :
Huascaran,
Chopicalqui,
Contrahierbas,
Ulta et Tsukllaraju.
Au-delà du tunnel de 1k 300, de petits lacs colorés agrémentent la descente,
malgré les pierres qui parsèment la route.
Nous admirons les autres versants des sommets Ulta et Contrahierbas tout aussi blancs.
Nous y prendrons un petit déjeuner, seuls, au retour sur fond de sommets encore plus dégagés. Et il ne fait pas froid:
Par contre, malgré un beau paysage, la route devenue piste nous secoue sérieusement avant d’arriver à San Luis en raison de nombreux éboulements récents.
Sur le conseil de Miguel, rencontré à Huaraz, nous allons jusqu’au sanctuaire de Pomallucay situé 12 km plus loin, et en faisant une pointe à 17km/h pour une moyenne de 5km/h tant la piste est défoncée.
Ici viennent de nombreux pèlerins.
Nous arrivons au moment d’une grande fête organisée par l’association Jean Bosco présente dans ce village.
Depuis Caraz, nous montons côté ouest sur la » Cordillère Noire « , à la découverte des fameuses Puya Raimondi.
La petite route de la largeur du camping-car monte à 4300m par une série d’épingles à cheveux excessivement à pic et non protégées. Non entretenue et fréquentée malgré son étroitesse, cette route se transforme rapidement en trous profonds et caillasses que Bruno essaye d’éviter en vain.
A mi-hauteur, nous traversons une drôle de mine de charbon, veine noire exploitée à même la pente au péril de la vie des mineurs.
Mais les points de vue sont une fois de plus extraordinaires sur la vallée et les montagnes.
Il nous faut 2h30 pour atteindre enfin, très lentement, l’ancien bois de ces plantes uniques au monde (appelé Winchus).
Déception ! Toutes sont noires et nous supposons qu’il s’agit de la mort de ces fleurs après floraison, même si on jurerait que certaines ont été sciemment brûlées par les bergers.
Par chance on finit par en apercevoir une qui commence sa floraison, tandis que des « jeunes » prendront un jour la relève.
Néanmoins, cela valait la peine de découvrir ces » monstres » floraux, même si nous pensons avoir fait là une » route de la mort » bien plus périlleuse que celle de Bolivie si connue. Avec un sol montagneux aussi instable, uniquement composé de terre et de galets, dans une région aussi exposée aux tremblements de terre, tout peut dévaler en un rien de temps comme cela se produit assez régulièrement ici.
« Tu es fou mon vieux Milou de prendre des routes pareilles « . Bruno est un as du volant quand on voit l’étroitesse de la » route » et l’improbabilité de passer certains tronçons défoncés: on touche, on tangue, on racle…mais on passe.
A Caraz, nous stoppons au camping à la ferme » Guadalupe » très champêtre et agréable.
Nous partons à trois camping-cars vers le lac Paron situé en haut d’une grande faille montagneuse.
Patricia, José et leurs deux enfants, rencontrés à Cusco et Nazca, Frédéric et Adeline, venus de Martinique avec leurs deux filles, nous précèdent. Nous » escaladons » la piste : horriblement caillouteuse, on passe certaines zones caillou par caillou, et nous devons foncer dans les multiples virages en épingle à cheveux bien serrés. Il faut se cramponner, et nos engins souffrent de poussière, cahots et torsions. Bien que dubitatifs, nous l’avons faite cette sacrée piste ! …
…mais quelle récompense arrivés en haut à 4140m.
Le grand et joli lac Paron (3km), turquoise, est encadré par le Huandoy (6395m),
le Caraz (6025m),
Au fond l’Artesonraju (6025m),
la Pyramide (5885m),
le Chacraraju (6112m),
et le Pisco (5752m), non on n’a pas bu !….rien que ça : c’est royal !!.
Philippe, un autre voyageur Suisse qui était au camping nous rejoint. Après une balade le long du lac, nous passons une excellente nuit sur le parking, et même pas froid.
Pour nous deux aucun problème d’altitude une fois de plus, même en grimpant jusqu’au mirador situé plus haut au bout de gros éboulis instables.
Seul problème, des petites mouches dont les piqûres font de gros boutons qui ne demandent qu’à s’infecter. Mais on résiste.
Nous redescendons tous au camping, pierre après pierre , pour un repos bien mérité…du pauvre camping-car torturé ! Heureusement , un apéro à la bière Cusquena termine en beauté la soirée.
Le lendemain Frédéric et Jaime, le propriétaire nous préparent un délicieux barbecue de porc et d’agneau.
Nous gardons un merveilleux souvenir de ce Pérou profond et nature que nous venons de sillonner de part et d’autre de la majestueuse » Cordillera Blanca « , ainsi que de la découverte de la culture Chavin. Les Péruviens sont gentils et accueillants, même si quelques paysans ou bergers restent totalement éberlués de nous voir passer. La plupart répondent à nos sourires de » gringos « .
Dans un village, halte d’une nuit, une petite fille vient nous demander avec curiosité » c’est une ambulance ? » en parlant du camping-car. La visite de notre » casa rodante » lui décroche un sourire jusqu’aux oreilles et nous vaut une salve de questions.
De cette chaîne exceptionnelle de montagnes entre 6000 et 7000m, nous resterons totalement impressionnés, regrettant de ne pouvoir y faire des treks faute de temps et puis nous jouons la prudence car l’altitude au-delà de 4500m peut être éprouvante pour l’organisme.
Il est flagrant que les glaciers fondent à la vitesse grand V et que d’ici 20 ans, beaucoup auront disparu. Cela nous désole.
Cette » Cordillère Blanche » fait face à la » Cordillère Noire » et elles se rejoignent à quelques mètres l’une de l’autre au canyon » del Pato « . C’est l’impressionnante route que nous empruntons pour rejoindre la mer à Trujillo.
La descente est constituée d’une longue série de tunnels à une voie, souvent en courbes.
Il vaut mieux ne pas y croiser trop de véhicules car nous n’aimons pas beaucoup les virages en marche arrière au raz du vide (beaucoup de Péruviens avancent car ils ne savent pas faire de marche arrière !).
L’eau marron du Rio Santa bouillonne entre deux falaises extrêmement rapprochées ou entre des à pics colorés d’orange et de noir.
Les veines de charbon sont exploitées artisanalement.
On se sent vraiment perdus au bout du monde minéral où il ne fait pas bon s’arrêter, les cailloux et rochers pouvant tomber à tout moment.
Cependant les paysans qui vivent là pauvrement arrivent à cultiver des manguiers, avocatiers prolifiques et des bananiers, malgré (ou grâce ?) un fort vent chaud qui s’engouffrent dans toute la vallée jusqu’à Carhuaz.
Quelques petits barrages fournissent un peu de l’électricité.
Toute cette région jusqu’à la mer a subi de gros dégâts dus à des tremblements de terre et, cette année, en mars, d’énormes inondations ont ravagé les villages qui ont encore du mal à s’en remettre.
Pourtant la vie reprend ses droits : les plantations de coton, maïs, légumes, de riz et de fruits (fraises et fruits de la passion notamment), se succèdent, mais les Péruviens nous semblent avoir la main beaucoup trop lourde sur les engrais et les pesticides.
Le retour sur la côte nous replonge dans le désert aride, bien que cultivé par endroits (asperges, canne à sucre ).
Y poussent aussi de nombreux et méchants dos d’âne qui détruisent les suspensions des véhicules !
Mais ce sont les sites archéologiques » Moches » (lire motché) et » Chimus » qui nous attirent…
PEROU : Nazca et Paracas du 23 septembre au 5 octobre.
Guillaume et Aurélie dans l’avion, nous allons directement chez » Parabrisas UNIVERSO » à Cusco pour leur demander s’ils peuvent changer notre pare-brise piqueté et fendu depuis la Bolivie. Après un » NON » de la secrétaire, un employé arrive et nous dit » OUI je peux le faire, et vous avez de la chance, j’en ai un exactement de la même dimension, d’origine sud-coréenne « . Et après 2 heures de dépose et pose, et 3 heures de séchage, notre Iveco est comme neuf ! Et dire qu’on avait prévu de retourner à Juliaca, cette ville horrible, où nous avions repéré un spécialiste….ouf !
Pour nous, il est temps de partir vers Nazca. Bien sûr plusieurs » bloqueos » de quelques heures nous retardent.
Plus on s’en approche, plus les montagnes se dénudent jusqu’à devenir, après plusieurs cols entre 4000 et 5000m, terre et cailloux.
On y voit même la dune la plus haute du monde (plus de 2000m), le « cerro Blanco « .
Nazca est une oasis au milieu d’un désert montagneux qui tire son eau des nappes phréatiques qui se remplissent lorsqu’il pleut en Janvier.
On y cultive notamment des cactus en champs.
Nous faisons halte à l’hôtel camping » Fundo San Raphaël » doté de deux piscines hélas un peu troubles où nous retrouvons Patricia, Baptiste et Laura…
…qui étaient avec nous au camping de Cusco. Ici, seul le survol des lignes en avion vaut vraiment la peine, même s’il y a quelques monuments pré-colombien et un cimetière de la même époque assez » morbide » ! Nous le visitons un peu mal à l’aise.
A l’aérodrome, nous choisissons de louer chez Aéro Santos un petit Cessna C172 ( 2 pilotes et nous 2), en cette fin d’après-midi .
L’avion bouge pas mal, mais le désert est si extraordinaire que nous sommes scotchés aux fenêtres.
Les lignes ?…
…multiples en tous sens, se superposant et se croisant.
Figures géométriques, végétales, animales ou humanoïdes, les dessins les plus connus sont parfaitement visibles, bien entretenus par les locaux (qui en vivent), et seul un avion offre une vision précise de ce patchwork.
Une Allemande, Maria Reich qui a consacré une partie de sa vie à essayer d’en élucider la signification, suggère différentes hypothèses.
D’abord ces motifs dateraient du premier millénaire avant JC jusqu’à l’an 900. Elle envisage des calendriers astronomiques, les figures animales pouvant évoquer les constellations, mais aussi des cartes du réseau hydraulique souterrain. Pour elle il y aurait certainement un lien entre le peu d’eau de cette région désertique, et la volonté des pré-colombiens de s’attirer les bonnes faveurs des dieux pour que la pluie tombe un peu chaque année. Le » cerro Blanco » situé à proximité devait déjà les inquiéter.
L’origine extra-terrestre chère à Robert Charroux et bien d’autres, lui semble quelque peu…fantaisiste. D’ailleurs nous avons bien regardé et pas trace de la moindre soucoupe volante!
Les vues que nous offre l’avion sont spectaculaires et nous réjouissent.
Il est impossible de distinguer ces représentations depuis le sol à l’exception de » l’arbre » et « la main » dominés par un petit mirador construit au bord de la Panaméricaine qui coupe carrément l’un de ces dessins.
Contrairement à nos idées reçues nous constatons que le sol de cailloux n’est pas plan du tout et même très raviné sur une faible hauteur.
Quelques dessins sont réalisés sur des petites montagnes, comme le » cosmonaute » ou » la famille » un peu plus loin à Palpa. A vrai dire, ceux-ci font assez moderne, et c’est plutôt étonnant.
Quittant Nazca, nous retrouvons la Panaméricaine que nous avions laissée au Chili. C’est la route des camions ! La ville d’Ica est une grosse oasis active essentiellement consacrée à la culture de la vigne. Elle produit en effet l’essentiel des vins du Pérou et surtout, après distillation, le célèbre Pisco national.
A Huacachina, l’oasis attenante, de hautes dunes entourent un étang vert sale mais bordé de palmiers et… de plusieurs hôtels proposant tous des tours en buggy de 8 à 10 places, ce qui nous fait fuir.
Les dunes, il y en a partout, certaines mixées avec les montagnes.
L’air ambiant est brumeux. Les villages font pauvres, pas une herbe, du sable et des cailloux. Tant de gens ont juste quelques abris de bambous, alors que le vent et les nuits sont parfois très froids !
C’est difficile, venant de Cusco la verte, de se faire à ce vrai désert qui fait penser au Sahara. Nous pénétrons dans le Parc National de Paracas, situé sur une assez grande péninsule bordée de montagnes totalement désertiques, côté Pacifique. On dirait des dunes de sable, mais le sol est plutôt dur.
Au sud, seule une piste serpente vers des miradors et un petit port de pêche.
Côté nord, une courte route mène, hélas, à un terminal pour cargos.
Nous passons 3 jours dans ce parc, garés, seuls, à côté des gardes, pour la nuit, la mer bleu foncé juste devant nous. La plage en contre-bas se nomme » la plage rouge « .
Cormorans de Bougainville, gros pélicans à tête jaune et bec rouge, pétrels, » mouettes » noires aux bec et pattes rouges, sternes, sternes incas, sternes à bec ciseaux, goélands, urubus à tête rouge, et bien d’autres oiseaux nous survolent toute la journée.
Ici vivent de gros lézard, des renards, des lions de mer, et de gros dauphins que nous voyons chasser.
Le vent, parfois fort, nous dissuade d’aller nous baigner alors que la plage de » la mina « , ou sa voisine, nous auraient bien tentés pour la clarté de leurs eaux.
Les pêcheurs du port ramenant beaucoup de poissons, font le bonheur des gros pélicans voraces et…un peu envahissants !
Ici,le courant de Humbolt sort à 4° ce qui explique ces eaux poissonneuses et frisquettes.
Quant aux touristes Péruviens ou de tous pays, ils n’ont de cesse que de venir sillonner collines et falaises en buggy quand d’autres se contentent de la pêche au fil, à la ligne ou en plongée…et boudent le pauvre marchand de glaces.
Oui, mais le soir, nous dégustons nos bières cusquenia au bruit du ressac, rien que pour nous.
Tranquillité toute relative car nous sommes justement dans un des endroits les plus sismiques du continent….
Ne pouvant rester plus de 3 nuits, durée de notre passe, nous rejoignons le petit village de Paracas tout proche, où hôtels et campings se disputent la plage à deux pas de l’espace préservé de nidification des flamands roses.
Et…nous nous installons quelques jours en bout de plage devant un spot de windsurf qui dispose d’un bon wifi pour écrire…ce blog !
Le soir tout comme le matin, le vent se calme, le temps s’arrête : la plage déserte est envahie de flamands roses, de mouettes, goélands, becs ciseaux et gravelots.
Tout va bien : nous jouons les économes avec l’eau de nos réservoirs et nos provisions, batteries chargées à fond par le soleil. Il ne nous manque plus qu’un bon restau, de l’eau chaude (ça ne fonctionne plus avec le gaz local …mais on se lave!), et un réparateur de pneu: on est à plat…
BOLIVIE : de Sucre à Santa Cruz du 4 au 14 juin 2017
Quittant Sucre,
nous prenons la route 6 vers le sud-est pour rejoindre Santa Cruz, la route du nord plus directe, étant en travaux. La première journée est très agréable. Nous sillonnons les hauts plateaux qui nous offrent de lointains et beaux points de vue, et traversons des villages tranquilles.
Mais c’était sans compter sur la piste qui nous surprend à partir de Padilla. Rien ne l’indiquait et on a fait là un très mauvais choix d’itinéraire, quoi que nous sommes en Bolivie ! Ils sont là aussi en train de faire la route, payante bien sûr !
L’état de ce chemin serpentant dans la forêt vierge ou descendant dans d’étroites vallées où sont cultivés agrumes et canne à sucre, est très aléatoire, tantôt correct, tantôt très difficile.
C’est ainsi que nous passons 2 jours à zigzaguer dans des ornières de boue, traversant des villages encore plus isolés en raison de ces travaux qui rendent la piste impraticable et très dangereuse.
Nous faisons une halte, nuit oblige, à Puyupampa où nous rencontrons Francesca, une commerçante avec qui nous sympathisons aussitôt.
Nous compatissons vraiment pour tous ces gens tributaires de la fin de ces travaux titanesques.
Le climat humide de la forêt vierge n’arrange rien. Si le centre des gros villages est asphalté, gués et pistes cahotiques recommencent dès les dernières maisons.
Le tracé de la piste, sinueux, étroit et montagneux devient, sous une pluie fine, de pire en pire.
Les ornières de boue faites par les camions atteignent les 40 cm. Bruno qui a beaucoup voyagé n’a jamais vu cela nulle part et sue à grosses gouttes, pensant que nous resterions bloqués dans ces pentes très raides. Nous vivons ici un stress intense.
Et au point le plus haut, après avoir évité de justesse un 4×4 incontrôlable, dérapant entre paroi rocheuse et ravin au milieu de la forêt vierge, nous sommes bloqués : un gros camion de carburant est embourbé dans un virage étroit, un 4X4 encastré sous la citerne, et la piste est totalement coupée.
C’est un gros bus, arrivé derrière nous en zigzaguant dans cette très forte pente qui parvient à débloquer le camion, contre toute attente, en le tirant avec un câble. On n’y croyait pas !!
La piste est enfin dégagée, mais EPOUVANTABLE, et contrairement à ce que nous pensions, notre camping-car passe, en dérapant comme les 4X4, et nous attaquons enfin la descente ultra glissante et périlleuse. Pas même un singe pour nous distraire !
Nos regards sont rivés sur les ornières , redoutant trous et effondrement de la piste vers le ravin.
Cette descente qui par beau temps doit être très belle, se révèle très délicate au fur et à mesure qu’on se rapproche du futur tunnel. Cette réalisation sera un grand avantage pour tous ces Boliviens encore si isolés…mais dans combien de mois ouvrira-t-il ?
La piste ici n’est que boue et succession de gués.
On se demande encore comment l’Iveco a pu vaincre des ornières si profondes et sur de telles longueurs, aussi bien dans les pentes fortes que dans les virages serrés, la tôle de protection du moteur raclant systématiquement cette boue heureusement molle.
Enfin au bout de 3 jours, contre 8 heures normalement, on peut parler de » fin du tunnel » pour nous, lorsque nous retrouvons, sains et saufs, une large route en terre compactée, des champs cultivés, puis la » civilisation » à Ipati où commence l’asphalte… ça fait du bien!
Nous arrivons le soir à Santa Cruz, capitale économique du pays, sise dans une très grande plaine agricole , où nous nous posons, bien gardés, en bas d’un immeuble.
SANTA CRUZ ( 7 au 14 juin)
On apprend rapidement qu’il faudra renoncer à faire changer notre parebrise fendu et piqueté. Ils n’ont pas les pièces Iveco en Bolivie.
Santa Cruz est une ville étendue desservie par des nuées de petits cars et mini-bus.
Ici, nous découvrons beaucoup de motos un peu comme en Asie, transportant toute la famille, bébés compris. Parfum d’Asie aussi avec les palmiers à troncs lisses qui parsèment la ville.
Nous nous rendons à la place centrale qui, comme ailleurs, tient lieu de point de rendez-vous. Les maisons ont, dans cette région, des toitures en tuiles qui sont soutenues par des colonnes de pierres ou de bois. Ceci leur donne un certain charme.
Mais à vrai dire, rien n’est vraiment harmonieux suite à l’absence d ‘entretien généralisée. La place du 24 Septembre ne conserve que peu de bâtiments coloniaux.
La cathédrale en briques est surprenante (19è).
A part la volée de pigeons qui ravit petits et grands, il n’y a ici pas grand chose d’intéressant….
à moins que l’art moderne….
ou bien ces énormes gâteaux qui font fureur…
Nous décidons de partir sans plus attendre vers les missions en Amazonie.
Nous traversons quelques villages authentiques.
Mais le soir de mon anniversaire, la seule bougie qui s’allume est le voyant rouge du système d’injection, peu de temps après un plein de gasoil suspect dans un petit bourg, avant Puerto Pailas.
Il faut dire qu’en Bolivie, le gasoil est très communément coupé avec de l’eau ou n’importe quel liquide afin de » rallonger la sauce » nous a-t-on dit. C’est un vrai désastre, et pas question d’avoir recours aux mécanos que nous apercevons.
Après avoir fait enlever au karcher la boue compacte collée partout sur et sous l’Iveco,
nous décidons de revenir à Santa Cruz, lentement voyant allumé et moteur en mode dégradé (pour le préserver).
Nous passons trois nuits et trois jours au sein d’un garage dit » excellent » sur Ioverlander (site d’informations dédié aux voyageurs).
Une petite « banda » dans l’école attenante nous apporte un peu le sourire.
Les mécanos démontent et remontent par 2 fois le réservoir de gasoil, la pompe de transfert et les filtres pour les nettoyer, changeant aussi une durite en pensant y avoir découvert une prise d’air.
Bruno dubitatif, imagine plutôt un problème électrique, mais les garagistes ne sont pas d’accord. Enfin, au bout de ces 3 journées, tout semble refonctionner normalement. Nous repartons confiants et soulagés (de pas mal d’euros ..!), trop heureux de quitter la pollution sonore et olfactive. A nous la campagne verdoyante et les scènes habituelles.
Hélas, au bout de 150km vers San Julian, le voyant…re-clignote et, dépités, nous revenons à la vitesse d’un escargot à Santa Cruz, plutôt anxieux. Nous nous rendons cette fois -ci dans un garage Bosch spécialisé en injecteurs et turbos dont on a vu la publicité sur la route.
Nous y restons 2 jours, dormant dans la rue. L’ ingénieur nous semble sérieux (et le patron très » gourmand « ). Ils démontent, nettoient et règlent chaque injecteur, et , rassurants, nous laissent repartir.
Nous abandonnons à regret l’idée d’aller aux missions et filons vers Cochabamba par la route amazonienne. Nous traversons le quartier périphérique ouest, aéré, moderne, et presque propre comme s’il s’agissait d’une autre ville, ce qui nous surprend complètement.
Malgré cette ultime découverte, nous ne garderons pas un souvenir positif de cette grande ville, plutôt sale, gros centre commercial et agricole, à la circulation dense et anarchique.
Et comme partout, une multiplicité de commerces en tous genres.
Cependant les 2 nuits -hors garages- passées au ravissant camping » Landhaus » en sortie de ville, nous ont fait du bien.
Le propriétaire d’origine allemande est très sympathique et serviable et son » lomo de beef » (filet de boeuf) grillé est excellent !
Son frère, Rudy, ingénieur forestier nous propose gentiment de nous faire découvrir, explications à l’appui, son jardin tropical attenant. Petite jungle citadine où une multitude de plantes et de variétés d’agrumes poussent à profusion.
Nous repartons, du reste, les bras charges de citrons, pomelos et mandarines inconnus chez nous. » Merci Rudy ! « .
DE SANTA CRUZ à COCHABAMBA (15 au 19 juin)
Les environs de Santa Cruz sont consacrés à l’agriculture, avec des communautés Ménnonites, secte anabaptiste fondée en Suisse allemande au 16è. Ils refusent toute autre autorité que la Bible. Disséminés aux Etats-Unis, Mexique, Brésil, Uruguay, Paraguay, ces gens vivent entre eux, à l’écart des routes principales, mais leurs terres sont particulièrement bien entretenues, (ce qui tranche avec les parcelles Boliviennes). Ils sont facilement reconnaissables, plutôt blonds, les hommes portant salopette, chemise à carreaux et casquette américaine ou chapeau, les femmes, en général, des robes bleu- marine, mi-mollets, et chapeau de paille (style début 20è). Ils se déplacent en carriole à cheval chez eux, mais ont le droit de conduire des tracteurs. Par contre, ils se font conduire en ville. Impossible de pénétrer leurs communautés bien cachées sur leurs immenses exploitations prises sur la jungle.
Sur ce trajet, petit à petit, la forêt vierge gagne du terrain, et nous apercevons au loin les contreforts de la Cordillère, et des quantités d’agrumes en bordure de route. La région regorge de fruits.
C’est dans le village de Buena Vista, que nous faisons halte pour nous ressourcer.
Particulièrement bien entretenu, rues pavées, dédié au tourisme de pleine nature, ce petit bourg ne ressemble pas aux autres villages… sauf pour les échoppes !
Laissant notre camping-car dans un jardin privé, nous partons 2 jours faire un trek dans le Parc d’Amboro. Le 4X4 qui nous conduit à 1h1/2 de là traverse gués et ornières de boue profondes, et nous laisse dans un campement installé dans une clairière. Le camping-car n’aurait jamais pu passer par ces pistes impossibles !
A » La Chonta « , pas d’électricité, (ce qui veut dire bougie dès 18h pour diner et se coucher), mais une cabane ouverte sur la forêt à quelques mètres, pour y passer la nuit…avec de gros cafards noirs !!!
Nous marchons 2 jours de suite, seuls avec un guide, dans la selva aux multiples plantes, que nous retrouvons dans nos jardineries. La flore y est vraiment variée.
Quant à la faune, farouche, nous n’en voyons que quelques éléments : singes, fourmis guerrières dangereuses, » sérénés « , oiseaux gros comme des coqs, papillons, colibris, mais…aucun caïman, et presque aucun moustique non plus, par chance car c’est l’hiver (il ne fait pas trop chaud). Oui, mais des tiques…!
Nous découvrons des traces très fraîches de puma et de gros tapir sur le sable mouillé du Rio que nous remontons…mais pas l’animal !
Un vent fort en bourrasques fait tomber de temps en temps des arbres dans la forêt et le guide nous arrête souvent pour écouter les bruits. Ce serait trop bête de se prendre une grosse branche sur la tête !
Nous constatons que la nuit, les animaux ne se font pas entendre, sauf les grillons et notamment, un crapaud… » annonçant la pluie « …nous dit la charmante Bolivienne qui nous prépare les repas à base de manioc (petit déjeuner compris), et que l’on voit ici avec notre guide.
Cette petite halte désintoxiquante du corps et de l’esprit nous fait le plus grand bien, même si 7h d’affilé à crapahuter dans la jungle nous épuisent un peu le 1er jour, il est vrai.
De retour à Buena Vista, nous nous dirigeons vers » El Cafetal « , pour une nuit, hôtel de la plantation de café.
C’est un très bel endroit isolé, avec une jolie vue sur la lointaine Cordillère ; nous sommes les seuls clients, garés sur la pelouse bien verte : le luxe !
Après la visite rapide de la plantation – il n’y a personne puisque c’est dimanche – le propriétaire nous prépare un excellent café dont 90 % de la production sont exportés surtout en Hollande.
Le temps lourd est à l’orage et après cette belle » coupure « , nous reprenons notre parcours semi-amazonien.
Comme nous l’avions vu au Bénin lors de notre voyage en Afrique noire,des Boliviens vendent ici aussi de l’essence en bouteilles sur le bord de la route, portable à la main, histoire de faire passer le temps.
D’ailleurs, ça aurait pu être l’Afrique..
…mais pas tout à fait..
..malgré les plantations de bananiers.
Le crapaud avait chanté… en effet, nous rencontrons la pluie tropicale forte et ininterrompue un soir à Chimoré plus loin en Amazonie, sur la route 4 en direction de Cochabamba…et le voyant de l’injecteur est toujours…ROUGE ! C’est pourquoi Bruno roule de plus en plus lentement, réduisant sa vitesse à 20km/h ! Inutile de préciser notre peur de tomber en panne en bordure de la forêt vierge peu sûre (plantations cachées de coca et donc trafiquants pour lesquels nous avons été mis en garde).
En outre, ce temps pluvieux et brumeux nous empêche de profiter pleinement de cette région surtout lorsque la route commence à grimper. Nous longeons davantage de bananeraies, de maisons en bois sur pilotis, traversons des rios gorgés de boue.
Ambiance amazonienne garantie et petits commerces de fruits tout le long de la route.
Peu à peu nous grimpons sans fin, mais sûrement, et la forêt embrumée est remplacée par…des sapins !
et des eucalyptus, puis …par des collines dénudées, en patchwork de cultures diverses (céréales, pommes de terre…).
Nous retrouvons la Bolivie andine à Colomi, sur » 3 pattes » comme dit Bruno (3 injecteurs au lieu de 4), ne sachant si nous arriverons à passer le dernier col (3706 m).
Pourtant, nous y parvenons malgré les poids lourds qu’il faut parfois doubler (à 20km/h!), et retrouvons enfin le soleil pour la jolie descente sur Cochabamba entourée de montagnes.